Archives de catégorie : Confiance en soi

Je ne m’aimais pas !

Marie me raconte ce moment difficile qu’elle vient de vivre : dans un moment de méditation, elle se voit entrer dans un couloir qui descend vers une sorte de cave.

Au début, elle voit au mur des photos de tout ce qu’elle fait dans sa vie personnelle et professionnelle pour « faire du bien aux autres » et vivre ses valeurs. Mais au fur et à mesure qu’elle descend dans ce couloir, il y a de moins en moins de photos et de plus en plus d’ombre… Puis plus du tout de photos et elle arrive en bas dans une obscurité qui la déstabilise et lui fait peur. Et Marie commente tristement : « tu vois, j’arrive au fond de moi, c’est enténébré, il n’y a rien, je ne suis rien… C’est pour cela que je ne m’aime pas. »

Pour ma part, j’entends autre chose : Marie se multiplie en actions et en relations bienveillantes, d’autant plus qu’elle ne s’aime pas elle-même… Comme pour se prouver qu’elle est quand même capable d’agir et de faire du bien autour d’elle, alors qu’elle ne « vaut » rien à ses propres yeux. Ses activités sont belles comme les photos du haut du couloir, mais elles masquent le vide intérieur de quelqu’un qui a été longtemps dévalorisée et qui ne s’aime pas elle-même, jusqu’à ne pas savoir qui elle est.

Alors je dis à Marie : « en arrivant au fond de toi, dans ce fond qui ressemblait à une cave noire et vide, tu as ressenti ton vide intérieur et tu t’es accusée d’être toi-même obscure et inexistante à tes propres yeux.

J’ai envie de te partager une autre lecture : à la surface, il y avait les photos colorées de tes actions, mais tu n’es pas restée en surface, dans les activités que tu fais et dans le personnage social que tu as composé … Pour la première fois peut-être, tu as osé descendre dans tes profondeurs enténébrées… Pour la première fois peut-être, tu es allée dans cet espace inconnu et profond où tu ne discernes rien encore, à tel point qu’il te paraît vide. Pour la première fois, tu oses aller « au cœur de toi » et regarder en face non plus ce que tu fais, mais ce que tu es. »

Marie est surprise et heureuse de ma lecture. Elle me dit : « alors oui, c’est la première fois que je vais « au cœur de moi », et peu importe si c’est vide, car je sais qu’il y a des gens qui m’aiment, et je sais aussi que le Dieu auquel je crois m’aime. Donc même si je ne suis rien, je suis aimée et cela doit me suffire. »

Dans cette remarque de Marie, je vois une fausse piste : « certes, Marie, il y a des personnes qui t’aiment, et le Dieu auquel tu crois est un Dieu d’amour… Oui tu es aimée ! Mais si tu es descendue au cœur de toi, ce n’est pas pour te raccrocher à l’amour des autres qui vient de l’extérieur. Si tu es descendue dans ton obscurité, c’est pour te découvrir toi-même et pour t’aimer toi-même ! »

« Oui, me dit Marie, mais en moi c’est tout noir, et c’est vide… il n’y a rien à aimer ! »

Je fais alors appel à l’expérience de la nuit que nous avons tous : « quand tu vas dans un lieu obscur, tu ne vois rien, tu as peut-être un peu peur, tu n’as plus rien à dire ni à décrire, et le silence remplace tes paroles… Mais si tu restes dans le noir un moment en étant attentive, les yeux et les oreilles ouverts, petit-à-petit tes yeux vont s’habituer à l’obscurité et discerner des ombres, des formes, peut-être même une toute petite source de lumière…

Tes oreilles vont entendre le moindre petit bruit, tes joues vont ressentir un souffle, tes narines vont sentir l’humidité ou la sécheresse et la moindre petite odeur… Tes mains vont explorer les murs ou les objets que tu ne vois pas encore, tes pieds vont ressentir la moindre aspérité du sol. »

« Si tu restes là à écouter, à ressentir, à accueillir, tous tes sens vont découvrir que cet espace que tu croyais vide est habité, que cette obscurité te laisse voir des formes, un espace… »

Marie n’est plus dans la peur de l’obscurité ni dans la tristesse du vide. Elle me dit : « C’est la première fois que je vais au cœur de moi, et la pipelette que je suis n’a plus rien à dire… Dans ce silence, il me reste à écouter, à ouvrir les yeux, à accueillir… Cet espace que je croyais vide, je veux le découvrir et l’habiter…

Je veux l’aménager, avec mes goûts à moi. Je ne veux pas y afficher les actions que je fais pour les autres, ni même l’amour que les autres me portent… Je veux y peindre les couleurs de mon cœur et de mon âme, je veux y être ce que je suis. »

Marie vient de se rencontrer elle-même. Elle ne voit pas encore et il lui reste à découvrir ses couleurs et ses harmoniques, à s’apprivoiser avec des parts d’elle-même qu’elle va découvrir pas à pas. Marie peut enfin s’aimer elle-même.

Elle remontera bien vite vers la surface et retrouvera ses photos et toutes ses activités de personne engagée au cœur du monde. Mais elle sera transformée quand elle les retrouvera : car en remontant à la surface, elle gardera « au cœur de soi » tout ce qu’elle aura mis en lumière de ses propres profondeurs et des pépites de son être intérieur… Elle regardera le monde avec un autre regard car il se reflétera dans son monde intérieur.

Marie continuera sa vie d’avant, mais ses paroles et ses attitudes seront habitées de sa pépite intérieure. Elle reprendra la parole, mais sans se noyer dans les détails car elle aura acquis une juste distance qui lui permettra de suggérer plus que d’expliquer. Elle continuera ses activités, mais sans s’identifier à ses actions, car elle existera d’abord à travers ce qu’elle est et non à travers ce qu’elle fait… Elle retrouvera les personnes qui l’aiment et aussi son Dieu, mais dans la liberté et l’échange réciproques et non dans l’attente qu’ils viennent combler ses vides… Elle sera elle-même, au coeur du monde.

L’histoire de Marie n’est-elle pas aussi un peu celle de chacun de nous ?
N’hésite pas à la réécrire avec tes mots, tes ressentis, tes découvertes…
Et si tu es dans la descente enténébrée et vide, n’oublie pas que ta pépite y est cachée…

Alors dans ta vie, tu pourras transformer le titre de cet article comme Marie vient de le faire dans le dernier message qu’elle m’a adressé : «  J’ai découvert l’amour de moi ! »
« Je ne vois pas encore ce qu’il y a au cœur de moi, mais je sais que nous ne pouvons pas donner ce que nous n’avons pas. Alors, puisque je sais donner de l’amour autour de moi, cet amour doit être au fond de moi et c’est de l’amour que je vais découvrir en moi ! »

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
12 avril 2019. Ecrit et publié avec l’accord de « Marie »
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

En situation difficile,
commence par prendre soin de toi

En situation difficile,
nous nous laissons souvent emporter par la peur, par la colère, par l’agressivité…
Un imprévu désagréable, un reproche entendu, un désaccord exprimé…
et nous voici submergés par ces événements extérieurs qui envahissent tout notre espace. Nous risquons d’en rajouter en racontant à qui veut l’entendre
à quel point nous sommes victimes.
Et plus nous racontons, et plus nous faisons grossir l’avalanche…
Ou bien nous élargissons la plaie ouverte
et y versons l’acide de nos récriminations et de nos plaintes…

Si tu fais une randonnée en montagne et que tu te blesses contre un rocher,
vas-tu passer ton temps à récriminer contre ce rocher ?
Tu vas plutôt prendre soin de ta plaie, la désinfecter, la protéger, et reprendre ta marche.

De même, en situation difficile,
plutôt que de t’acharner sur l’événement ou la personne qui t’ont blessé,
commence par prendre soin de toi, par prendre soin de ce qui est touché en toi,
même si cela exige de différer momentanément le traitement du problème.

Il y a une manière très simple de prendre soin de toi en situation difficile :
elle consiste à t’appliquer à toi-même les 4 étapes de la Communication Non Violente.
On a parfois fait de ces quatre étapes une méthode ou une grille théorique.
Utilise-les plutôt comme 4 étapes d’un soin de bien-être.

Etape préliminaire : lâche l’autre, et occupe toi de toi !

Etape 1 : Prends soin non de ce que l’autre a fait, mais de ce que tu as perçu.
Remémore-toi ce que tu as vu et entendu.
Peut-être n’as-tu pas tout vu, mais seulement une image, un regard qui t’a choqué…
Peut-être n’as-tu pas tout entendu, mais peut-être un mot, une phrase qui t’a blessé…
Cette image, ce regard, ces mots, tu les as pris pour toi, tu les as laissés entrer en toi,
alors qu’ils appartenaient aux événements et aux personnes qui les ont exprimés.
rends-leur la responsabilité de leurs expressions,
sans agressivité, simplement pour t’en dégager et t’en libérer…

Etape 2 : accueille ce que tu ressens
comme sensations, comme ressentis, comme sentiments…
De la peur, de la colère, de la peine, du rejet… ?
D’habitude tu transformes ces ressentis en reproches ou en jugements
en accusant l’autre d’en être la cause.
Mais un autre que toi aurais ressenti autre chose devant les mêmes événements.
Ces ressentis ne parlent que de toi, de ce que ça te fait,
et les événements n’en sont que les déclencheurs.
Ecoute donc en toi…
Derrière cette peur, il y a quelque chose de précieux que tu veux protéger…
Derrière ta colère, il y a tes limites de l’insupportable et tes valeurs…
Derrière la peine et la déception, il y a des espoirs à réaliser…
Derrière le rejet, il y a ton besoin légitime d’être aimé…
Derrière tous ces ressentis douloureux,
cherche la pépite précieuse, l’amour, l’espoir… et le meilleur de toi !

Etape 3 : accueille tes besoins.
En accueillant tes ressentis,
tu es déjà sur le chemin de la prise en compte de tes besoins à satisfaire.
Nomme-les ces besoins :
repos, respiration, sérénité, protection…
relations authentiques, solidarité, confiance en l’autre, amitié, amour…
estime, valorisation, confiance en soi…
épanouissement, bien-être, réussite, réalisation de toi…
Ces besoins sont les tiens, toi seul est responsable de les satisfaire.
Si tu attends toujours de l’autre qu’il satisfasse tes besoins,
tu te soumets à lui ou tu le soumets à toi,
et tu vis dans la dépendance en lui remettant les clefs de ton bien-être.

Voilà, tu as pris soin de toi.
Tu as relu les événements et tu as peut-être élargi le champ de ta perception
en découvrant des éléments que tu n’avais vu au premier regard…
Tu as accueilli et canalisé tes ressentis
en découvrant ce qu’ils exprimaient de précieux en toi…
Tu as repris en main la satisfaction de tes besoins
et la responsabilité de ton bien-être…
Déjà tu te sens mieux, calmé, détendu,
fatigué peut-être d’avoir lâché la pression, d’avoir lâché-prise…
Tu pourras alors dans quelques moments passer à l’étape suivante.

Etape 4 : tu peux donc maintenant retourner vers le monde et la vie quotidienne :
l’événement douloureux n’est plus l’arbre qui cache la forêt,
et tu sors de cette épreuve renforcé pour mieux affronter les suivants…
Tu peux aussi maintenant retourner vers l’autre et prendre soin de la relation.
Tu peux écouter et accueillir sa perception et ses ressentis différents des tiens…
entendre ses besoins sans te sentir obligé de les satisfaire…
Et vous pouvez ensemble maintenant chercher des solutions à votre différend.
Il s’agit de demandes à exprimer pour la satisfactions de vos besoins,
de propositions à élaborer ensemble pour reprendre la relation ou la collaboration,
de limites à exprimer, voire de refus à nommer sans agression pour restaurer la sécurité…
Autant d’éléments d’une négociation qui permettent de trouver une nouvelle dynamique.

On nous a parfois fait croire que c’était de l’égoïsme de prendre soin de soi !
Je ne parle pas bien sûr de l’enfermement sur soi qui relègue et rejette…
Bien au contraire, prendre soin de soi est la condition sine qua non
de la qualité de notre présence au monde,
et de l’établissement de relations authentiques et durablement sereines.

En situation difficile, commence toujours par prendre soin de toi !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
Ecrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

Ose être toi-même

Chantal disait l’autre jour :
«  J’ai voulu correspondre à ce que les autres attendaient de moi.
Et je me suis effacée, et je me suis perdue… »

La tristesse l’accompagnait, et la lumière s’était éteinte…
Tout était gris dans sa vie !

 

Tu es un visage unique dans le grand puzzle des humains…
Tu es une pièce unique dans le grand vitrail de l’humanité.
Chaque pièce a sa forme et sa couleur, chacune est unique…
A vouloir être comme tout le monde,
tu chercherais à rendre le vitrail symétrique et monocolore,
alors que la beauté du monde est dans sa diversité chatoyante…
Laisse ta lumière intérieure traverser toutes les fibres de ton être !
Ose être toi-même, pour enrichir le monde de ce que toi seul reflète…

Oser être soi-même… mais comment faire ?
D’abord m’accueillir, tel que je suis
sans rêver d’être autre…
M’accueillir avec tout ce qui résonne en moi…
M’accueillir et m’accepter tel quel…

Mais comment faire pour m’accueillir et m’accepter ?
D’abord, lâche la tête et toutes ses injonctions : « je devrais… il faudrait… »
Lâche la tête et tous ses jugements, sur toi et sur les autres,
et toutes les comparaisons toujours incongrues quand on est unique…

Ecoute tes ressentis, tes émotions, tes rêves, tes envies…
Eux seuls parlent de toi, du vrai toi…
Ne cherche pas trop vite quoi en faire ou comment faire…
D’abord écoute-les comme on écoute un concert polyphonique…
Regarde-les comme on contemple un tableau ou un paysage…
Et puis déguste-les comme on goûte un bon gâteau ou un vin précieux…
Si tu es habité de ces ressentis et de ces rêves, c’est que tu es capable d’en vivre !

Dans ce que tu vas accueillir,
peut-être y a-t-il aussi des blessures, des amertumes, des aigreurs,
et même une part de toi que tu exècres…

Alors que faire de tout cela que je n’aime pas en moi ?
Accueille tout cela aussi depuis le bord du rivage, sans y plonger ni t’y noyer !
Sans jugements ni lamentations, ni résolutions volontaristes.

Ces amertumes et ces aigreurs sont souvent l’inverse de ce que tu désires…
Cherche derrière ce que tu exècres les pépites enfouies ou emprisonnées
Cherche derrière les blessures des parts précieuses de toi,
atteintes par des événements de ton histoire,
à désinfecter et cicatriser.
Prends soin de toi :
désinfecte en mettant des mots sur tes maux, sans jugement,
simplement en exprimant ce que tu ressens, jusqu’à cicatriser.

Et puis ose vivre ce que tu es,
avec tes richesses et tes limites,
avec tes ressources et tes manques…
Il y aura toujours des gens pour te juger ou te freiner.
Mais en prenant soin de toi, et en développant la confiance en toi,
tu découvriras qu’il n’est pas nécessaire de te battre contre eux,
mais seulement d’être toi, sans chercher à les convaincre ni à leur plaire.
Tu découvriras même que ce qu’ils disent
ne parle que d’eux et ne t’atteint plus.

Plus tu seras toi-même, plus tu découvriras émerveillé
des regards attentifs, des cœurs aimants,
des relations saines où chacun pourra mêler sa lumière à la lumière de l’autre…

Car il n’est possible à personne
de créer des relations saines et constructives
sans commencer par être soi-même…

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
20 janvier 2019
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com
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Paroles semées en nous…

Des mots qui ne sont
ni des vérités ni des explications
Des paroles jaillies dans l’écoute cœur à cœur
de personnes en quête ou en souffrance…
Des paroles comme des semences à féconder
dans nos vies et dans nos cœurs…

Des mots qui ne prennent sens
qu’en entrant en résonance avec ce que tu es… 
Ne retiens pas tous ces mots…
Ne retiens que ceux qui résonnent en toi…

Et quand ces mots résonnent, ne retiens pas la phrase,
mais écoute ta résonance et ses harmoniques…
Dans cette résonance unique de ton être,
les mots deviennent Parole vivifiante…
Comme une source qui irrigue…


La douleur ne parle pas seulement de ta souffrance ni de la relation toxique ;
la douleur parle aussi de ce qui est beau en toi et qui est blessé…
Concentre-toi sur cette beauté qui t’habite :
tu trouveras les moyens de désinfecter et cicatriser tes plaies….


Ton ego réclame de comprendre… Un temps viendra où tu seras suffisamment à distance pour analyser et comprendre le passé. Aujourd’hui tu es trop « dedans » pour comprendre. Et la compréhension t’emmène souvent vers le jugement de toi-même, ce qui continue de te polluer et t’intoxiquer… Un seul chemin peut te permettre de sortir du mal-être : écoute tes émotions, déchiffre leurs messages, jusqu’à entendre résonner ton vrai besoin au fond de toi….


Tu envies parfois ceux qui apparaissent sûrs d’eux et qui ne doutent jamais…
Parce que toi qui doutes souvent, tu penses ne pas avoir confiance en toi. Eux sont tellement sûrs d’eux qu’ils pensent toujours avoir raison, parfois envers et contre tous…
Je fais l’hypothèse qu’ils ne sont pas sûrs d’eux,
mais qu’au contrainte ils ont peur d’un avis différent qui viendrait les fragiliser…
Alors que toi qui doutes, tu t’interroges, tu écoutes, tu cherches,
tu accueilles
des points de vue différents…
Et petit à petit,
dans cette ouverture sans certitude, mais aussi sans peur,
tu cherches la vérité…
La vérité ne se possède pas, elle se cherche…
Et la foi n’existerait pas sans le doute…


Quand on creuse en soi pour trouver sa pépite,
on remue toujours de la boue avant d’arriver au cœur !


Accueille ta tristesse avec tendresse,
accueille là comme tu accueilles ton enfant quand il est triste,
accueille ta tristesse à toi et console là avec ton désir de devenir toi-même…


Les trous d’air et les turbulences font partie du voyage :
elles n’empêchent pas l’avion d’arriver à bon port !


Ce que tu portes en toi, si tu ne le partages pas, ça te brûle !


L’important n’est pas que des personnes te manquent de respect,
L’important c’est que tu dises non à tous ceux qui te manquent de respect,
et que tu trouves ta source :
elle te dynamisera et te protégera de tous ceux qui veulent t’utiliser à leur seul profit…

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
30 août 2018 – Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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En toi est la source qui fissure tes carapaces

Lors d’un atelier de travail sur soi en groupe, Julien* dit qu’il ne sait plus trop où il en est ni même qui il est … Pourtant il évoque des contextes où il se sent vraiment bien : cet atelier où chacun peut s’exprimer librement sans crainte du jugement ; et aussi une association éducative, fondée sur des valeurs de respect de chacun, de développement de l’autonomie et de la solidarité… Le point commun de ces contextes bénéfiques, dit-il, c’est la bienveillance en acte. Et il ajoute : « Quand je suis dans ces contextes, je me sens très bien… mais dès que je rentre chez moi, ça ne va plus. Je suis perdu ! »

Julien, tu penses que tu dois rester sous perfusion de ces contextes pour te sentir bien… Mais cela signifie aussi que tu en es dépendant…
Aussitôt que tu t’en éloignes tu te confrontes à ton mal-être.

Ce qui est vrai pour Julien l’est aussi pour chacun de nous :
Si tu te sens si bien dans certains contextes,
c’est que cela fait résonner une valeur que tu portes en toi !
Ose plonger au fond de toi, va chercher tes ressources personnelles :
tu peux trouver en toi ce que tu cherchais à l’extérieur.
Tu n’es pas fait pour vivre sous perfusion,
mais pour te désaltérer à ta propre source !

Julien ajoute qu’il se bat pour changer.
Il se bat pour enlever des morceaux de sa carapace,
pour transformer ses manières abruptes de s’exprimer,
pour éradiquer tout ce qui perturbe son entourage…

Nous aussi, nous nous battons souvent contre ce qui nous empêche de vivre !
Et si tu arrêtais de te laisser obnubiler par tes obstacles et tes freins ?
Et si, au lieu de te battre pour briser ta carapace,
tu allais chercher les valeurs qui se cachent derrière cette carapace :
ton envie de vivre vrai, ton désir d’aimer dans le respect et la délicatesse,
tes ressources de bienveillance qui s’éveillent
quand tu en rencontres les harmoniques à l’extérieur…

Julien, ose croire en ces forces de vie qui sommeillent en toi !
Elles sont comme le poussin caché derrière sa coquille :
ce n’est pas en cassant la coquille qu’on fait grandir le poussin !
Tu es comme ce poussin :
en grandissant de l’intérieur tu vas briser la carapace qui te protégeait.

D’autres personnes évoquaient aussi ce soir-là nos fêlures : l’une y voyait des blessures,
l’autre disait que ce qu’elle ressentait jadis comme blessures,
était devenu aujourd’hui comme des ouvertures.
C’est dans les fissures d’un mur ou les fêlures de la lave
que sortent et grandissent des petites pousses fragiles :
la vie triomphe de ses carapaces !
La force fragile de la vie jaillit du cœur de soi, plus forte que tout,
jusqu’à fissurer nos carapaces… et laisser nos sources irriguer nos vies.

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
juin 2018 -(avec l’accord de Julien*)

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En souplesse

A l’Etang St Paul, à la Réunion,
une sorte de forêt en bord de mer, habituellement très paisible.
Après la grande tempête Fakir, partout des arbres déterrés,
et des branches arrachées qui jonchent le sol
ou restent suspendues entre ciel et terre.
la forêt est à genoux, dévastée.

Sauf dans la palmeraie : la plupart des palmiers sont debout,
quelques branches sèches ont été arrachées,
mais elles avaient fini leur vie
et la tempête a permis ce toilettage :
la palmeraie est debout avec encore plus de noblesse.

Debout les palmiers aux branches souples :
tordues par le vent, elles plient mais ne rompent pas.

Dévastés les arbres aux branches raides et rigides :
Incapable de se plier, elles cassent sous la tempête.

Et toi, comment es-tu ?
Souple comme le palmier,
tu résistes à la tempête en t’adaptant avec souplesse ?
Ou rigide et raide,
tu casses ou tu « te casses » ?

Face aux contrariétés de la vie,
nous avons souvent tendance à nous crisper, à nous cabrer,
et nous nous raidissons, croyant être ainsi plus forts.
Mais la vie devient un combat permanent,
nous ne vivons plus pour nos valeurs, mais contre tout ce et tous ceux qui nous agressent.
Nous sommes de plus en plus acariâtres, en lutte face aux événements et aux personnes,
et nous nous épuisons à nous raidir face aux vents contraires,
« cassés » jusqu’à l’agressivité, la somatisation, le burn out…

J’apprends la souplesse du palmier…
M’ancrer à l’intérieur de moi, dans la souplesse d’émotions fluctuantes
et la fragilité de mes manques et de mes besoins…
Trouver à l’intérieur de moi mes ressources, mes talents, mes limites,
écouter ce qui sonne juste, désinfecter ce qui est blessé…
En prenant soin de moi, je me suis assoupli,
et j’ai découvert à quel point la vie prend soin de moi.

Avant, un rien m’énervait…
depuis que j’ai cherché mes besoins qui se cachaient derrière ce qui m’énervait,

je suis moins influencé par les aléas de la vie…

J’apprends la souplesse du palmier…
Accueillir les événements comme ils viennent,
sans m’y précipiter tête baissée quand ils m’attirent,
sans me cabrer quand ils m’agressent.
Les recevoir comme un message porteur de sens…
Plutôt que de vouloir tout programmer et formater,
je choisis de m’adapter à la situation avec ce que je suis,
d’y apporter ma contribution, de m’en protéger si nécessaire.
Et je découvre au cœur de cette situation des opportunités inattendues.
Tous les changements de ma vie sont survenus quand, ayant lâché prise, 
j’ai su réagir en restant moi-même et en m’adaptant à la situation.

En 2006, j’avais acheté ma maison en Lorraine,
pensant m’installer dans la maison de mes rêves jusqu’à ma mort.

Je suis parti à la Réunion par hasard au lendemain de cet achat,
sans imaginer un instant que j’allais m’y installer 8 ans après,
sans le moindre regret…

J’apprends la souplesse du palmier…
Me poser dans la relation sans chercher à m’imposer,
sans peur de dire clairement ce que je pense et ce que je propose.
Renoncer au « tu » qui accuse et qui juge,
et choisir le « je » de mes ressentis et de mes limites.
Renoncer au silence des soumissions et des compromissions,
et choisir de pouvoir dire non quand c’est non et oui quand c’est oui.
Renoncer à convaincre pour avoir raison,
et choisir l’expression des points de vue différents pour s’ajuster.
Et passer de la guerre qui détruit au dialogue qui crée et qui construit.

Je suis un grand sensible, et ma sensibilité me conduisait à être agressif…
Je n’imaginais pas un instant qu’un travail sur moi effectué autour de la cinquantaine

allait faire grandir la confiance en moi et, automatiquement, faire baisser l’agressivité.

J’apprends la souplesse du palmier…
Partager avec mes amis et mes proches dans la simplicité et la sincérité
partager ensemble ce que je suis et de ce que nous sommes,
plutôt que de vouloir leur plaire ou prouver ma valeur.
Chercher chez les autres les ressources qui me manquent,
plutôt que jalouser celles et ceux qui ont d’autres talents que moi.
Oser être moi-même, dans le respect de l’autre,
m’affirmer tout en restant à l’écoute
et me protéger en laissant à l’autre la responsabilité de ses critiques.

Ma solitude me conduisait souvent
à attendre des autres plus que ce qu’ils pouvaient me donner.
Depuis que je suis allé chercher en moi ce qui me manquait,

je déguste des relations simples et gratuites où je reçois plus que je ne l’espérais.

Non, non ! Ne croyez pas que je suis arrivé au nirvana !
J’apprendrai jusqu’au dernier jour !
Comme tout être humain et comme vous
j’ai mes difficultés et mes souffrances,
mes pas en arrière et mes freins,
mes ornières et mes péchés mignons…
Mais ces ombres ne font que mettre en valeur la lumière
que je porte en moi, que vous portez en vous.
Et s’il me reste des raideurs, et s’il vous reste des raideurs,
elles peuvent s’assouplir, chaque fois que
nous nous accueillons nous-mêmes au cœur de la vie telle qu’elle vient.

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
14 mai 2018
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com
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VOS RÉACTIONS au livre « Au cœur de soi »

« AU CŒUR DE SOI » : Un livre comme un dialogue entre les photos de Patricia Lebon et les textes de Marc Thomas…

Mais aussi un dialogue entre lecteurs et avec les auteurs ! Vos réactions sont les bienvenues ! Envoyez-les par mail à l’adresse :
aucoeurdesoi777@gmail.com et nous les publierons ici !

Au plaisir de ce partage !      Patricia et Marc

Un slam de Florent : Home sweet home

Un commentaire de Marie, le 7 mai 2018 :
Bonjour ! je lis en ce moment votre livre, je viens juste de tourner une page de ma vie et combien, jour après jour,  je trouve les maux de mon passé à la lumière de vos mots, tout simplement, merci !

Un mail de Mirella , le 25 septembre 2019 :
Dans quelques jours,cela fera un mois que j’ai assisté à ta formation.
Une étape déclencheuse, motivante pour moi.
Je viens également de terminer ton bouquin »Au coeur de soi ».
Je me suis laissée le temps de le lire,l’apprécieret le vivre.
A travers tes mots,je me suis retrouvée et le terminant je me suis sentie heureuse.
Heureuse de savoir enfin que je suis ´normale’ je ne suis pas seule.
Qu’en chacun de nous existe une part de ténèbres et de lumière.
Que chacun de nous cache des blessures,des pépites à trouver.   Tes écrits m’ont fait ressentir un soulagement,
comme si quelqu’un m’expliquait ce que je ressentais et me comprenait.
Aujourd’hui j’essaie chaque jour de mettre en pratique :
comprendre mes sentiments y mettre des mots et j’y arrive quelques fois. Mon mari me dit que j’ai changé(en bien).
Une page s’est tourné et le livre de ma vie n’est pas terminé.
Je crois en moi, j’ai confiance en moi, j’y arriverai et c’est grâce à toi.
Tu as été pour moi ce « boost » que j’attendais pour me motiver stimuler..

 

On attend vos autres réactions, en textes, en images…

 

Deviens ce que tu es

Tout est en toi : comme un diamant enfoui dans la roche,
le diamant de ta pépite, unique et indestructible,
la roche de tes duretés et de tes raideurs…

Cherche derrière ta dureté, écoute-la :
comme la roche pour le diamant, elle protège ta pépite,
ton désir d’extraire la pépite va assouplir tes duretés…
Et deviens ce que tu es !

Tout est en toi : la lumière et les ténèbres,
cette part lumineuse qui fait ta joie et celle de tes proches,
et cette part sombre qui pourrait t’engloutir… 

Cherche derrière la part sombre, écoute-la :
elle n’est que l’envers de ta part lumineuse,
ce qui te désespère ne parle que de tes espoirs…
Et deviens ce que tu es !

Tout est en toi : l’audace et la peur,
l’audace qui te fait oser l’aventure d’une vie,
et la peur qui te paralyse ou génère ta violence…

Cherche derrière tes peurs, écoute-les :
elles disent ton désir de protéger ce qui est si précieux
et de réussir la réalisation de tes aspirations…
Et deviens ce que tu es !

Tout est en toi : la réussite et l’échec,
tes capacités qui te donnent l’élan et la fierté,
tes limites qui te freinent ou te désespèrent…

Cherche derrière tes freins, écoute-les :
tes limites peuvent devenir des forces de progrès,
et l’autre n’est plus rival mais complémentaire…
Et deviens ce que tu es !

Tout est en toi : l’indépendance et la dépendance,
ta volonté d’être libre et responsable
et ta douleur d’être abandonné, rejeté ou dominé…

Cherche derrière ce rejet ou cette soumission, écoute-les :
ta souffrance crie en silence ton désir d’être toi-même
et d’être respecté, accueilli, aimé…
Et deviens ce que tu es !

Tout est en toi : l’amour et la haine,
ton cœur qui prend soin avec délicatesse,
et ce même cœur blessé qui peut aussi blesser si fort…

 Cherche derrière tes blessures, écoute-les :
ta sensibilité est un joyau à canaliser,
un Amour  fort et fragile essaie de surgir…
Et deviens ce que tu es !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
28 février 2018

Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com
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Je suis trop SUSCEPTIBLE

LA PART SOMBRE D’UNE BELLE SENSIBILITÉ

Mes amis réunionnais me disent souvent : « Nous les créoles, nous sommes susceptibles »… J’ai souvent envie de leur répondre : il n’y a pas que les créoles qui sont susceptibles ! Mais peut-être ont-ils une sensibilité particulière : les cartésiens d’Europe du Nord ont privilégié la raison et sont souvent coupés de leurs émotions ; les créoles et les peuples du Sud réagissent peut-être prioritairement avec leur cœur… et la susceptibilité ne serait alors que la face sombre d’une belle sensibilité cordiale et affective…

Que signifie donc « susceptible » ? Vexé… Touché dans mon amour propre… Blessé de ne pas être respecté…

COMMENT TRAITER MA BLESSURE ?

Une personne susceptible va souffrir dès qu’une remarque désobligeante ou un reproche lui sont adressés.

Lorsque je suis blessé par une remarque ou un reproche, j’ai souvent tendance à critiquer, à lui en vouloir, à ressasser ses paroles, à les répéter en « ladi-lafé » autour de moi… Et plus je les répète, plus je les amplifie… comme une petite boule de neige devient une avalanche à force de tourner sur elle-même. A force de ressasser, j’agis comme une personne qui passerait son temps à tripoter sa plaie et à écarter les bords de sa blessure plutôt que de la désinfecter…

Comment faire pour être moins affecté ?

LAISSER A L’AUTRE CE QUI LUI APPARTIENT

D’abord distinguer ce qui appartient à l’autre et ce qui m’appartient : à l’autre ses reproches, ses mots, son regard… A moi ma blessure, ma souffrance, mes émotions… Distinguer, pour sortir de la confusion.

Le reproche, le jugement, l’attaque que l’autre me fait lui appartiennent et parlent d’abord de lui : s’il me reproche, c’est qu’il espérait quelque chose de moi qu’il n’a pas reçu… S’il me juge, c’est qu’il n’apprécie pas ou n’est pas d’accord… S’il m’attaque, c’est qu’il se sent en danger ou veut me soumettre à son bon plaisir… Tout ce qui est blessant là-dedans ne parle que de lui et de son propre malaise : pourquoi donc le prendrais-je pour moi ou sur moi ? L’erreur du susceptible est de prendre pour lui ce qui ne parle que de son agresseur.

M’ACCUEILLIR AVEC MA SENSIBILITÉ

Pourquoi donc est-ce si difficile de rendre à l’autre ses accusations ? Pourquoi suis-je si fort touché par les appréciations ou les jugements des autres ?

Je ne trouverai la réponse à cette question qu’en choisissant de lâcher mes récriminations sur l’autre, et de les transformer en regard bienveillant et lucide sur moi. En effet, ma susceptibilité ne parle que de moi. D’autres à ma place seraient restés indifférents, ou auraient réagit du tac au tac, ou auraient pris ça avec humour. Moi je suis blessé, cette blessure est la mienne et ne parle que de moi.

Alors pourquoi suis-je si blessé ? Ce n’est pas en m’accusant ou en culpabilisant que je trouverai la réponse, mais seulement en accueillant avec bienveillance mon ressenti et ma souffrance, en les écoutant, et en cherchant le message dont ils sont porteurs pour moi.

Estime de moi
Ma susceptibilité dit peut être que je n’ai pas une grande estime de moi…

Dans ce cas j’attends toujours l’avis et les encouragements des autres pour croire que je suis quelqu’un de bien et pour faire grandir une confiance en moi fragile…

Du coup leur silence ou leurs remarques désobligeantes viennent renforcer ma fragilité et appuient là où ça fait mal.

Traiter ma susceptibilité consistera à travailler sur moi pour faire grandir la confiance en moi, à aller chercher mes vraies « forces » de vie, cachées sous mes fragilités et mes blessures, à me protéger des personnes dont la proximité est toxique pour moi, à chercher des relations de bienveillance, de soutien et d’accompagnement…

Mal aimé
Ma susceptibilité dit peut-être que je me sens toujours ignoré, rejeté, jugé… et que j’ai sans cesse l’impression que personne ne m’aime…

Dans ce cas je n’attends même plus rien des autres, ou chaque fois que je rencontre les autres, je suis dans une méfiance permanente, me disant que je vais me sentir mal au milieu d’eux, que je ne trouverai pas ma place et  demandant ce qu’ils vont encore me reprocher…

Du coup chaque critique renforce mes plaintes d’être incompris : je tourne en rond dans ma tristesse, ma solitude, mes lamentations sur moi-même… et parfois ma jalousie envers les autres…

Traiter ma susceptibilité consistera  à me tourner vers moi-même et à m’écouter sans me juger : n’est-ce pas parce que je ne m’aime pas moi-même que j’ai l’impression que personne ne m’aime ? Il s’agira alors de porter sur moi un regard bienveillant, de ne pas me laisser envahir par les aspects négatifs, mais de chercher ce que mes blessures cachent comme pépites… Par exemple, derrière le sentiment d’être victime, il y a souvent un désir de liberté… Derrière le sentiment de rejet, un désir de créer des liens de confiance… Derrière la culpabilité, un désir de changer… Traiter ma susceptibilité consistera à couper le « saboteur » de moi-même qui voudrait me faire croire que rien ne sera jamais possible. Je pourrai alors consacrer mon énergie à déguster mes désirs, à prendre soin de mes désirs pour aller chercher leur réalisation, avec le soutien de personnes de confiance.

Survalorisation
Ma susceptibilité dit peut-être que je pense que je suis quelqu’un de bien…

Dans ce cas, j’attends que tout le monde reconnaisse mes qualités, mes compétences… J’ai un besoin exacerbé d’être reconnu et valorisé.

Du coup je ne supporte pas de ne pas être apprécié à ma juste valeur et je ressens du mépris pour celles et ceux qui me semblent incapable de reconnaître mes talents !

Traiter ma susceptibilité consistera alors à m’interroger : comment se fait-il que j’ai tant besoin de mettre en avant mes qualités et mes compétences ? Quel serait pour moi le risque à reconnaître des fragilités ou même des erreurs ? à reconnaître que je ne suis pas parfait et que j’ai encore une marge de progrès ? Si je suis conscient et satisfait de mes valeurs, comment se fait-il que j’ai tant besoin que les autres les reconnaissent et me félicitent ?

DU JUGEMENT AU PROJET

Il s’agit de passer de « susceptible » à « susceptible DE… »

 « Je suis susceptible » : c’est un jugement sur moi, où je m’identifie à ce que je juge : « je suis comme ça, je ne pourrai pas changer… » Comme si c’était mon identité d’être susceptible ! Stop à ce genre de jugement qui ne fait que rigidifier et pétrifier nos attitudes et nos comportements !

« Je suis susceptible DE… » : c’est un projet pour moi : susceptible d’évoluer, de changer, de réaliser les désirs cachés sous mes souffrances… Susceptible de traiter mes blessures, de les cicatriser, d’en faire le terreau de mes ressources… Susceptible de me protéger des relations toxiques et de repérer ou créer des relations de bienveillance… Osons croire en ces projets et en ces possibles qui vont donner de la souplesse à nos vies, à nos relations, et permettre la croissance de notre être profond !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
octobre 2017

Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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Apprivoiser ton loup

Connais-tu ton loup intérieur ? Celui qui te « mange » tant d’énergie, celui qui blesse ton moral, celui que tu essaie de faire taire ou de maîtriser… la plupart du temps sans réussite. Pire encore : depuis des années tu essaies de le combattre, et il ne te laisse jamais tranquille…

Ton loup : ce défaut qui te perturbe depuis si longtemps, cette addiction qui te fait honte, cet obstacle permanent qui t’empêche d’avancer, cette incapacité qui met à mal la confiance en toi, ce trait de caractère qui altère tes relations… Ton loup, cette part de toi qui t’empêche d’être toi-même et de mettre en œuvre les convictions et valeurs que tu portes… Ce loup intérieur, tu sais qu’il peut te faire sombrer…

Ton loup, mon loup, nos loups… Chacun de nous a le ou les siens, parfois comme un fil à la patte qui nous attache et nous tient prisonnier de nous-mêmes… Et pourtant que d’efforts avons-nous faits pour les combattre… Nous avons parfois faits des années de psychothérapies pour les maîtriser ou les éradiquer… et à la première occasion, nous les retrouvons sur notre route… Et nous finissons par consentir à la présence de ce loup, à l’image dégradée de nous-mêmes qu’il nous renvoie, à nous désespérer de jamais vivre les valeurs que nous portons dans une autre part de nous… Nous pensons alors que nous sommes nés comme ça, que nous sommes comme ça, et que nous n’y pouvons rien…

Mais si tu réfléchis bien, un homme désarmé n’a aucune chance s’il rencontre un loup : s’il se met à combattre le loup, l’homme désarmé est sûr de se faire croquer ! De même, si tu combats ton loup intérieur, tu es sûr de perdre, car tu t’engages dans un rapport de forces qui n’est pas à ta mesure !

Au Moyen Age, les habitants de la ville de Gubbio en Italie étaient terrorisés par un loup qui venait sans cesse croquer leurs brebis : les habitants se mobilisaient pour partir à l’attaque du loup,  et plusieurs d’entre eux se sont fait croquer eux aussi !
François d’Assise, passant par là, constata la terreur des habitants, et choisit une autre stratégie : il s’approcha désarmé du loup et chercha à l’apprivoiser en lui parlant avec douceur. La légende dit que le loup s’assit devant lui, posa sa patte sur la jambe de François comme s’il l’écoutait.

Cette histoire est peut-être une légende, mais elle porte en elle une profonde vérité :
si tu te bats contre ton loup, il va te croquer…
si tu l’apprivoises, il va te révéler ta pépite…

Et regarde tes combats contre ton loup : tes lamentations d’avant, ta honte et tes efforts pour en sortir ne cachaient-ils pas surtout un fantastique espoir de t’en libérer ? Espoir auquel tu n’osais pas croire parce que tes combats te menaient toujours à l’échec. Lâche le combat, apprivoise ton loup, c’est le chemin de l’espoir !

Une amie se battait depuis longtemps contre une posture de victime qui ne lui convenait pas. Je lui ai proposé de cesser de se battre, de chercher ce que cette posture de victime cachait ou protégeait… Elle a instantanément découvert l’amour qui l’emplissait… Aujourd’hui la victime est en train de se transformer en force de libération pour elle et pour celles et ceux qu’elle sent prisonniers d’eux-mêmes comme elle l’était.

Un homme me racontait comment il était depuis toujours traversé d’envies de violence et de punitions sur lui-même. Cessant de se battre contre ces pratiques qui lui faisaient honte, il chercha ce qui se cachait derrière cette honte et ces envies… et il découvrit la tendresse et la douceur dont il était capable pour les autres, et finalement pour lui-même…

Une jeune fille me disait récemment qu’elle a fait des études commerciales, mais qu’elle a refusé tout emploi depuis un an, parce qu’elle s’est rendu compte que la dimension commerciale la conduisait à manipuler les gens pour leur faire acheter un produit dont ils n’ont pas forcément besoin. Cherchant ce qui se cache derrière cette manipulation qui la révolte maintenant, elle découvre que c’est sont goût pour la relation à l’autre qui l’a conduite à faire des études de commerce. Sa relation à l’autre, elle y tient, mais elle refuse la manipulation et souhaite se réorienter vers des activités sociales ou éducatives qui lui permettront d’être au service de l’autre et d’accompagner chacun vers la découverte de ses propres ressources.

Toi aussi, mets-toi à l’écoute de ton loup… sans justifier les égarements où il t’a conduit, mais aussi sans les juger… Apprivoise ton loup pour pouvoir écouter le message dont il est porteur.

Voici un indice pour passer du combat à l’apprivoisement : ton loup est souvent l’inverse de ta pépite. Ce que tu n’aimes pas en toi est souvent l’opposé de ce que tu aimerais devenir. Plutôt que de combattre ce que tu exècres, intéresse-toi à ce que serait son contraire. Ainsi tu vas apprivoiser ton loup pour y découvrir la pépite  qu’il cache ou qu’il protège. Remercie-le même de ce qu’il a pu protéger. Et laisse-le se détacher de toi progressivement..

Ton loup, si tu te bats contre lui, il va te croquer…
si tu l’apprivoises, il va te révéler ta pépite…

Et plutôt que de t’accuser de tes manquements et de tes fautes,
cherche donc derrière eux la lumière cachée et la vie prête à surgir !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
août 2017

Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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