Dans son entreprise, Murielle est chef d’équipe. Elle exerce un management coopératif et les relations avec l’équipe se passent bien.
Murielle a des chefs qui sont eux aussi coopératifs, prévenants avec elle et facilement accessibles. Mais dès qu’elle se présente devant tel ou tel de ces chefs, Murielle perd ses moyens et se sent écrasée.
Murielle raconte cela en formation, ajoutant qu’elle ne comprend pas son attitude. Elle ajoute : « Je suis vraiment ridicule de réagir comme cela avec des chefs sympas ! »
Je stoppe donc Murielle dans son jugement sur elle-même et je lui propose de chercher plutôt à comprendre : « Il y a des raisons pour lesquelles vous réagissez ainsi. Vous seule pouvez les trouver. » Rivée sur sa réaction devant ses chefs, Murielle ne trouve pas. Je l’invite alors à se demander si elle réagit de la même manière dans d’autres situations. « Oui, répond-elle, chaque fois que je me trouve devant quelqu’un de supérieur à moi. C’est comme si j’avais envie de disparaître sous terre. »
Un autre participant intervient pour l’encourager : « Mais non, Murielle, tu n’as pas à t’écraser comme ça devant l’autorité. » Je stoppe cette personne malgré sa gentillesse car Murielle ne pourra pas faire autrement tant qu’elle n’aura pas trouvé d’où vient sa manière de réagir.
Murielle cherche, silencieuse, puis son visage blêmit et se tend, des larmes coulent : « C’est ma maîtresse, à l’école maternelle : j’étais la seule élève du monde rural. Quand j’ai ouvert la bouche, la maîtresse a dit : de toutes façons tu ne peux dire que des bêtises, toi, la fille de paysan ». Silence, larmes, émotion… ouvrant une prise de conscience.
C’était ça la mine antipersonnel, enfouie depuis plus de 40 ans : elle venait affleurer et exploser à chaque pas de Murielle vers une autorité. Il a fallu qu’elle prenne le temps et les moyens de s’écouter elle-même, grâce à la formation, pour prendre conscience de la bombe d’origine qui lui explosait au visage chaque fois que la situation se reproduisait.
Murielle est revenue un mois plus tard terminer la formation. Elle nous a dit qu’elle avait été très fatiguée après cette prise de conscience, mais qu’elle avait dépassé la haine vis-à-vis de cette maîtresse. Et surtout, devant ses chefs d’aujourd’hui, elle se sentait déjà plus à l’aise, libérée.
Et vous, quelles sont vos mines anti-personnel ?
Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
octobre 2011