Archives de catégorie : Assertivité

Renoncer aux reproches et aux jugements

Dev-Hum-Couverture1Les reproches et les jugements pourrissent bien des relations. Les couples, les familles, les équipes de travail en savent quelque chose !

Souvent en situation de tension, chacun parle de l’autre pour le juger ou lui faire des reproches, ou pour le convaincre qu’il se trompe : ceci ne fait qu’amplifier la tension. Parfois, pour éviter les conséquences désastreuses de ces reproches et de ces jugements, nous préférons nous taire, accepter, nous soumettre… mais à quel prix ! Car le silence nous enferme dans les rancœurs et les blessures et détruit la relation à petit feu.

Il est pourtant simple de sortir des reproches et des jugements, à condition d’accepter de se rééduquer en s’entraînant à utiliser des outils relationnels accessibles à tous. Ils permettent de dénoncer les actes sans juger les personnes, de sortir du silence pour nous exprimer sincèrement, sans peur ni agressivité.

Le premier « outil » relationnel consiste à distinguer l’acte et la personne, dans deux directions :

  • porter mon regard vers l’autre: habituellement, je juge la personne… à cause ce qu’elle a fait ; je vais maintenant renoncer à juger la personne, mais pouvoir parler de qu’elle a fait : « tu ne fais jamais attention à moi » devient : « quand es rentré dans le bureau, tu ne m’as pas dit bonjour, et cela arrive souvent ». Ou encore : « tu es nul… » devient : « ton devoir vaut zéro car tu as fait 10 fautes ; pourtant je sais que tu es capable de faire mieux ».
  • porter mon regard vers moi pour distinguer les faits et ce que ça me fait; en effet, le reproche ou le jugement que j’adresse à l’autre ne vient pas d’abord de l’acte qu’il a posé, mais de son impact sur moi : selon les moments, les personnes et les circonstances, la même insulte peut me faire rire ou me blesser. L’acte ou l’insulte n’est que le déclencheur, ma réaction exprime la manière dont je le reçois : je peux réussir à me protéger en laissant à l’autre la responsabilité de ses actes et de ses paroles ; ou je les laisse entrer en moi et les prends pour moi… Ma réaction qui s’adresse à l’autre en terme de reproche ou de jugement ne parle que de moi, de mon ressenti, de ma blessure. Pour mettre en œuvre cet outil, je peux me retirer momentanément de la relation pour écouter ce que ça me fait sur le moment, ce que ça fait résonner en moi de vieilles blessures, et pour en prendre soin sans le projeter sur l’autre.

Le deuxième « outil » relationnel est la conséquence directe du précédent : il s’agit de renoncer à parler de l’autre pour parler des faits et pour oser parler de soi. Quitter les reproches et les jugements, c’est renoncer au « tu » qui accuse et qui juge l’autre pour choisir le « je » qui exprime ce que je vis. Par exemple, « tu m’as blessé » devient : « quand tu as dit ceci…, j’ai été blessé parce que cela a touché quelque chose de très sensible en moi » ; ou encore : « tu ne m’écoutes jamais » devient : « j’ai quelque chose à te dire, ça fait plusieurs fois que j’essaye de te parler mais je n’y arrive pas (ou éventuellement : je ne te sens pas disponible) et cela me perturbe ».

Cette invitation à parler de soi peut nous faire hésiter et faire réagir le partenaire : est-ce judicieux de se mettre en avant ? de parler de soi comme si on était le centre du monde ? de s’imposer à l’autre comme si nous possédions la vérité ? Or il ne s’agit pas du tout de cela. Parler en « je » n’a pas pour but de m’imposer à l’autre, mais d’exister dans la relation : non pas imposer un « moi je » qui voudrait avoir raison et qui mépriserait l’autre, mais sortir du silence ou du reproche pour exprimer ce que je vis, ce que je ressens, ce que j’attends… Il s’agit d’oser parler pour m’affirmer comme sujet et acteur et d’inviter l’autre à en faire autant. Comment s’y prendre pour parler de soi sans apparaître prétentieux ?

C’est ici qu’intervient le quatrième « outil » relationnel : il consiste à utiliser les quatre étapes d’une communication garantie sans violence (et donc sans reproche ni jugement), telle que l’a présentée Marshall Rosenberg : chacun peut énoncer sa perception des faits, dire ce que ça lui fait, exprimer ce dont il a besoin, et enfin négocier avec l’autre les diverses manières de satisfaire ces besoins. Par exemple : « quand tu as dit que j’étais nul, je me suis senti blessé, parce que j’avais besoin d’être soutenu-reconnu-valorisé…, et je te demande de me signaler mes erreurs sans me juger ni me rabaisser… Et toi, peux-tu me dire comment tu as vécu cette situation ? »

Dans ce type de langage, les erreurs peuvent être dénoncées de façon objective, mais il n’y a plus de place pour les reproches et les jugements subjectifs, car chacun peut parler à partir de ses ressentis et de ses besoins et écouter ceux de l’autre.

Voulez-vous essayer ? Prenez le temps de vous entraîner à utiliser chacun de ces outils. Essayez d’abord dans des situations pas trop difficiles et observez ce qui se passe dans la relation quand vous réussissez à remplacer les jugements par l’expression de vos ressentis et de vos besoins : vous allez rapidement vous sentir mieux, voir se développer une plus grande confiance en vous et même faire baisser la tension dans la relation. Observez aussi vos réactions quand l’autre vous juge ou vous reproche : grâce à ces « outils », vous allez découvrir que vous ne cherchez plus à vous défendre comme avant ; en effet, vous êtes moins touché car vous laissez à l’autre la responsabilité de ses reproches et de ses jugements qui ne parlent que de lui et de ses ressentis.

Une vie nouvelle s’offre à vous,
libérée et assainie de tout reproche, de tout jugement :
vous pouvez enfin être vous-même au milieu des autres !

Marc THOMAS, Consultant Formateur en Compétences relationnelles,
20 février 2016

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Devenir des Hommes nouveaux

Couverture2Non, l’année n’est pas nouvelle ! Ce n’est qu’une année de plus…
Comme les autres elle aura son lot de travail et d’investissement, de difficultés et de misères,  d’espoirs et de joies…
Comme les autres années, nos résolutions seront vite oubliées, nos fêtes de fin d’année laisseront place à la reprise de la vie quotidienne avec ses soucis, ses fatigues, ses réussites et ses échecs, ses  bonheurs et ses crises…
Comme les autres années, nous nous souhaiterons l’an prochain une année meilleure que celle-ci…
C’est parce que nous savons bien tout cela que les vœux échangés en cette période sont souvent si fades et si factices, et que beaucoup d’entre nous les vivent comme une corvée ou une démarche artificielle et sans sincérité.

Pourtant parfois, les vœux échangés sont affectueux, sincères et profonds : ils manifestent que nous prenons soin des autres et de nous-mêmes, en ces périodes de fêtes, mais bien au-delà pendant 365 jours..

Alors que disent-ils ces vœux sincères et féconds ? Que souhaitent-ils ? Ils ne souhaitent pas que l’année soit nouvelle et meilleure que la précédente ! Les vœux sincères souhaitent que chacun de nous puisse mettre du nouveau dans sa vie au fil des jours !

Mettre du nouveau dans nos vies… Chercher la nouveauté !

Je ne parle pas de la nouveauté des modes qui nous poussent à changer de look ou à acheter le matériel informatique dernier cri, pour être comme tout le monde, ou même pour être mieux que tout le monde… et pour faire faire des bénéfices aux commerçants ! Cette nouveauté là nous identifie à ce que nous avons et non à ce que nous sommes. Elle nous identifie à l’apparence extérieure que nous voulons donner aux autres et non à la source intérieure qui devrait rayonner du dedans

Je ne parle pas non plus de la nouveauté pour la nouveauté, celle qui nous transforme parfois en girouette changeante, au gré du premier souffle ou de la première influence. Cette nouveauté qui peut nous faire balayer le passé pour aller de déception en déception vers ce que nous croyons identifier comme un nouveau paradis… aussi vite perdu ! Cette nouveauté là est nourrie par une permanente insatisfaction : elle nous déstabilise car elle nous rend dépendants de nos attraits et de nos pulsions plutôt que de nous enraciner dans nos désirs et nos vrais besoins.

La vraie nouveauté est celle d’une vie « nouvelle » : il s’agit de mettre du nouveau dans nos vies… ou mieux encore : de laisser l’appel du neuf surgir du dedans de nous…

Avec moi-même, si je suis dans la routine, le découragement ou le « ras-le-bol », comment retrouver le désir et l’espoir que j’ai fait taire ou que les circonstances de la vie ont verrouillés ? Comment laisser surgir l’énergie qui me poussait jadis à vouloir créer du neuf ?

Je peux mettre du neuf si je quitte le registre des regrets et des plaintes pour choisir celui de la restauration et de la reconstruction : il s’agit de me remémorer ces désirs ou ces espoirs, de prendre le temps de les ré-entendre, de leur donner le droit de s’exprimer à nouveau avec une énergie renouvelée. Car ces désirs et ces espoirs sont souvent enfouis sous les poubelles non vidées de mes erreurs ou de mes épreuves, au point que je les crois  totalement disparus.

Pourtant nous avons tous faits l’expérience d’une rencontre, d’une réussite ou d’un imprévu qui tout-à-coup réveillait nos énergies et nos envies. De même, nos désirs et nos espoirs demeurent en chacun de nous quelles que soient nos blessures,  prêts à donner un souffle nouveau à mes projets, à mon travail, à mes relations, à mes espoirs… Je peux mettre du neuf si je choisis d’y croire envers et contre tout et d’y porter un peu d’attention. Comme un artiste restaure un tableau et fait resurgir le chatoiement initial des couleurs, je verrai resurgir mes désirs et mes espoirs avec leur force de renouvellement et de créativité…

Avec les autres, si je suis dans les tensions relationnelles en couple, en famille, au travail, dans la vie sociale, comment puis-je mettre du nouveau dans des situations souvent bloquées et mutuellement blessantes  ?

Je peux mettre du neuf dans mon comportement si je remplace les accusations de l’autre par une responsabilité partagée de la relation et de ses tensions ; si je remplace les reproches adressés à l’autre par une attention portée sur moi, sur mes ressentis et mes besoins ; si je choisis de quitter les « ruminations » et l’aigreur qui m’empoisonnent la vie pour les remplacer par des propositions de négociation constructive…

Dans l’épreuve, la déprime, la maladie, le deuil… Si je me sens incompris, abandonné, rejeté, méprisé… Si j’ai perdu confiance en moi… Comment mettre du nouveau alors que tout  semble s’effondrer autour de moi ?

Je peux mettre du neuf en quittant le registre de la victime et en choisissant de prendre soin de moi ; en cessant de me lamenter et de me juger moi-même, mais en osant croire que c’est en moi que sont les sources de ce qui me manque ! Pour trouver ces sources, il sera souvent nécessaire de cesser de me recroqueviller sur moi-même pensant que personne ne peut comprendre ce que je vis. Je remplacerai cet enfermement par un choix de parler de mes difficultés à une personne de confiance : non pas pour qu’elle me donne des solutions, mais pour qu’elle m’accompagne dans la recherche en moi-même des sources que j’ai laissé fuir : alors je pourrai canaliser ces sources de façon nouvelle, pour que ces sources qui me noyaient deviennent celles qui irriguent mes énergies de renouveau…

Dans l’enthousiasme et la réussite, la  créativité suscite la nouveauté et fait avancer vers des horizons parfois inconnus.

Cette nouveauté de la créativité peut nous donner des ailes, parfois nous inquiéter quand elle nous entraîne vers l’inconnu, ou encore nous isoler de celles et ceux qui ne marchent pas à notre rythme. Il nous suffira de nous rappeler que la créativité qui rénove et renouvelle n’est qu’une locomotive : elle n’a d’utilité et de sens que si elle est au service des wagons qu’elle a pour mission de faire avancer !

Alors… Plutôt que de se souhaiter un bon Nouvel An, je vous propose de nous souhaiter un bon Nouvel Homme !

Quelles nouveautés souhaitons-nous retrouver en nous ? Quelles nouveautés souhaitons-nous développer par nos attitudes et nos postures, nos travaux et nos amours ? Quelles ressources en nous souhaitons-nous déverrouiller pour faire de nous des femmes et des hommes renouvelés ?

Je vous propose de prendre du temps en ce mois de janvier pour laisser ce questionnement faire en vous son œuvre. Il ne s’agit pas de « mentaliser » ni de réfléchir avec la tête à ces questions : vous reviendriez vite aux lamentations et vous trouveriez vite que les écrivains sont tous les mêmes : ils écrivent des mots qui peuvent faire rêver, mais ce ne sont que des beaux mots impossibles à traduire dans votre réalité !

Quittez donc votre tête pour laisser ce questionnement résonner dans vos cœurs et dans vos tripes : écoutez ce que ces questions font résonner de vos ressentis, vos joies et vos peines ; prenez soin de ce qu’ils révèlent comme besoins, manques et insatisfactions… Puis laissez venir ce qui vient : des souvenirs, des rêves déçus, des espoirs que vous croyiez disparus….

Laissez passer tout cela sans vous y attacher, jusqu’à ce que viennent des envies nouvelles, des désirs, des projets peut-être… Cueillez-les et dégustez-les, même si vous pensez encore (c’est votre tête qui revient parasiter le travail) que c’est impossible et irréaliste…. Dégustez, laisser infuser et macérer…. Alors, dans quelques jours ou quelques semaines, les outils ou les opportunités de les réaliser viendront probablement de façon imprévue au moment où vous ne l’attendiez pas : car « quand l’élève est prêt, le maître se présente » dit un texte d’inspiration bouddhiste. Vous serez alors dans la nouveauté qui vous « re-suscite » !

EN NOUS  : des ressources à retrouver, à renouveler, à décaper, à rénover, à restaurer, à re-susciter

ENTRE NOUS : des relations à dé-tendre, à réparer, à renouer, à reconstruire, à tisser, à réconcilier

Je ne vous souhaite pas une bonne et heureuse année nouvelle !

Je vous souhaite de choisir de devenir des femmes et des hommes bons et heureux parce que vous aurez cru à la nouveauté qui attend de surgir en vous !

Marc THOMAS, Consultant Formateur en Compétences relationnelles,
1er janvier 2016

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La vie : un apprentissage permanent

‘Apprendre la vie’, ou ‘apprendre à vivre’, est une nécessité qui s’impose à chaque être humain sur notre planète terre. Le ‘savoir vivre’ n’est pas une qualité innée ; il s’apprend et il s’acquiert au long des années et des expériences vécues.

L’éducation est première dans cette découverte et dans la mise en œuvre de ce mode de vie qui anime et rend fructueuses et fraternelles les relations humaines. Ces relations sociales s’inscrivent dans des principes qui doivent être reconnus et acceptés : la liberté et la démocratie.

‘Réussir sa vie’ implique alors un apprentissage quotidien du ‘savoir vivre’. Pour ne pas tomber dans le piège d’une vie seulement instinctive comme celle des animaux, l’homme et la femme de bonne volonté choisissent de faire preuve d’intelligence dans leurs choix qui engagent leur ‘façon de vivre’ en société. Ce travail sur soi concerne tous les moments et tous les contextes de la vie que nous voulons pour nous-mêmes, pour nos familles, pour nos sociétés.

Dans la recherche légitime de la vie heureuse et paisible pour tous, de très nombreuses pistes s’ouvrent à ceux et celles qui ont à cœur cet objectif. En voici quelques unes qui nous interpellent chaque jour ; elles nous invitent à apprendre et à réapprendre, dans le but recherché obstinément d’un ‘mieux vivre ensemble’.

Apprendre et réapprendre :

  • Réfléchir objectivement avant les décisions qui ouvrent l’avenir meilleur
  • Se laisser guider par le bon sens vers l’intelligence de l’esprit et du cœur
  • Agir avec la conscience de la justice dans la vérité
  • Respecter l’autre différent dans les libertés individuelles
  • S’écouter pour mieux se connaître et mieux se comprendre,
    pour mieux s’accepter et mieux s’apprécier
  • Partager fraternellement en priorité avec les plus petits
  • Rechercher sans cesse le bien, le beau, le bon
  • Construire la vie sociale sur les bases d’une éducation exigeante
  • S’engager résolument en vue du bien commun
  • Favoriser l’épanouissement humain, psychologique et spirituel de chacun
  • S’entraider de façon efficace pour consolider le lien social
  • Donner le bon exemple à la jeunesse
  • Donner la primauté à l’amour qui fait le bonheur de vivre
  • Reconnaître humblement ses erreurs et vouloir changer
  • Affronter l’adversité avec courage et persévérance
  • Assumer la responsabilité de ses choix
  • Refuser le laisser-aller et le n’importe quoi
  • Refuser le mensonge et renoncer à dominer l’autre
  • Refuser la compromission avec le Mal, l’orgueil et l’égoïsme
  • Refuser la démagogie destructrice et malhonnête
  • Refuser la recherche insensée d’une consommation éphémère
  • Refuser la course effrénée vers le sexe ou l’argent

Cette liste reste ouverte à la ‘prise de conscience’ de celui qui veut faire régner le bonheur sur la terre. Le renouveau de la vie individuelle donne à la société la possibilité de progresser dans le bon sens. Il s’agit de construire ensemble une vie meilleure pour tous. Aux bonnes œuvres, citoyens !

ChristianPère Christian CHASSAGNE
Aumônerie Réunionnaise en Métropole
8 Avenue des Chardonnerets, 91600 SAVIGNY SUR ORGE
09.80.87.06.50 / 06.64.94.99.51 / coco1152@hotmail.fr

Oser parler

Couverture2Yvette* est retraitée et arrive à la formation en disant à mi voix : « Moi je viens seulement pour écouter ». De fait elle ne parle qu’à sa voisine bien connue. Dans l’après-midi, elle doit participer à un exercice où trois personnes reformulent ce qui vient d’être dit. Elle me fait signe qu’elle n’a rien à dire. Je lui dis : « Yvette, seulement un mot… » Elle hésite longuement, puis sort finalement deux phrases… et tous s’accordent à dire qu’elle a fait la reformulation la plus juste !

Le lendemain Yvette, toute heureuse, a apporté un repas à partager avec tout le monde. Elle s’exprime joyeusement dans les pauses, encore timidement dans le travail. Au moment de partir, elle vient me dire : « Merci car, depuis toujours, j’étais renfermée. Vous m’avez libérée ! » – « Yvette, c’est vous qui vous êtes libérée toute seule en osant dire. » Il fallait seulement un climat où Yvette serait sûre que personne ne la jugerait.

Claire*, jeune mère de famille, est éducatrice spécialisée. Elle a vécu des expériences traumatisantes dans l’emploi qu’elle a quitté : un sentiment d’exclusion, de rejet, de racisme… au point d’en être profondément meurtrie. Elle est très émue, puis aussitôt elle parle de sa famille qui est le trésor de sa vie. Elle s’accroche à ce trésor et retrouve alors des paroles d’espoir, elle trouve en elle le ressort pour rebondir ! Heureusement que personne ne lui a donné des paroles de consolation à bon compte !

Je la retrouve quelques jours après : elle est en attente d’une proposition d’embauche, mais elle dit qu’elle ne se reconnaît plus dans sa léthargie. Je lui demande alors ce qu’elle aimerait faire si elle avait vraiment le choix. Elle me parle de ses désirs, de sa capacité à accompagner des enfants, des familles en difficulté. Je lui confirme l’intérêt de son projet. Reconnue dans ses désirs, l’énergie revient d’elle-même, et elle commence à parler d’organismes qu’elle pourrait aller rencontrer pour proposer ses compétences. Le moteur s’est remis en marche parce son désir a pu être exprimé et entendu.

Sandra* est responsable d’équipe dans une collectivité. Au premier soir de la formation, elle me dit que la formation ne l’aide pas « parce je m’efface tout le temps pour faire plaisir à l’autre et pour ne pas blesser ». Elle ne voit pas comment s’en sortir. Nous pointons que ça parle d’une longue histoire. Je lui demande : « Pourquoi penses-tu que si tu t’affirmes sans agressivité, l’autre va nécessairement être blessé ?  Tu n’es pas venue sur cette terre pour faire plaisir à l’autre, mais pour donner le meilleur de toi-même : ainsi le plaisir sera partagé !»

La semaine suivante, Sandra a pu affirmer son point de vue sur sa place et sa mission devant son Chef de Service. Elle me raconte : « Avant la formation, je me serais effacée et n’aurais rien dit. C’est la première fois que j’ose dire et du coup, mon chef m’a demandé de quoi j’aurais besoin pour mieux remplir ma mission. »

Oser parler pour être soi, pour être libre, et ainsi construire des relations justes et constructives !                              

Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
Octobre 2012

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Changer nos réactions automatiques

Tu m’écris :
« Savoir tout ce qui m’a blessé dans mon histoire ne suffit pas,
pour changer de comportement… »

EXACT, le savoir ne suffit pas au changement !

« Je sais qu’il faut que je mette en pratique tout ce que je sais… »
FAUX : c’est une injonction volontariste
qui aurait déjà marché depuis longtemps si c’était la bonne solution !

« Je me rend compte que c’est un combat quotidien… »
FAUX : le combat n’est pas la solution

« car j’ai ‘des réflexes dans mon comportement’
qui sont plus forts que moi.. presque naturels…
 »
EXACT ET C’EST LA DESSUS QU’IL FAUT TRAVAILLER !

Travailler cela non pas à la force des poignets,
ni comme un combat, ni comme « il faut agir » et faire des efforts.

Tu changeras quand tu auras interrogé et travaillé ces réflexes eux-mêmes
contre lesquels ta volonté ne peut rien.
Ce sont comme des programmes informatiques
qui ont été écrits sur ta « carte mémoire » interne.

Ces programmes déclenchent inconsciemment
des réactions réflexes et automatiques…
Tu as beau te dire qu’il ne faut plus réagir comme ça,
ça ne peut pas marcher durablement,
même avec de la volonté et des efforts,
parce que ton fonctionnement intérieur automatique reste le même
et finit toujours par gagner sur ta volonté.

Il s’agit donc d’aller  chercher en toi ce programme,
de trouver qui l’a écrit : ce n’est pas toi, c’est ton éducation,
et ce que tu dis ci-dessus de ta famille est un début de prise de conscience.

Lorsque cette prise de conscience est faite,
et en évitant l’accusation des parents
ou du « système éducatif » qui t’a programmé,
tu vas pouvoir confronter deux programmes :

  • le programme écrit sans ton accord,
    et qui fait aujourd’hui tes réactions réflexes plus fortes que toi
  • un autre programme que tu vas écrire toi-même,
    pour être en accord avec tes valeurs et tes projets…

En faisant cette confrontation dans une démarche de travail sur toi,
tu vas déprogrammer le programme ancien et le reprogrammer…
Ce travail se fait en partie inconsciemment.

Et tu vas découvrir étonnée que des changements se réalisent,
sans effort, sans combat, sans mobilisation de ta volonté,
mais simplement par un fonctionnement « à l’endroit »
du programme qui fonctionnait « à l’envers »…

Bien à toi…
Marc                         Jaillissement130x81                                    mthomas@competences-relationnelles.com

Grandir de nos contradictions

Dev-Hum-Couverture1Souvent en nous, des sentiments contradictoires se mêlent. A tel point parfois que nous ne savons plus où nous en sommes… Par exemple des sentiments de colère, de tristesse, de déception… et des sentiments de soulagement et de liberté. Selon les moments de la journée, nous passons instantanément de l’un à l’autre, où nous nous sentons « tiraillés » de l’un à l’autre…

Qui d’entre nous n’est jamais en tension contradictoire entre des choix à faire, des décisions à prendre, des attractions et des répulsions vis-à-vis de la même personne… ?

Une personne m’écrit récemment qu’elle reconnaît en elle deux postures contradictoires : la difficulté à accorder sa confiance qui la fait fuir à chaque sollicitation, et en même temps sa volonté de faire plaisir qui fait d’elle une proie facile pas assez méfiante…

Une autre me dit qu’elle se sent libérée et sans manque suite à une rupture amoureuse, et en même temps qu’elle a peur, si elle revoit son « ex », d’être attirée et de retourner avec lui…

Faut-il lutter quand nous sommes affrontés à des tensions et contradictions intérieures ? Faut-il toujours que les sentiments reconnus nobles l’emportent sur ceux qui nous paraissent négatifs ? Faut-il que la libération l’emporte sur la colère ou que le soulagement vienne à bout de la tristesse et de la déception ? Quand nous sommes dans ces sentiments ou postures contradictoires, nous nous traitons facilement de « girouettes » qui changent d’avis au moindre souffle et nous nous jugeons

Un ami m’écrit que tous les soirs en se couchant, il est résolu à dire ce qu’il veut vraiment à un proche… et que tous les matins au réveil, il ne trouve pas les moyens ou l’énergie de prendre la parole… Et il se traite lui-même de « lavette »…

Lutter n’est pas la bonne solution. Croire que la libération est bonne et que la colère est mauvaise est une erreur. Croire qu’un choix est bon et l’autre mauvais est la meilleure manière de se tromper de décision. Car le monde n’est pas divisé en bien et mal, bon et mauvais… Il y a en chacun des énergies capables de nous faire avancer, il y a des moteurs dans les émotions négatives comme dans les émotions positives.

Derrière les plus gros nuages, il y a toujours le soleil. Derrière la colère, il y a la capacité à dire non à l’inacceptable. Derrière la tristesse d’une rupture, il y a la valeur de la confiance donnée et de l’amour partagé. Derrière la peur, il y a le désir de réussir. Derrière le choix de la séparation, il y a le besoin d’autonomie et de liberté et parfois aussi de protection. Ces énergies cohabitent. Nous en faisons l’expérience chaque fois que nous nous sentons tiraillés entre deux pôles, deux décisions, deux ressentis… car nous ne sommes pas faits « tout d’une pièce » !

Il n’y a pas à choisir entre les deux, mais à accueillir et écouter chacun de ces pôles. Comme une lampe électrique a besoin des deux pôles, la phase et le neutre, pour s’allumer… Ces deux pôles peuvent faire de la lumière ou du court-circuit, mais aucun des deux n’est mauvais, les deux sont nécessaires !

Accueille chacun de ces ressentis, fais droit à chacun et distingue l’un de l’autre, sans jugement ni culpabilité. Écoute ce que chacun de ces pôles contradictoires dit de toi, de tes aspirations et de tes refus, de tes blessures et de tes espoirs, de tes échecs et de tes réussites, et de ces valeurs différentes qui se croisent au cœur de ton être. Écoute ce que chacun veut de bon pour toi. Même ta colère qui te fait dire non veut du bon pour toi, car sans elle tu ne retrouverais pas ta liberté, ou tu accepterais l’insupportable… Si tu ne cherches pas ce que ta colère veut de bon pour toi, tu risques de transformer cette colère en violence sur toi ou sur l’autre !

Lorsque tu auras accueilli tes contradictions et écouté ce que chaque pôle veut de bon pour toi, tu pourras les faire dialoguer, les mettre en négociation, et tu découvriras que ce qui t’apparaissait comme contradictoire peut maintenant coopérer, comme la phase et le neutre de l’électricité. Tu ne seras plus tiraillé, mais tu y ressentiras une nouvelle unité intérieure, nourrie de la diversité de tes courants…

Il y a quelques temps, une personne me parlait de ses grandes blessures intérieures depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui. Après plusieurs rencontres où elle avait eu des discours très distanciés sur les évènements déclencheurs de ses blessures, elle a pu enfin exprimer ce qu’elle ressentait… jusqu’à une sensation douloureuse dans son ventre d’un grand tourbillon. Au quotidien, ce tourbillon la submerge, jusqu’à des colères destructrices. Elle venait de mettre des mots sur ses ressentis, de les écouter et de les exprimer, et son ventre se mettait aussi à parler en forme de tourbillon. Puis elle a mis ses mains sur son ventre, elle a pris ce tourbillon dans ses mains, plutôt que de se laisser prendre par lui. Elle fut toute étonnée de le ressentir aussitôt dans ses mains comme un filet d’eau qui caresse… Et quelques jours après, elle écrit : « Les choses s’apaisent et ça fait beaucoup de bien, même si c’est encore fragile. J’espère continuer … »

Marc THOMAS, Consultant Formateur en Compétences relationnelles,
13 août 2015

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Distinguer

Couverture2Les relations difficiles et conflictuelles entraînent souvent la confusion : tout se mélange, les reproches et les responsabilités se renvoient de l’un à l’autre, les accusations s’enchaînent en avalanche, les sentiments ressassés s’entremêlent… Tout est confus, plus rien n’est maîtrisé. Pour faire face à cette confusion des sentiments qui pollue et détruit la relation, il est nécessaire de distinguer…

Distinguer l’acte et la personne : ce n’est pas l’autre qui est méchant, c’est son acte que je ne supporte pas ; ce n’est pas l’élève qui est nul, c’est son devoir qui vaut zéro ou son comportement qui est inacceptable. Des professeurs ayant perçu l’importance de cette distinction se sont mis à dire à leurs élèves : « Ton devoir vaut zéro car il y a 10 fautes (l’acte), mais toi je te sais capable d’autre chose (la personne)». Et grâce à cette distinction qui pointe les erreurs, mais valorise les capacités de la personne, ils ont été surpris des discussions devenues possibles avec leurs élèves et de leur progression scolaire.

Distinguer ce qui est de moi et ce qui est de l’autre : « C’est toujours pareil avec toi : tu ne m’écoutes jamais ! » Voila la confusion des sentiments (sous-entendu : « puisque tu m’aimes tu dois m’écouter ! » Distinguer et affirmer mon légitime besoin d’être écouté et sa disponibilité à lui pourrait conduire à lui demander : « J’ai besoin que tu m’écoutes ; quand seras-tu disponible ? » Autre exemple : lorsque quelqu’un m’agresse, je découvre que son agression ne parle que de lui : il aurait pu me dire : « J’attendais quelque chose de toi, je ne l’ai pas reçu, j’ai mal… » Comme il ne sait pas dire cela (sur lequel on aurait pu discuter), il me juge et m’agresse avant même de m’en avoir expliqué les raisons.

Distinguer l’intention et l’impact : parfois je dis une parole qui me paraît anodine, et celui qui m’écoute se sent blessé par cette parole. Je n’avais pas l’intention de le blesser. En effet ce que je dis depuis mon contexte et dans mon histoire peut réveiller une vieille blessure dans son contexte et dans son histoire. Dans des discussions en situation de désaccord, il est nécessaire de bien préciser mon intention surtout si je perçois un impact inattendu ou une réaction démesurée chez l’autre.

Distinguer, séparer… Dans les récits judéo-chrétiens de création du monde, il est écrit que Dieu sépare pour créer : il sépare le ciel, la mer et la terre, le jour et la nuit, les animaux qui volent et ceux qui rampent… puis finalement l’homme et la femme. Ceux qui ont écrit cela ne savaient pas comment s’est passée la création du monde. Ils avaient juste compris qu’il faut se séparer pour exister (quitter le ventre, « s’individuer »). Quitter le fusionnel et la confusion… Se distinguer, et toujours distinguer… pour vivre… et pour entrer en relation !

Marc THOMAS – Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
avril 2012

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S’adapter

Couverture2La météo nous rappelle parfois que l’homme n’est pas le maître du monde : impossible de modifier les phénomènes météorologiques !

Dans un monde rural, nos (arrières) grands-parents vivaient au rythme de la nature : en la respectant, ils apprenaient à en tirer le meilleur.

Dans notre monde urbanisé et organisé sur la rapidité, voire l’immédiateté, nous sommes décontenancés lorsque la météo nous empêche de nous déplacer comme nous le souhaitons… Et à la braver, nous passons la nuit dans la voiture sur l’autoroute gelée ou nous sommes emportés par le radier que nous avons voulu franchir à tout prix !

S’adapter… quand la météo nous freine… quand Internet est en panne… quand l’autre ne répond pas à mes désirs… quand survient l’imprévu… A quoi sert alors de « râler », d’accuser, de dénoncer des coupables ? Ca ne sert qu’à faire grandir le stress et l’énervement !

S’adapter ne signifie pas subir et se soumettre, car la soumission est indigne de l’Homme. Et peut-être avez-vous fait cette expérience : nous nous adaptons d’autant plus facilement que nous avons confiance en nous et que nous savons affirmer nos besoins et nos désirs : affirmez-vous pour pouvoir vous adapter !

S’adapter signifie plutôt « faire avec » : mes désirs entrent en dialogue, voire en débat, avec le réel. Je négocie avec la réalité pour rester moi-même devant l’inattendu.

Bref, comme nos anciens, prendre la réalité telle qu’elle est, en respectant ce que nous ne pouvons changer… mais pour en tirer le meilleur !

Ceux qui s’adaptent dans la difficulté voient se développer des solidarités : les riverains portent du café aux automobilistes bloqués, des actions humanitaires se développent face aux catastrophes… Coluche ne s’est pas contenté d’accuser les responsables de la misère, il a créé les Resto du Cœur !

L’imprévu souvent nous choque, mais n’est-ce pas lui aussi qui transforme nos vies au moment où nous l’attendions le moins ?

La prochaine fois que vous serez dans un bouchon, adaptez-vous : qu’est-ce que ça change de vous énerver et de klaxonner ? Et si vous profitiez du bouchon pour prendre soin de vous : respirer, écouter la musique, réfléchir à vos projets… Ca change tout de s’adapter !

 Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
décembre 2010

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De la soumission à l’assertivité

Dev-Hum-Couverture1« La ZoneXtrême » : cette émission de télévision a testé notre degré de soumission à une autorité (ici la télévision) comme l’avait fait le scientifique Milgram dans les années 1960. Milgram avait conclu que 62,5% d’entre nous abdiquons tout libre arbitre dès lors que nous reconnaissons l’autorité de celui qui donne les ordres. L’expérience de ce mois de mars 2010 à la télévision démontre que 82 % d’entre nous peuvent prendre le risque de faire souffrir l’autre, voire de mettre sa vie en danger si une autorité le lui enjoint ! Au siècle dernier, cela a donné la Shoah !

Nous le savons tous : des enquêtes sociologiques ont prouvé que dans la société française, 10 % au moins des femmes sont victimes de violences conjugales, beaucoup se taisant, dans la soumission à leur conjoint.

Une salariée me décrivait cette semaine la pression dans son entreprise, de plus en plus forte, jusqu’à l’humiliation et au déplacement de secteur après un congé maladie. Cette salariée ajoutait que personne n’osait rien dire de peur de perdre son emploi.

Ces modes de soumission sont nourris par la peur, savamment entretenue par des « autorités » (les médias, le conjoint, l’entreprise et sa hiérarchie…) que nous reconnaissons comme légitimes. Ces autorités ne manquent pas une occasion de nous évoquer les risques que nous prendrions à leur résister. Pour nous en sortir, nous ne pouvons plus dire non, faisant resurgir des réflexes enfouis d’enfants sages à qui on a appris qu’il n’est pas bien de désobéir !

La soumission nous guette tous. Elle peut nous conduire à subir sans rien dire ou détruire le voisin. Elle est peut-être une des explications du développement du chacun pour soi dans la méfiance de l’autre.

Compétences relationnelles… Le développement de la solidarité d’abord, car seul nous ne pouvons résister aux pressions. « L’assertivité » ensuite, comme affirmation de soi sans orgueil et sans violence. Ces chemins  sont accessibles à chacun (et des « outils » existent) pour être soi au milieu des autres, sans soumission ni domination.

Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
mai 2010

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