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Des LAMENTATIONS au DÉSIR

Tu viens de m’écrire :
« Aujourd’hui je n’ai plus de force, de courage.
Je me retrouve à tout devoir recommencer et je n’en peux plus. 

 J’ai lu qu’on est responsable de ce qui nous arrive,
mais pourrais je un jour avoir une vie stable et heureuse ? » 

 

Tu arriveras à avoir une vie stable et heureuse
quand tu transformeras tes larmes, tes regrets et tes lamentations
en désir, en envie, en recherche active de ce qui te manque.

Comment faire ? Quand tu pleures,
accueille tes larmes et prends soin de toi, mais pas n’importe comment !

Tu ne prends pas soin de toi
quand tes larmes donnent naissance à des récriminations,
à de la rancœur, à des accusations sur l’autre ou sur toi !
En te lamentant, tu ne fais que jeter de l’huile sur le feu ou mettre de l’acide sur ta plaie…

Tu prends soin de toi
quand tu interroges tes larmes, ta tristesse ou ta colère et quand tu leur demandes :
« Qu’est-ce qui me manque vraiment ? De quoi j’ai envie ?
Qu’est-ce qui serait bon pour moi ? »

Prendre soin de toi quand tu es triste ou en colère
de la même manière que tu prends soin de tes amis quand tu les invites.
Tu te dis : « Qu’est-ce que je vais leur faire à manger ? Qu’est-ce qu’ils aiment ?
Qu’est-ce que je sais bien faire et que j’ai envie de leur faire goûter ? »

D’abord tu cherches ce qu’ils aiment, et tu exprimes tes envies et tes désirs…
Ensuite tu vas chercher les ingrédients nécessaires…
Puis tu les cuisines pour donner vie à ce que tu as désiré…

Toi aussi, quand tu pleures,
demande-toi ce que tu aimerais avoir, ce que tu aimerais être, ce que tu aimerais vivre.

Ensuite, vas chercher en toi et dans le monde les ingrédients de ton bonheur
pour les cuisiner à ta manière… et pouvoir goûter la vie !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
26 janvier 2019
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com
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Sortir de la DÉPENDANCE


Tu n’es plus dépendant

quand, en présence de l’autre,
tu restes en connexion avec toi même et ton être intérieur.
Et quand il t’est possible de dire oui ou non…

 

DISTINGUER

Tu vas te « dé-lier » de ta dépendance en distinguant
d’une part ce que l’autre fait et dit (constructif ou inacceptable)
et d’autre part CE QUE CA TE FAIT : les émotions et réactions que ça déclenche en toi.
Ce que l’autre dit ou fait ne parle que de lui.
Ce que ça te fait ne parle que de toi.
La dépendance commence dans la confusion entre les deux,
par exemple quand tu accuses l’autre : « tu m’as blessé… »
alors que tu pourrais lui dire : « quand tu as fait ça (c’est lui), j’ai été blessé (c’est moi) ! »

Par exemple, si tu es en colère contre l’autre,
tu te trompes en disant que ta colère est de sa faute.
Car ce qu’il a dit (inacceptable peut-être) n’est que le déclencheur.

Un autre à ta place s’en serait moqué, un autre serait parti,
toi tu es en colère : ta colère parle de toi, de ce qui est inacceptable pour toi,
et aussi du fait que tu n’as pas su te protéger devant l’autre…

Sans protection, tu as pris de plein fouet ce qu’il t’a dit.
Alors tu l’accuses d’être le coupable…
Tu ressasses en boucles ce qu’il t’a fait…
Tu veux lui faire comprendre et tu dis qu’il est fermé…
Ce faisant, tu te heurtes à une porte close que tu voudrais absolument ouvrir,
et tu te fais d’abord du mal à toi même,
comme si tu versais de l’acide sur ta propre plaie.

Mais si t’écoutes toi,
si tu nommes tes émotions et ce que ça te fait,
en ne parlant que de toi et pas de lui,
tu désinfectes ta plaie et ce qui a été blessé en toi.

C’est comme en randonnée quand tu te blesses contre un rocher…
Il ne sert à rien de t’énerver contre le rocher et d’aller lui taper dessus.
Tu vas au contraire nettoyer ta plaie, la désinfecter, mettre un pansement…
et c’est en prenant soin de ta blessure et non du rocher que tu vas cicatriser ta blessure…

Pour n’être plus dépendant, t’entraîner à distinguer :
ce que dit l’autre ne parle que de lui…
ta réaction ne parle que de toi…
Si tu ne supportes pas, retire-toi en disant non,
prends soin de toi plutôt que de régler tes comptes avec lui…
Et puis écoute ce qui t’a fait mal :
ça parle de quelque chose de sensible en toi, à traiter avec délicatesse…
Apprends ainsi progressivement à te protéger
et tu ne prendras plus de plein fouet la violence de l’autre…

CHERCHER EN TOI

Parfois, dans les relations amoureuses ou très proches,
quand vient la disparition de l’être cher,
nous pensons que nous ne serons plus jamais heureux sans lui…
Ce ressenti est particulièrement difficile à vivre en période de deuil,
mais aussi dans les ruptures,
quand nous nous rendons compte que nous vivions dans la dépendance affective…Comme si mon bonheur dépendait de l’autre disparu…
Son absence t’a plongé dans le manque et tu en as fait une dépendance…

Tu as été heureux avec elle ou avec lui… non pas à cause de lui…
Tu as été heureux parce que votre relation à correspondu à tes besoins et à tes valeurs.
Tu as été heureux parce que, avec elle ou lui,
tu as pu vivre ce que tu es au plus profond de toi,
tu as pu développer tes ressources personnelles…
La source de ton bonheur n’est pas en lui mais en toi :
dans ton besoin à toi qui te pousse à aller chercher satisfaction dans la relation…

Tu n’es pas fait pour vivre sous perfusion,
mais pour aller te désaltérer à ta propre source…
Et quand ta source se relie à une autre source,
vous créez une alliance et non une dépendance
La dépendance nous soumet à ce que l’autre nous apporte et assèche notre source.
L’alliance permet à chacun d’être soi-même dans la relation vivifiante à l’autre…

Si l’alliance est rompue,
tu traverses le deuil, et parfois la culpabilité, jusqu’à te retrouver toi-même :
tu peux puiser en toi de quoi réactiver ce bonheur
si tu prends soin de ton besoin et de tes valeurs
en t’ouvrant à la complémentarité de l’autre…

Voila quelques pistes… Il y en a peut-être d’autres pour sortir de la dépendance…
Prends soin de toi et de ta source !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
16 août 2018

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Tu peux te libérer de la souffrance

Je t’écoutais ce soir-là…
J’écoutais tes mots,
j’écoutais les manifestations
de ta souffrance extrême :
des larmes,
le ventre qui se noue de douleur,
des mots hachés…
Ainsi remontaient à la surfacedes violences subies, inacceptables…

 

Dans cette souffrance réactivée,
je percevais que la violence subie sortait de toi, comme un chemin de libération.
Je te l’ai dit. Mais tu ne pouvais pas encore y croire,
d’autant plus que tu avais honte de ne pas avoir pu dire non à ces violences subies…

Pourtant, le lendemain tu me disais être étonnée de ressentir de la sérénité
Et tu m’écrivais quelques jours après :

« La douce sérénité, que j’ai ressentie l’autre jour après notre soirée à discuter d’événements douloureux, n’est pas encore revenue…mais en travaillant sur moi, j’espère la retrouver, car cet état d’apaisement et de libération me donnait le sentiment d’être pleinement moi même. »

 Cette sérénité est venue confirmer
que ta douleur extrême de ce soir là n’était pas une nouvelle violence :
elle était le début d’une libération.

Tu étais en train de sortir de toi cette souffrance,
tu la « vomissais » pour t’en libérer.
Tu ne le savais pas sur le moment,
mais ton être intérieur le savait déjà…

La meilleure preuve de cette libération, c’est l’enchaînement immédiat :
la sérénité qui succède à l’intense douleur exprimée, puis comme tu l’écris :
« cet état d’apaisement et de libération
me donnait le sentiment d’être pleinement moi même. »

Cette expérience t’indique le chemin à poursuivre :
vider pour éliminer et libérer,
et automatiquement retrouver la sérénité sans même l’avoir cherchée…
Puis te sentir devenir enfin toi-même.

La sérénité reviendra chaque fois que tu poursuivras ce travail de libération,
jusqu’à s’installer durablement.

Tu sais maintenant par expérience que c’est possible ! A plusieurs conditions :

renoncer à accuser l’autre quand revient la souffrance…
dénoncer les méfaits de la relation, mais ne plus laisser ton esprit les ressasser…
« lâcher » l’autre, et la volonté de comprendre ou de se venger, si violent fut-il…

Et te tourner vers toi… et prendre soin de toi…
Accueillir les moments où tu crois régresser et revenir à la souffrance :
elle ne revient que parce qu’il y a encore quelque chose à vider
dans la dynamique de libération entreprise.

Vider l’insupportable et désinfecter tes blessures…
Accueillir et écouter tes émotions…
Chercher tes besoins et aspirations cachées derrière ces souffrances et ces émotions…
Chercher tes valeurs blessées derrière la honte…

Prendre soin de toi et devenir toi-même, dans la sérénité.

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
13 août 2018

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En toi est la source qui fissure tes carapaces

Lors d’un atelier de travail sur soi en groupe, Julien* dit qu’il ne sait plus trop où il en est ni même qui il est … Pourtant il évoque des contextes où il se sent vraiment bien : cet atelier où chacun peut s’exprimer librement sans crainte du jugement ; et aussi une association éducative, fondée sur des valeurs de respect de chacun, de développement de l’autonomie et de la solidarité… Le point commun de ces contextes bénéfiques, dit-il, c’est la bienveillance en acte. Et il ajoute : « Quand je suis dans ces contextes, je me sens très bien… mais dès que je rentre chez moi, ça ne va plus. Je suis perdu ! »

Julien, tu penses que tu dois rester sous perfusion de ces contextes pour te sentir bien… Mais cela signifie aussi que tu en es dépendant…
Aussitôt que tu t’en éloignes tu te confrontes à ton mal-être.

Ce qui est vrai pour Julien l’est aussi pour chacun de nous :
Si tu te sens si bien dans certains contextes,
c’est que cela fait résonner une valeur que tu portes en toi !
Ose plonger au fond de toi, va chercher tes ressources personnelles :
tu peux trouver en toi ce que tu cherchais à l’extérieur.
Tu n’es pas fait pour vivre sous perfusion,
mais pour te désaltérer à ta propre source !

Julien ajoute qu’il se bat pour changer.
Il se bat pour enlever des morceaux de sa carapace,
pour transformer ses manières abruptes de s’exprimer,
pour éradiquer tout ce qui perturbe son entourage…

Nous aussi, nous nous battons souvent contre ce qui nous empêche de vivre !
Et si tu arrêtais de te laisser obnubiler par tes obstacles et tes freins ?
Et si, au lieu de te battre pour briser ta carapace,
tu allais chercher les valeurs qui se cachent derrière cette carapace :
ton envie de vivre vrai, ton désir d’aimer dans le respect et la délicatesse,
tes ressources de bienveillance qui s’éveillent
quand tu en rencontres les harmoniques à l’extérieur…

Julien, ose croire en ces forces de vie qui sommeillent en toi !
Elles sont comme le poussin caché derrière sa coquille :
ce n’est pas en cassant la coquille qu’on fait grandir le poussin !
Tu es comme ce poussin :
en grandissant de l’intérieur tu vas briser la carapace qui te protégeait.

D’autres personnes évoquaient aussi ce soir-là nos fêlures : l’une y voyait des blessures,
l’autre disait que ce qu’elle ressentait jadis comme blessures,
était devenu aujourd’hui comme des ouvertures.
C’est dans les fissures d’un mur ou les fêlures de la lave
que sortent et grandissent des petites pousses fragiles :
la vie triomphe de ses carapaces !
La force fragile de la vie jaillit du cœur de soi, plus forte que tout,
jusqu’à fissurer nos carapaces… et laisser nos sources irriguer nos vies.

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
juin 2018 -(avec l’accord de Julien*)

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Je suis trop SUSCEPTIBLE

LA PART SOMBRE D’UNE BELLE SENSIBILITÉ

Mes amis réunionnais me disent souvent : « Nous les créoles, nous sommes susceptibles »… J’ai souvent envie de leur répondre : il n’y a pas que les créoles qui sont susceptibles ! Mais peut-être ont-ils une sensibilité particulière : les cartésiens d’Europe du Nord ont privilégié la raison et sont souvent coupés de leurs émotions ; les créoles et les peuples du Sud réagissent peut-être prioritairement avec leur cœur… et la susceptibilité ne serait alors que la face sombre d’une belle sensibilité cordiale et affective…

Que signifie donc « susceptible » ? Vexé… Touché dans mon amour propre… Blessé de ne pas être respecté…

COMMENT TRAITER MA BLESSURE ?

Une personne susceptible va souffrir dès qu’une remarque désobligeante ou un reproche lui sont adressés.

Lorsque je suis blessé par une remarque ou un reproche, j’ai souvent tendance à critiquer, à lui en vouloir, à ressasser ses paroles, à les répéter en « ladi-lafé » autour de moi… Et plus je les répète, plus je les amplifie… comme une petite boule de neige devient une avalanche à force de tourner sur elle-même. A force de ressasser, j’agis comme une personne qui passerait son temps à tripoter sa plaie et à écarter les bords de sa blessure plutôt que de la désinfecter…

Comment faire pour être moins affecté ?

LAISSER A L’AUTRE CE QUI LUI APPARTIENT

D’abord distinguer ce qui appartient à l’autre et ce qui m’appartient : à l’autre ses reproches, ses mots, son regard… A moi ma blessure, ma souffrance, mes émotions… Distinguer, pour sortir de la confusion.

Le reproche, le jugement, l’attaque que l’autre me fait lui appartiennent et parlent d’abord de lui : s’il me reproche, c’est qu’il espérait quelque chose de moi qu’il n’a pas reçu… S’il me juge, c’est qu’il n’apprécie pas ou n’est pas d’accord… S’il m’attaque, c’est qu’il se sent en danger ou veut me soumettre à son bon plaisir… Tout ce qui est blessant là-dedans ne parle que de lui et de son propre malaise : pourquoi donc le prendrais-je pour moi ou sur moi ? L’erreur du susceptible est de prendre pour lui ce qui ne parle que de son agresseur.

M’ACCUEILLIR AVEC MA SENSIBILITÉ

Pourquoi donc est-ce si difficile de rendre à l’autre ses accusations ? Pourquoi suis-je si fort touché par les appréciations ou les jugements des autres ?

Je ne trouverai la réponse à cette question qu’en choisissant de lâcher mes récriminations sur l’autre, et de les transformer en regard bienveillant et lucide sur moi. En effet, ma susceptibilité ne parle que de moi. D’autres à ma place seraient restés indifférents, ou auraient réagit du tac au tac, ou auraient pris ça avec humour. Moi je suis blessé, cette blessure est la mienne et ne parle que de moi.

Alors pourquoi suis-je si blessé ? Ce n’est pas en m’accusant ou en culpabilisant que je trouverai la réponse, mais seulement en accueillant avec bienveillance mon ressenti et ma souffrance, en les écoutant, et en cherchant le message dont ils sont porteurs pour moi.

Estime de moi
Ma susceptibilité dit peut être que je n’ai pas une grande estime de moi…

Dans ce cas j’attends toujours l’avis et les encouragements des autres pour croire que je suis quelqu’un de bien et pour faire grandir une confiance en moi fragile…

Du coup leur silence ou leurs remarques désobligeantes viennent renforcer ma fragilité et appuient là où ça fait mal.

Traiter ma susceptibilité consistera à travailler sur moi pour faire grandir la confiance en moi, à aller chercher mes vraies « forces » de vie, cachées sous mes fragilités et mes blessures, à me protéger des personnes dont la proximité est toxique pour moi, à chercher des relations de bienveillance, de soutien et d’accompagnement…

Mal aimé
Ma susceptibilité dit peut-être que je me sens toujours ignoré, rejeté, jugé… et que j’ai sans cesse l’impression que personne ne m’aime…

Dans ce cas je n’attends même plus rien des autres, ou chaque fois que je rencontre les autres, je suis dans une méfiance permanente, me disant que je vais me sentir mal au milieu d’eux, que je ne trouverai pas ma place et  demandant ce qu’ils vont encore me reprocher…

Du coup chaque critique renforce mes plaintes d’être incompris : je tourne en rond dans ma tristesse, ma solitude, mes lamentations sur moi-même… et parfois ma jalousie envers les autres…

Traiter ma susceptibilité consistera  à me tourner vers moi-même et à m’écouter sans me juger : n’est-ce pas parce que je ne m’aime pas moi-même que j’ai l’impression que personne ne m’aime ? Il s’agira alors de porter sur moi un regard bienveillant, de ne pas me laisser envahir par les aspects négatifs, mais de chercher ce que mes blessures cachent comme pépites… Par exemple, derrière le sentiment d’être victime, il y a souvent un désir de liberté… Derrière le sentiment de rejet, un désir de créer des liens de confiance… Derrière la culpabilité, un désir de changer… Traiter ma susceptibilité consistera à couper le « saboteur » de moi-même qui voudrait me faire croire que rien ne sera jamais possible. Je pourrai alors consacrer mon énergie à déguster mes désirs, à prendre soin de mes désirs pour aller chercher leur réalisation, avec le soutien de personnes de confiance.

Survalorisation
Ma susceptibilité dit peut-être que je pense que je suis quelqu’un de bien…

Dans ce cas, j’attends que tout le monde reconnaisse mes qualités, mes compétences… J’ai un besoin exacerbé d’être reconnu et valorisé.

Du coup je ne supporte pas de ne pas être apprécié à ma juste valeur et je ressens du mépris pour celles et ceux qui me semblent incapable de reconnaître mes talents !

Traiter ma susceptibilité consistera alors à m’interroger : comment se fait-il que j’ai tant besoin de mettre en avant mes qualités et mes compétences ? Quel serait pour moi le risque à reconnaître des fragilités ou même des erreurs ? à reconnaître que je ne suis pas parfait et que j’ai encore une marge de progrès ? Si je suis conscient et satisfait de mes valeurs, comment se fait-il que j’ai tant besoin que les autres les reconnaissent et me félicitent ?

DU JUGEMENT AU PROJET

Il s’agit de passer de « susceptible » à « susceptible DE… »

 « Je suis susceptible » : c’est un jugement sur moi, où je m’identifie à ce que je juge : « je suis comme ça, je ne pourrai pas changer… » Comme si c’était mon identité d’être susceptible ! Stop à ce genre de jugement qui ne fait que rigidifier et pétrifier nos attitudes et nos comportements !

« Je suis susceptible DE… » : c’est un projet pour moi : susceptible d’évoluer, de changer, de réaliser les désirs cachés sous mes souffrances… Susceptible de traiter mes blessures, de les cicatriser, d’en faire le terreau de mes ressources… Susceptible de me protéger des relations toxiques et de repérer ou créer des relations de bienveillance… Osons croire en ces projets et en ces possibles qui vont donner de la souplesse à nos vies, à nos relations, et permettre la croissance de notre être profond !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
octobre 2017

Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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Lire aussi :         Sortir des reproches pour entrer en dialogue
                             
Renoncer aux reproches et aux jugements
                              Tes émotions ne parlent que de toi

Quand nos affects nous empoisonnent…

Dans des relations de couple, en famille, dans les équipes de travail, les « affects » sont souvent des occasions de tensions relationnelles et de souffrance : « s’il regarde une autre femme que moi, je suis jalouse… Si ma femme ou mon mari rentre en retard, c’est qu’il ne fait pas attention à moi… Si mes enfants adultes n’ont pas les mêmes avis que moi, c’est qu’ils ne me respectent pas… Si mon chef ou mon collègue ne m’a pas transmis une information, c’est qu’il ne m’aime pas et qu’il veut m’éliminer… »…

Ces « affects » ne sont pas des ressentis, mais des ressentiments, c’est-à-dire des réactions émotionnelles qui interprètent et jugent un comportement de l’autre à partir de ce que ça me fait, et non à partir de ce que l’autre a réellement voulu faire. Ce sont des « ressentis-ment », des ressentis qui « mentent » : quelle que soit l’intention de l’autre et sans m’en préoccuper, je le juge parce que moi j’ai mal.

Ces affects-ressentiments sont du poison relationnel : ils détruisent à petit feu les relations interpersonnelles, les vies de couples, les coopérations d’équipe et leur efficacité, et finalement la motivation et la santé des personnes. Dans les contextes professionnels où ces affects négatifs pullulent, les congés maladie augmentent de façon significative, et la démotivation grandissante se traduit en inefficacité.

Un Directeur de CCAS disait récemment avoir organisé une formation à la Communication bienveillante et à l’affirmation de soi pour son équipe de professionnels. Résultats : 20% de congés maladie en moins, une plus grande motivation de ses personnels, une qualité et une efficacité du travail amélioré, et le plaisir à venir au travail en raison de la bonne ambiance dans l’équipe. Pourquoi se priver de cela en restant dans les récriminations ?

Ce travail sur la confiance en soi coupe le cercle vicieux des affects, en nous  permettant de prendre en compte mes ressentis et ce qu’ils disent de moi et non de l’autre !

La communication peut alors redevenir bienveillante, c’est-à-dire sereine et constructive, même en situation de désaccord. Parce que je distingue ce que je ressens et qui ne parle que de moi, et ce que l’autre fait : je peux alors écouter ce qu’il dit de lui et de ses actes, et je peux lui dire ce que ça me fait, sans confusion. Ainsi s’ouvre un espace de dialogue et de négociation où chacun se respecte lui-même et respecte l’autre.

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
mars 2017

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N’aie pas peur d’avoir peur… de l’autre

LA PEUR DE L’AUTRE…

Peur de la violence de l’autre, de son autoritarisme, de son imprévisibilité, de sa manipulation… Cette peur nous entraîne souvent à nous soumettre au bon vouloir de l’autre, à nous adapter à ce qu’il attend de nous au point de faire taire ce que nous sommes vraiment. Elle nous conduit à ne pas pouvoir dire non, à satisfaire les besoins de l’autre et bien souvent à nier nos propres besoins.

Certains se taisent et subissent, persuadés qu’ils paieraient cher toute résistance. Mais cette attitude risque au contraire de nourrir la violence de l’autre, prenant plaisir à écraser quelqu’un qui se laisse faire. Quant aux personnes autoritaires, regardez bien : elles ne sont pas autoritaires avec tout le monde et baissent souvent le ton devant celles et ceux qui savent dire non et résister sans violence. Se taire et subir risque de nourrir la domination de l’autre. En nous taisant et en acceptant, nous devenons même complices de la violence de l’autre. Les femmes qui subissent des violences conjugales dans le silence pendant des années savent que leur silence ne règle pas la violence. C’est seulement quand elles osent enfin parler qu’elles peuvent s’en sortir et mettre fin à la soumission.

Certains voudraient se « blinder », ne plus avoir peur… Mais ceux prennent cette posture se raidissent et deviennent souvent durs et violents… parce que derrière leur armure, la peur continue à bouillonner.  Il y a de rares cas où une armure est nécessaire : les policiers ne prennent le bouclier que lorsque la violence déborde, mais ils le déposent quand la vie quotidienne reprend son cours normal. Alors que bien souvent, même en période calme, nous n’arrivons plus à quitter les armures de méfiance, de jugements et de rancœur derrière lesquelles nouas cru devoir nous réfugier…

Se protéger vraiment, c’est s’ouvrir : s’ouvrir à des relations solidaires, et ouvrir les yeux sur une autre face de la réalité.

Se protéger par la solidarité : il n’est pas possible de faire face à la violence et à l’autoritarisme tout seul. C’est ensemble qu’on peut faire front. Pour résister au pouvoir oppresseur, Gandhi a rassemblé des foules qui ont su dire non et résister avec des pratiques sans violence. Dans les entreprises, le chacun-pour-soi est dévastateur ; quand les salariés sont solidaires et quand les syndicats et représentants du personnel défendent le droit du travail, le respect des personnes et la justice sociale progressent. Et la peur régresse…

Se protéger en changeant de regard sur les personnes violentes, autoritaires, manipulatrices. Nous croyons trop souvent que les violents sont forts et les autoritaires puissants. Et nous, nous sentons-nous puissants quand nous frappons nos conjoints ou nos enfants ou quand nous sommes autoritaires ? Non ! Nous devenons violents et autoritaires quand nous ne sommes à bout, quand nous ne supportons plus de ne pas obtenir ce que nous voulons. Un chef autoritaire qui refuse toute discussion est quelqu’un qui a peur de perdre son autorité s’il vous demande votre avis ! Et nous savons tous que l’autoritarisme développe les congés maladie et la résistance, et  qu’un chef respectueux et à l’écoute de ses salariés développe de la motivation et de l’efficacité !

Face à un chef autoritaire, nous pouvons utiliser une stratégie sans violence en deux mouvements : d’abord l’empathie et la reconnaissance qui peuvent le rassurer parce qu’elles lui montrent que je ne viens pas mettre en cause sa légitime autorité ; ensuite l’affirmation de soi qui exerce son droit à la parole tout en prenant en compte la peur du chef. Cette stratégie en deux temps pourrait s’exprimer de la manière suivante: « C’est vous le chef et à la fin c’est vous qui déciderez ; alors quel risque y a-t-il à ce que je vous partage mon point de vue ou mon avis ? ».

N’aie pas peur d’avoir peur !
Ta peur te protège et te rend fort, non par la violence, mais par le souffle intérieur !

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
2 avril 2016

Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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En toi est la source de ce qui te manque

Tu as beaucoup d’attentes vis-à-vis des autres. Tu voudrais qu’ils t’écoutent, qu’ils prennent soin de toi, qu’ils répondent à tes demandes, à tes exigences… Tu as souvent l’impression de donner beaucoup aux autres et de ne pas recevoir à la mesure de ce que tu donnes…

Je reviendrai plus bas sur ce que nous pouvons attendre des autres. Mais je veux seulement te rappeler ici que la satisfaction de nos besoins vitaux est toujours de notre responsabilité : c’est la conséquence de notre autonomie et de notre liberté. Et si tu attends tout de l’autre, tu transformes cet autre en « esclave » de tes besoins et de leur satisfaction.

C’est d’abord en toi qu’est la source de ce qui te manque…

Par exemple, si tu as besoin de repos, c’est ton corps et ton esprit qui expérimentent la fatigue, et personne ne peut se reposer à ta place ! Plus tu dis que c’est les autres qui t’empêchent de te reposer, et plus tu amplifies toi-même ta propre fatigue. Lorsque « trop c’est trop », c’est toi, et toi seul, qui a la responsabilité de dire « stop ». Dire que c’est la faute des autres n’est qu’une fausse excuse parce que tu n’as pas osé dire non ou tu n’as pas appris le dire autrement que par la rancœur ou la colère. Si tu as besoin de bien-être, il est de ta responsabilité d’en trouver les moyens : pourquoi remettrais-tu à l’autre les clefs de ton bien-être ?

Autre exemple : tu as besoin d’être reconnu… Ce besoin est légitime… Mais souvent tu attends de façon haletante que les autres te reconnaissent et te valorisent : tu es à l’affût de ce qu’ils vont dire, tu as un énorme besoin de leurs compliments, et tu es fort blessé si cette reconnaissance n’est pas exprimée… Cette réaction douloureuse est aussi le signe que ta propre confiance en toi est fragile… Le jour où tu es allé trouver en toi qui tu es et quelle est ta propre valeur, tu constates que les critiques des autres t’atteignent moins. Tu n’as plus besoin de leur reconnaissance pour aller bien, mais tu la reçois comme un cadeau gracieux et gratuit. Et même tes limites ou tes erreurs ne déclenchent plus ta peur d’être jugé, mais elles deviennent des occasions de complémentarité et de relation constructive.

Même ton désir très (trop) fort de rencontrer quelqu’un n’est pas d’abord un désir de l’autre, mais un besoin en toi… Ceci peut être très clair dans la tête et le mental, mais difficile à ressentir et à vivre dans la canalisation des affects et des manques…

Dans ton attente de vivre une rencontre amoureuse, deux mots très forts se sont imposés à toi : tu as besoin de respect (attentionné, présent, disponible …) et tu as besoin de tendresse (douceur, intimité, délicatesse…). Ces besoins, tu en attends légitimement la satisfaction dans une rencontre. Et pourtant ces besoins parlent d’abord de toi, de ce que tu es, de ce que tu sais apporter à ceux qui te sont proches… Tu sais te rendre disponible et te donner avec délicatesse, dans le respect de la démarche de l’autre… Tu sais donner cela aux autres… mais tu ne sais pas encore te le donner à toi-même…

Le chemin qui te reste à faire est de trouver en toi ce respect et cette tendresse qui t’habitent et dont tu as tant besoin pour toi-même…

Le respect passe par un accueil attentionné de ce qui résonne en toi : ce que tu ressens et ce que tu désires ; ta capacité à nommer et à prendre en compte tes valeurs propres, tes compétences et tes limites ; la confiance que tu t’accordes dans ta manière de percevoir la vie et de te situer au milieu des autres ; le choix de prendre soin de ta santé, de tes rythmes de vie, du minimum de confort dont tu as besoin pour être efficace…

La tendresse passe par une bienveillance envers toi-même, surtout quand tu es confronté à tes limites, à tes erreurs, à tes échecs. Une bienveillance qui proscrit tout jugement sur toi-même, qui analyse les raisons des échecs et te permet d’apprendre de tes erreurs. Une bienveillance et une tendresse qui te permettent de te rappeler que le soleil est toujours présent derrière les nuages, de fêter avec plaisir tes avancées, d’accueillir avec joie les cadeaux relationnels offerts dans les échanges chaleureux avec tes proches…

Quand tu pourras adhérer à cela en profondeur, tu trouveras tes propres mots pour l’exprimer et surtout, tu le ressentiras comme une grande émotion : tu toucheras alors à ton besoin et à la source de sa satisfaction en toi, et tu ressentiras quelque chose comme un élargissement, une sensation de profondeur… Tu constateras alors que tu es plus serein, moins affecté par les réactions des autres, moins impatient ou moins exigent vis-à-vis de ce que tu attends d’eux…

Certes, cela ne supprime pas le bonheur espéré d’une rencontre ou d’un partage, ni même la demande faite à l’autre de contribuer à la satisfaction de mes besoins. Cela ne supprime pas non plus tout manque ni toute impatience. Mais une sorte de « bascule » est alors en train de se faire qui va te permettre d’être moins « agressif » dans ton désir, de sortir de la rancœur et de la colère : tu auras cherché d’abord la source de leur satisfaction en toi. De ce fait, tu n’attendras plus de l’autre qu’il soit « aux ordres » de tes besoins, mais tu entreras en négociation ou en collaboration avec lui, dans une relation d’échange pour la satisfaction de tes besoins… et probablement aussi des siens par la même occasion !

Bien à toi…
Marc                         Jaillissement130x81                 mthomas@competences-relationnelles.comPDF1

« Vider » et « lâcher » plutôt que retenir

« Pour l’instant, j’ai encore trop de colère en moi, trop de ressentis que je n’arrive pas toujours à maîtriser… Cela m’épuise beaucoup psychologiquement… »

Pourquoi vouloir maîtriser ? Tu as encore de la réticence ou de la résistance à vider, à laisser sortir, à exprimer… « Vider » et tant que tu voudras « maîtriser ta colère et tes ressentis », tu ne pourras pas les vider.

Tu es épuisé parce que, par la volonté ou la peur, ou pour la bienséance,  bref à la force des poignets, tu retiens tout en toi, et tu te retiens ! Tu fais barrage à la « chasse d’eau » que ton être intérieur est en train de faire gonfler pour évacuer le bouchon derrière lequel tu t’es protégé face au danger, mais aussi tu t’es recroquevillé.

Ce qui remonte en surface, ce n’est pas de l’hyper sensibilité ! C’est ce qui crie en toi et que tu as fait taire trop longtemps. Si ça remonte si fort, c’est parce que ce qui crie en toi est prêt à sortir…

Si ça crie si fort en toi aujourd’hui, c’est que tu es prêt à l’écouter sans t’y noyer, à « lâcher » et à laisser entrer à sa place la sérénité et la reconstruction.

Il est temps de « vider », de « lâcher », si possible en te faisant accompagner de quelqu’un qui ne te donnera pas de conseil ni de directives, mais qui saura t’écouter et t’accueillir jusque dans ton cri et tes larmes, et qui pourra t’accompagner pour canaliser cette « vidange » jusqu’à y retrouver le soulagement, la libération et l’énergie du relèvement.

Bien à toi…
Marc                         Jaillissement130x81                                    mthomas@competences-relationnelles.com

Changer nos réactions automatiques

Tu m’écris :
« Savoir tout ce qui m’a blessé dans mon histoire ne suffit pas,
pour changer de comportement… »

EXACT, le savoir ne suffit pas au changement !

« Je sais qu’il faut que je mette en pratique tout ce que je sais… »
FAUX : c’est une injonction volontariste
qui aurait déjà marché depuis longtemps si c’était la bonne solution !

« Je me rend compte que c’est un combat quotidien… »
FAUX : le combat n’est pas la solution

« car j’ai ‘des réflexes dans mon comportement’
qui sont plus forts que moi.. presque naturels…
 »
EXACT ET C’EST LA DESSUS QU’IL FAUT TRAVAILLER !

Travailler cela non pas à la force des poignets,
ni comme un combat, ni comme « il faut agir » et faire des efforts.

Tu changeras quand tu auras interrogé et travaillé ces réflexes eux-mêmes
contre lesquels ta volonté ne peut rien.
Ce sont comme des programmes informatiques
qui ont été écrits sur ta « carte mémoire » interne.

Ces programmes déclenchent inconsciemment
des réactions réflexes et automatiques…
Tu as beau te dire qu’il ne faut plus réagir comme ça,
ça ne peut pas marcher durablement,
même avec de la volonté et des efforts,
parce que ton fonctionnement intérieur automatique reste le même
et finit toujours par gagner sur ta volonté.

Il s’agit donc d’aller  chercher en toi ce programme,
de trouver qui l’a écrit : ce n’est pas toi, c’est ton éducation,
et ce que tu dis ci-dessus de ta famille est un début de prise de conscience.

Lorsque cette prise de conscience est faite,
et en évitant l’accusation des parents
ou du « système éducatif » qui t’a programmé,
tu vas pouvoir confronter deux programmes :

  • le programme écrit sans ton accord,
    et qui fait aujourd’hui tes réactions réflexes plus fortes que toi
  • un autre programme que tu vas écrire toi-même,
    pour être en accord avec tes valeurs et tes projets…

En faisant cette confrontation dans une démarche de travail sur toi,
tu vas déprogrammer le programme ancien et le reprogrammer…
Ce travail se fait en partie inconsciemment.

Et tu vas découvrir étonnée que des changements se réalisent,
sans effort, sans combat, sans mobilisation de ta volonté,
mais simplement par un fonctionnement « à l’endroit »
du programme qui fonctionnait « à l’envers »…

Bien à toi…
Marc                         Jaillissement130x81                                    mthomas@competences-relationnelles.com