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N’aie pas peur d’avoir peur… des évènements

LA PEUR DES ÉVÉNEMENTS…

Un tremblement de terre, un cyclone qui approche… Le terrorisme à nos portes, les guerres… Un accident de voiture, un chien qui aboie, un passage dans un quartier peu éclairé la nuit… Ces peurs sont déclenchées par un danger réel ou par un sentiment d’insécurité.

Certains se disent : « Je ne devrais pas avoir peur ». Je pense à des militaires en guerre ou des policiers spécialisés en intervention antiterroriste. Nous imaginons facilement qu’il est nécessaire qu’ils n’aient pas peur pour affronter l’ennemi… Je lisais récemment une interview d’un Général commandant une armée en guerre ; il disait à peu près ceci : « Le jour où ils n’ont plus peur, ils se croient forts, ils baissent leur vigilance et c’est alors qu’ils deviennent vulnérables. Mes hommes ont peur, et cette peur les sauve car elle les maintient en alerte. » De même, si tu traverses une route sans faire attention, le klaxon ou le bruit des freins d’une voiture va te faire peur, mais cette peur te sauve la vie parce qu’elle te permet de réagir !

Les traces de ces peurs peuvent rester en nous comme des résurgences : même une fois le danger évité, le traumatisme laissé en nous va se réveiller à chaque nouvelle situation semblable. La seule solution pour traiter ces résurgences de la peur, c’est la parole… Nous savons tous que les victimes d’attentats ou de violence se voient proposer un accompagnement psychologique pour pouvoir « vider » le trop plein d’émotion qui risque de devenir traumatisme durable s’il n’est pas traité par la parole… Plutôt que d’avoir honte de nos peurs, osons les exprimer à des proches bienveillants : ils nous comprendront car eux aussi ont leurs propres peurs, et le fait de les exprimer nous permettra de les mettre à distance tout en restant vigilants.

N’aie pas peur d’avoir peur !
Ta peur est une alerte qui te rend vigilant et peut te sauver la vie.

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
2 avril 2016

Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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Des contes de Noël à vivre

Françoise était venue deux jours en formation professionnelle pour apprendre à développer une communication sereine et efficace dans un Service Public. Elle était peu intervenue pendant ces deux jours. Un mois après, je la retrouve avec son groupe pour une troisième journée où chacun partage ses expérimentations des outils de formation et les résonances dans sa vie professionnelle et personnelle .

Très vite, Françoise prend la parole : « Cette formation m’a beaucoup apporté au plan personnel. Avant je parlais peu et surtout, je disais toujours oui à tout le monde. J’ai compris à la formation que je n’étais pas bien comme ça, et que ça ne marchait pas comme ça. »

Et Françoise continue : « Depuis la formation, je me suis mise à parler de moi, à exprimer mes ressentis. Aussitôt, j’ai eu moins de stress et j’ai pris davantage confiance en moi. Maintenant j’ose dire, je suis moins maladroite, et les autres m’écoutent. » Et Françoise explique à ses collègues qu’elle disait toujours oui de peur d’être moquée ou rejetée. Elle exprime sa grande surprise : en osant dire ce qu’elle pense, non seulement elle n’est pas rejetée, mais elle attire l’intérêt des autres et elle se sent écoutée ! L’une de ses collègues confirme le beau changement de Françoise !

Et Françoise a cette superbe conclusion : « Il fallait juste que j’ose, que je me redresse… » Voila un vrai conte de Noël vécu en décembre dans le sud de la Réunion… et accessible à tous.

Dans une autre formation, Bénédicte parle de ses difficultés avec son fils qui passe des heures à jouer sur Internet. Elle raconte comment elle est sans arrêt « sur son dos » pour qu’il travaille, lui répétant sans cesse qu’il ne pourra pas réussir s’il continue. Et Bénédicte ajoute que ses remarques ne changent rien et ne font qu’ajouter de la tension dans la relation avec son fils. Elle dit ne plus savoir comment s’y prendre.

Percevant le mal-être de Bénédicte, je lui demande alors : « Bénédicte, de quoi as-tu besoin ? » Elle me répond : « J’ai besoin que mon fils se mette à travailler ! » Je lui dis : « Bénédicte, je te parlais de ton besoin à toi, et tu me réponds en parlant de ton fils ! De quoi as-tu besoin pour toi dans cette situation ? »

Les larmes viennent aux yeux de Bénédicte qui dit : « Je suis une mère célibataire, et ici  les mères célibataires sont souvent mal vues : on dit qu’elles ne seront pas capables d’élever leurs enfants… J’ai besoin de prouver à tout le monde que je peux aider mon enfant à réussir ! J’ai besoin d’être fière de lui et fière de moi !’

Bénédicte fait une pause, elle entre dans un silence où chacun des participants voit que quelque chose se passe en elle. Elle vient de formuler son besoin, elle l’entend et l’intègre intérieurement… Alors une porte s’ouvre en elle et elle ajoute : « Finalement, je faisais pression sur mon fils, non pas d’abord pour qu’il réussisse, mais parce que moi j’avais besoin de prouver que j’étais une bonne mère ! Je me servais de lui pour satisfaire mon propre besoin. »

Je demande à Bénédicte : « Ton besoin d’être une bonne mère, fière de toi devant ceux qui te dévalorisent, ce besoin est-il légitime ? » Elle hésite et répond timidement : « Ben… oui… ». Et le groupe et moi-même lui confirmons la légitimité de son besoin. A nouveau viennent des larmes, puis ces mots : « Ce soir je vais parler à mon fils. Je lui dirai mon amour pour lui . Je lui dirai que je suis fière de lui et que c’est difficile pour moi quand les autres me jugent. Je lui dirai que moi je ne peux que créer toutes les conditions pour qu’il réussisse et que c’est ma fierté. Et que lui seul, mon fils, est responsable de sa réussite. »

Bénédicte a changé de posture. Elle a pris en compte son besoin. Et du coup, elle ne met plus sur son fils une pression à laquelle il cherche à échapper : elle le restaure dans son autonomie et dans sa propre responsabilité de construire sa réussite.

A la fin de la formation, Bénédicte est venue me dire à quel point elle se sentait détendue et soulagée : « Ça fait des années que je ne me suis pas sentie si bien ! »

Voici donc encore un autre conte de Noël… dans la réalité de notre monde d’aujourd’hui… Et si vous racontiez les vôtres ?

Les chrétiens qui fêtent Noël chantent parfois un cantique qui dit ceci :
« C’est Noël sur la terre chaque jour, car Noël, ô mon frère, c’est l’amour. »

Pour ma part, en ce temps de vœux, je souhaite à chacune et chacun des lecteurs et à votre entourage, de vivre tout au long de l’année 2016 des contes de Noël aussi ordinaires que les deux précédents…  Je vous souhaite aussi de savoir les déguster, les valoriser, les partager… Çà contribuerait à créer d’autres énergies que nos récriminations ordinaires ou que la violence débordante…

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Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
décembre 2015

Oser parler

Couverture2Yvette* est retraitée et arrive à la formation en disant à mi voix : « Moi je viens seulement pour écouter ». De fait elle ne parle qu’à sa voisine bien connue. Dans l’après-midi, elle doit participer à un exercice où trois personnes reformulent ce qui vient d’être dit. Elle me fait signe qu’elle n’a rien à dire. Je lui dis : « Yvette, seulement un mot… » Elle hésite longuement, puis sort finalement deux phrases… et tous s’accordent à dire qu’elle a fait la reformulation la plus juste !

Le lendemain Yvette, toute heureuse, a apporté un repas à partager avec tout le monde. Elle s’exprime joyeusement dans les pauses, encore timidement dans le travail. Au moment de partir, elle vient me dire : « Merci car, depuis toujours, j’étais renfermée. Vous m’avez libérée ! » – « Yvette, c’est vous qui vous êtes libérée toute seule en osant dire. » Il fallait seulement un climat où Yvette serait sûre que personne ne la jugerait.

Claire*, jeune mère de famille, est éducatrice spécialisée. Elle a vécu des expériences traumatisantes dans l’emploi qu’elle a quitté : un sentiment d’exclusion, de rejet, de racisme… au point d’en être profondément meurtrie. Elle est très émue, puis aussitôt elle parle de sa famille qui est le trésor de sa vie. Elle s’accroche à ce trésor et retrouve alors des paroles d’espoir, elle trouve en elle le ressort pour rebondir ! Heureusement que personne ne lui a donné des paroles de consolation à bon compte !

Je la retrouve quelques jours après : elle est en attente d’une proposition d’embauche, mais elle dit qu’elle ne se reconnaît plus dans sa léthargie. Je lui demande alors ce qu’elle aimerait faire si elle avait vraiment le choix. Elle me parle de ses désirs, de sa capacité à accompagner des enfants, des familles en difficulté. Je lui confirme l’intérêt de son projet. Reconnue dans ses désirs, l’énergie revient d’elle-même, et elle commence à parler d’organismes qu’elle pourrait aller rencontrer pour proposer ses compétences. Le moteur s’est remis en marche parce son désir a pu être exprimé et entendu.

Sandra* est responsable d’équipe dans une collectivité. Au premier soir de la formation, elle me dit que la formation ne l’aide pas « parce je m’efface tout le temps pour faire plaisir à l’autre et pour ne pas blesser ». Elle ne voit pas comment s’en sortir. Nous pointons que ça parle d’une longue histoire. Je lui demande : « Pourquoi penses-tu que si tu t’affirmes sans agressivité, l’autre va nécessairement être blessé ?  Tu n’es pas venue sur cette terre pour faire plaisir à l’autre, mais pour donner le meilleur de toi-même : ainsi le plaisir sera partagé !»

La semaine suivante, Sandra a pu affirmer son point de vue sur sa place et sa mission devant son Chef de Service. Elle me raconte : « Avant la formation, je me serais effacée et n’aurais rien dit. C’est la première fois que j’ose dire et du coup, mon chef m’a demandé de quoi j’aurais besoin pour mieux remplir ma mission. »

Oser parler pour être soi, pour être libre, et ainsi construire des relations justes et constructives !                              

Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
Octobre 2012

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