Archives de catégorie : AFFIRMATION DE SOI

C’est ma nature !

Dev-Hum-Couverture1J’entends souvent des personnes dire : « Je suis comme ça ! C’est ma nature ». Sous-entendu : « Je ne pourrai jamais rien y changer. » Elles sont désabusées en constatant leurs limites, leur agressivité, leur incapacité à prendre la parole, à canaliser leurs émotions…

 Systématiquement, je réponds : « Non, vous n’êtes pas comme ça ! ». Cela suscite en général l’étonnement dubitatif de la personne            .

 Nous ne sommes pas nés agressifs, incapables de parler ou de canaliser nos émotions. Ces attitudes qui ne nous conviennent pas aujourd’hui ne viennent pas de notre « nature » mais de notre « culture » : nous ne sommes pas nés comme ça… nous le sommes devenus !

 C’est comme quelqu’un qui boîte après une entorse. Ce n’est pas sa nature ! C’est la manière qu’il a trouvée de continuer à marcher malgré la douleur. Pour marcher et courir à nouveau à son rythme, il va devoir s’arrêter pendant un temps, soigner l’entorse et réapprendre d’autres gestes par la rééducation.

 De même, nos réactions insatisfaisantes viennent d’accidents personnels ou relationnels où nous avons fait ce que nous avons pu, tant bien que mal, pour réagir dans l’urgence. Ce sont parfois les seules manières que nous avons trouvées (ou qui nous ont été apprises) pour nous protéger du danger ou de la peur.

 Nous nous sommes habitués à ces réactions : même si elles ne nous conviennent plus, nous retombons dedans comme dans une ornière chaque fois qu’une situation du même genre se présente.

La nature ne se change pas !
Les habitudes acquises peuvent se changer.
Une rééducation est toujours possible :
il suffit d’y croire et d’en prendre les moyens,
en soignant les blessures du passé
ou/et en cherchant d’autres stratégies
.

Non, ce n’est pas notre nature !
Notre nature et nos capacités
sont toujours plus belles que ça !

 Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
novembre 2010

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Morosité

Couverture2Ce matin, mes géraniums étaient gelés par un froid précoce. Avant-hier, cette aide-soignante a été licenciée pour accusation de maltraitance, sans preuve et sans possibilité de s’exprimer vraiment. Hier, des réservoirs de voiture étaient vides et les pompes à essence en rupture de stock. Aujourd’hui comme les autres jours, les refus de négocier répondent aux manifestations et aux grèves. Demain plus encore qu’aujourd’hui, le sentiment de n’être pas écouté et pris en compte engendrera la rancœur. Puis viendra l’agacement d’être empêché de circuler ou de poursuivre la production économique, et le serrage de ceinture de celles et ceux qui « payeront » la grève née de leurs convictions.

Quand s’arrêtera ce déluge ? Qui arrêtera cet engrenage d’un rapport de force qui conduit inéluctablement à la violence ?

Même quand les pompes sont à sec, il est urgent de faire le plein !

  • Faire le plein de solidarité : combien de collègues ont dit non au « chacun pour soi » et à la peur d’être à leur tour inquiétés, pour manifester leur refus d’un licenciement sans preuve de la faute ?
  • Faire le plein de concertation : combien d’entre nous sont prêts à dire non au rapport de force pour négocier les petits conflits du quotidien ?
  • Faire le plein d’empathie : combien allons-nous être aujourd’hui à refuser toute accusation, à garantir la liberté d’expression de notre voisin et prendre en compte ce qu’il est, sans le juger ?
  • Faire le plein d’audace pour être soi : combien d’entre-nous oserons mettre des mots sans violence sur leurs légitimes colères ou sur leurs espoirs, pour oser exprimer, sans les imposer, leurs opinions, leur ressentis, leurs besoins et leurs demandes ?

 Il s’agit toujours et partout de faire le pleinle plein d’humanité,
chaque instant et à chaque rencontre.

Nous sortirons alors de la morosité,
et nous trouverons l’énergie de lutter pour une société plus juste.

Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
octobre 2010

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Identité

Dev-Hum-Couverture1Qui suis-je vraiment ? Parfois cette question se fait lancinante quand elle émerge de notre mal-être…

Mon identité de fait : je suis homme ou femme, né(e) de mes parents, dans une fratrie où j’ai une place, à tel endroit, à telle époque, avec ou sans handicap… Tout ce que je ne peux pas changer…

Mon identité prescrite : ce que disent de moi mes parents et mes éducateurs jadis, mon conjoint, mes collègues, mes amis etc. Ce qu’ils attendent de moi, ce qu’ils connaissent de moi et qu’ils me renvoient : « tu es comme-ci ou comme ça… »

Mon identité de valeur : ce qui compte pour moi, l’image que j’ai de moi, mes projets, mes désirs, mes « valeurs »… Le tri que je fais dans ce que l’on m’a enseigné ou transmis… bref ce qui me met « bien dans mes baskets », me rend heureux et fier de moi…

S’identifier soi même en prenant en compte les trois :

  • « faire avec » ce que je ne peux changer… en y consentant avec distance, cherchant des conduites alternatives pour vivre « autrement » ce qui ne me convient pas ;
  • entendre ce que les autres me disent (ils peuvent m’alerter sur des choses que je ne vois pas), mais sans m’y laisser enfermer (ils n’ont pas à définir mon identité ni à me réduire à leurs attentes et à leurs désirs)
  • faire le tri entre l’acquis et le choisi, faire émerger mes valeurs, projets et désirs, trouver les moyens de les mettre en œuvre concrètement : je construis alors mon identité.

L’idéal : que ces trois pôles de l’identification soit en cohérence et en synergie… Idéal jamais atteint, jamais définitivement, d’où les tensions identitaires qui traversent chacun de nous. Mais idéal qui nous tire en avant, vers nous-mêmes, sans impatience (voir phrase sous la photo) : « Deviens ce que tu es »…

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
août 2010

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De la soumission à l’assertivité

Dev-Hum-Couverture1« La ZoneXtrême » : cette émission de télévision a testé notre degré de soumission à une autorité (ici la télévision) comme l’avait fait le scientifique Milgram dans les années 1960. Milgram avait conclu que 62,5% d’entre nous abdiquons tout libre arbitre dès lors que nous reconnaissons l’autorité de celui qui donne les ordres. L’expérience de ce mois de mars 2010 à la télévision démontre que 82 % d’entre nous peuvent prendre le risque de faire souffrir l’autre, voire de mettre sa vie en danger si une autorité le lui enjoint ! Au siècle dernier, cela a donné la Shoah !

Nous le savons tous : des enquêtes sociologiques ont prouvé que dans la société française, 10 % au moins des femmes sont victimes de violences conjugales, beaucoup se taisant, dans la soumission à leur conjoint.

Une salariée me décrivait cette semaine la pression dans son entreprise, de plus en plus forte, jusqu’à l’humiliation et au déplacement de secteur après un congé maladie. Cette salariée ajoutait que personne n’osait rien dire de peur de perdre son emploi.

Ces modes de soumission sont nourris par la peur, savamment entretenue par des « autorités » (les médias, le conjoint, l’entreprise et sa hiérarchie…) que nous reconnaissons comme légitimes. Ces autorités ne manquent pas une occasion de nous évoquer les risques que nous prendrions à leur résister. Pour nous en sortir, nous ne pouvons plus dire non, faisant resurgir des réflexes enfouis d’enfants sages à qui on a appris qu’il n’est pas bien de désobéir !

La soumission nous guette tous. Elle peut nous conduire à subir sans rien dire ou détruire le voisin. Elle est peut-être une des explications du développement du chacun pour soi dans la méfiance de l’autre.

Compétences relationnelles… Le développement de la solidarité d’abord, car seul nous ne pouvons résister aux pressions. « L’assertivité » ensuite, comme affirmation de soi sans orgueil et sans violence. Ces chemins  sont accessibles à chacun (et des « outils » existent) pour être soi au milieu des autres, sans soumission ni domination.

Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
mai 2010

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Fragile

Dev-Hum-Couverture1L’homme est fragile par nature… Tous les parents le savent bien quand ils prennent dans leurs bras leur petit qui vient de naître… Tous les malades et les médecins le savent quand l’inquiétude est parfois plus forte que l’espoir… Mon ami Simon le sait, depuis que sa moto a percuté une voiture et qu’il se retrouve pour toujours dans un fauteuil, lui qui était une force de la nature… Tous ceux qui sont passés par le deuil le savent quand la mort les laisse désemparés…

La société aussi est fragile : la crise économique, le chômage, les exclusions, les SDF… et l’avenir incertain… Et cette société fragile fait grandir encore plus l’insécurité des plus fragiles…

Fragiles, nous souhaitons toujours être plus forts.

Mais avez-vous remarqué que ceux qui cherchent à devenir forts, riches, invulnérables… deviennent facilement inhumains, chacun pour soi, balayer l’autre pour réussir à tout prix, jusqu’à toutes les prises de pouvoir illégitimes, jusqu’à la dictature (sur sa famille, sur ses salariés, sur son pays…). Et quand la société croit avoir maîtrisé toutes les technologies, c’est alors que la Bourse s’écroule, que le terrorisme explose, que la fumée d’un volcan paralyse les échanges mondiaux…

Pourquoi croyons-nous spontanément que c’est en devenant plus forts que nous allons dépasser nos fragilités ? Cette illusion nous conduit trop souvent à trouver des armes de toutes sortes pour être les premiers ou les meilleurs, pour gagner les guerres ou augmenter indûment les profits : ceux qui agissent ainsi ont peut-être l’impression d’être forts (jusqu’à quand ?) mais ils affament le monde et le détruisent en voulant se l’approprier.

La solution à nos fragilités existe, mais ailleurs que dans la force. Nous sommes fragiles parce que nous ne sommes pas faits pour vivre seul. Ce qui nous manque pour être fort se trouve probablement chez l’autre, ou du moins dans la relation à l’autre. Seule la solidarité est notre force. Qui d’entre nous n’a pas été réconforté par une parole, un regard, une main tendue, une présence ? Réconforté, c’est-à-dire rendu plus fort, par la présence de l’autre. Tous les résistants de tous les combats contre les puissants savent bien la force de la solidarité. Et ce sont eux qui finissent par gagner… ensemble et pour les autres ! C’est ainsi que l’homme est fait : fragile ET solidaire !

Quand tu te sens trop fragile, plutôt que de te lamenter ou de t’enfermer, tourne-toi vers l’autre, ose l’appeler : c’est ensemble que vous serez forts !

Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
mai 2010

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Mal-être au travail

Couverture2Des suicides répétés dans une grande entreprise française remettent sous les feux des projecteurs le stress et le mal-être au travail.

Je ne connais pas de l’intérieur France Telecom, mais je connais un peu plus d’autres contextes professionnels.

Dans le monde hospitalier par exemple, je décèle des contradictions croissantes qui génèrent des tensions parfois insupportables : contradiction entre une nécessaire gestion économique (qui exige des restrictions pour sauvegarder notre système de protection sociale) et une aussi nécessaire gestion de la qualité des soins (qui exige d’accroître les moyens humains et matériels). Des cadres et des personnels hospitaliers sont écartelés dans cette contradiction.

Une personne qui travaille dans une structure d’accompagnement vers l’emploi m’écrit ces jours-ci : « (Après les restructurations), les conditions de travail se sont encore plus dégradées que par le passé,… moi qui croyais que nous avions déjà touché le fond… »

Bien souvent ces contradictions qui écartèlent sont inévitables. Mais elles ne sont pas les premières causes de mal-être. À France Telecom, c’est la pression d’un management inhumain qui est pointée.

Il ne sert à rien d’envoyer des salariés en formation pour apprendre à gérer leur stress si on ne fait pas baisser les générateurs institutionnels de stress, et si on ne restaure pas d’abord dans l’entreprise des instances de communication et de débat respectueuses des personnes, mais aussi de la démocratie.

Dans les établissements de soins, les équipes où le management favorise la communication et le dialogue voient diminuer de 30% le nombre de congés maladie.

Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
octobre 2009

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Apprendre à vivre

Dev-Hum-Couverture1Quand tu es né, tu as forcé le passage, au risque d’étouffer,
et ta mère s’est déchirée…
dans la souffrance de l’amour, tu es devenu vivant…

Quand pour la première fois tu as lâché la main,
tes jambes fragiles ont entraîné ta chute et tu as pleuré
dans l’élan de ta chute, tu as appris à  marcher…

Quand tes petits doigts d’enfant se sont approchés du feu, tu as crié…
dans la brûlure,
tu as appris à maîtriser les risques, à apprivoiser le monde…

Quand tu as rencontré d’autres enfants, vous avez cherché qui était le plus fort.
Vous vous êtes parfois battus ou fâchés…
dans la rivalité et le conflit,
tu as appris la paix, la solidarité et la victoire de l’amitié…

Quand tu es passé par l’adolescence, tu ne reconnaissais plus ni ta voix ni ton corps.
Tu te sentais parfois si différent d’avant, et même étranger à toi-même…
dans ces bouleversements de toute croissance,
tu es devenu homme ou femme…

Quand tu t’es disputé avec celui ou celle que tu aimes…
dans la blessure du cœur, tu as découvert
la richesse du pardon et le prix de l’amour…

Quand tu es passé par l’échec personnel, scolaire, professionnel,
tu as perdu confiance en toi,
dans l’ébranlement de tes certitudes,
tu as découvert en toi des possibilités que tu ignorais…

Quand j’ai quitté mon métier de 25 ans, et quand mes convictions en ont été bouleversées,
je me suis retrouvé sans sécurité et sans repères, des amis se sont éloignés…
dans ce décapage, je suis devenu moi-même,
reconstruisant mes compétences, retrouvant des convictions habitées…

Tu peux espérer  un monde sans difficulté, tu peux être dans les nuages,
t’évader dans l’illusion, rêver d’un paradis perdu…
Mais que devient ton rêve quand tu ouvres les yeux, sinon désillusion et déception ?

La passion de la vie, c’est tout autre chose…
Rappelle-toi les deux sens du mot « passion » en français :
passion passionnée des amoureux, passion souffrante de tous les chemins de croix,
Il faut les deux pour être Vivant ! 

Marc THOMAS – Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
2002

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Devenir humain

Dev-Hum-Couverture1Tous les jours,
accueillir, offrir
la grâce d’un sourire,
la confiance d’une main tendue,
l’appel d’une parole,
le don d’une présence,
la force tendre d’une étreinte,
la nouveauté d’une rencontre…
et tous les jours devenir humain…

Tous les jours,
choisir de gagner la paix
au cœur même des conflits
où vérité et justice sont en cause.
Oser pleurer parfois
de la souffrance qui nous étreint,
de la misère de l’autre,
de l’insensé du monde,
et tous les jours devenir humain…

Tous les jours,
oser traverser nos larmes
jusqu’à irriguer nos sols trop secs
et les terrains pierreux du monde.
Vouloir y croire, envers et contre tout,
et savoir deviner les premiers signes
de toute relèvement.
Et tous les jours redevenir humain.

Tous les jours,
risquer l’aventure d’être soi-même,
être fragile et passionné,
jardinier de la vie en nous ensemencée,
un, unique, parmi d’autres et avec eux,
risquer l’aventure de la rencontre,
êtres manquants et solidaires,
jardiniers de la vie
les uns par les autres fécondée,
tendus vers l’accomplissement
de tous et de chacun,
Et tous les jours, ensemble, créer de l’Homme.

Marc THOMAS, Consultant en Compétences relationnelles
1995

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