Archives de catégorie : Conflits

Améliorer concertation et coopération

Lire le texte ci-dessous ne suffit pas pour changer les pratiques
ni pour transformer les cultures de compétition en cultures de concertation.
Il est nécessaire que les équipes se saisissent de chacun des points ci-dessous,
les confrontent à leurs pratiques automatiques et à leurs postures habituelles,
et envisagent les stratégies et moyens de changement adaptés à leurs spécificités.


1. Comment faire pour
TRAITER LES DÉSACCORDS ?

La plupart des conflits viennent de l’acharnement réciproque à convaincre qui oppose et empêche un vrai dialogue…

Quitte le « J’ai raison, tu as tort » et ta volonté première de convaincre
et remplace les par :   « Voilà ce que je vois, pense, propose, ressens… »
                                    « et toi qu’est-ce que tu vois, penses, proposes, ressens… ? »

Ainsi tu te « décentres »
et tu acceptes un autre point de vue ou une autre manière de réagir…
Même si ça t’étonne et te choque… accueille, demande des explications,
et vos points de vue vont devenir complémentaires et s’enrichir


2. Comment faire pour
PRENDRE EN COMPTE LES DIFFÉRENTS POINTS DE VUE ?

Souvent nous n’écoutons pas vraiment parce que nous voulons d’abord faire passer le message
ou parce que nous n’entendons chez l’autre que ce qui nous choque ou ce qui confirme notre point de vue…

Ecoute vraiment
N’écoute pas pour convaincre, n’écoute pas pour trouver la bonne réponse ou la solution,
car en faisant cela tu restes centré sur toi : tu n’écoutes pas, car tu cherches en toi la réponse !

Ecoute seulement pour écouter, pour accueillir, pour découvrir,
pour comprendre et ressentir ce que l’autre vit, ce qu’il pense, ce qu’il ressent…
Reformule
à l’autre ce que tu as entendu et compris et écoute ses correctifs
pour être sûr que tu n’as pas interprété et déformé sa pensée ou ses ressentis

Beaucoup de relations tendues se libèrent dans cette écoute active.


3 . Comment faire pour
ÉVITER DE SE BLESSER MUTUELLEMENT ?

Nous sommes souvent blessés par des paroles entendues, par des reproches et des jugements perçus comme injustes… ou nous sommes blessants et jugeant nous-mêmes

Distingue/sépare :                
– l’acte et la personne
– l’action de l’autre et ta réaction à toi

Tu pourras alors dénoncer un acte inacceptable sans jamais juger la personne
Ne dis plus : « Tu racontes (c’est la personne) n’importe quoi »
Dis plutôt : « ce que tu dis (c’est l’acte) est une erreur ou ne me convient pas ».

Ne dis plus : « tu es un égoïste » (tu juges la personne)
Dis plutôt : : « j’attendais (tu parles de toi, de ton besoin) que tu me partages ceci (tu évoques l’acte)»

Au lieu d’interpréter ses actes, demande-lui des explications…
Au lieu de parler de lui, parle-lui de toi, de ce que ça t’a fait,
de tes attentes et de tes besoins, de ce que tu acceptes ou refuses


4. Comment faire pour
COLLABORER dans les tensions ?

Tensions issues de nos différences de sensibilités, d’expériences, de priorités, d’intérêts…
Tensions issues de nos incertitudes, de nos peurs, de nos fragilités, de la dévalorisation…

Ne décide jamais sans concertation
Remplace la loi de l’esclavage et de la domination :
le maitre décide, les autres acceptent et se soumettent…
par la loi de la démocratie : à la fois respect des majorités et des minorités

Les conflits ne se résolvent pas dans les manifestations, mais dans les négociations…
Donc deux pistes :


Passer de la posture de manifestation à la posture de négociation :
quitter la volonté d’imposer son point de vue,
choisir de construire ensemble un accord dans le respect, la concertation, la coopération,
pour parvenir ensemble à des compromis ou des consensus.

Chercher d’abord les intérêts communs avant de traiter les dissensions
et « vivre ensemble avec nos désaccords »


5. Comment faire pour
GÉRER DES PRIORITÉS CONTRADICTOIRES

C’est la tension entre les deux bouts opposés de l’arc qui donne l’élan à la flèche

Des priorités différentes, des enjeux différents… Par exemple :
            élus et cadres administratifs n’ont pas les mêmes priorités ni les mêmes temporalités…             De même pour le politique, l’économique, l’administratif…
De même pour les Services et leurs missions différentes dans une entreprises…

Collaborations nécessaires et priorités contradictoires :
Comment trouver dans nos tensions l’élan de la coopération ?
Deux pistes fondamentales :

une posture personnelle : marcher sur 2 jambes:

s’affirmer ET s’adapter
affirmation de soi ET empathie
Nous marchons si souvent à cloche pied :
– affirmation de soi sans empathie = j’impose, je fais pression, je domine
– empathie sans affirmation = je me laisse manipuler, je prends en pitié, je me soumets…
Marcher sur 2 jambes : si tu veux t’affirmer de façon juste, commence par l’empathie !

une posture collective : la concertation

jamais un qui l’emporte que l’autre,
mais la stratégie de l’arc.
Mettre en œuvre collectivement cette stratégie
suppose que chacun choisisse la posture personnelle des 2 jambes !


6. Comment faire pour
GÉRER LES EGO (le mien et ceux des autres !)

Des affects perturbants : se faire marcher sur les pieds, ne pas être entendu,
faire sa place quand on est nouveau, faire passer le message à tout prix…

Dire non à toutes les prises de pouvoir !
Au sommet de l’Etat, il y a des Ministres et des Ministères, c’est-à-dire des serviteurs !

Toutes nos compétences et missions sont des services du Peuple, du bien commun, de la mission reçue.
A ce titre, toute prise pouvoir personnel est illégitime.

Dans un corps, la tête n’impose pas.
La tête coordonne et prend soin de l’ensemble en veillant particulièrement aux articulations.

Marc THOMAS
lui écrire par mail

Galerie « Parole semée… »

Un Calendrier 2021 avec des photos et des textes de « Parole semée… » pour chaque mois


Revenez à cet album régulièrement : il est complété à chaque parution d’un texte.

Vous pouvez écrire à l’auteur vos réactions et vos questions :
mthomas@competences-relationnelles.com

Arrête de vouloir lui faire comprendre !

Tu m’écris ce soir : « Il faut que je lui fasse comprendre…
Pourtant j’ai essayé mais rien n’y fait. »
Et tu as perdu ton énergie pour rien !

Cela nous arrive si souvent…
de vouloir faire comprendre à l’autre…
de vouloir convaincre…
de vouloir « faire passer le message »…
Par tous les moyens possibles,
nous revenons à la charge
autant de fois que nécessaire…
et toujours sans résultat…
Parfois même, notre volonté de faire comprendre
ne fait qu’aggraver l’incompréhension et tendre la relation…

Il est urgent de consentir au fait que
personne ne peut jamais rien faire comprendre à l’autre !

C’est comme en cuisine : il est de la responsabilité du cuisinier de chercher peut-être quels sont les goûts des invités, de choisir des bons produits et de trouver une bonne recette, d’assaisonner au mieux son plat… mais ce n’est pas lui qui peut forcer l’autre à manger et à apprécier…

Chacun de nous a le mauvais souvenir d’invitations où la cuisinière voulait vous forcer à manger davantage en ajoutant : « Pourquoi tu n’e reprends pas ? Ce n’est pas bon ce que je t’ai préparé ? » Et nous aurions dû manger pour faire plaisir à la cuisinière au risque de nous rendre malades…

De même dans la relation :
si tu veux que l’autre écoute et accueille ce que tu dis,
ne cherche pas d’abord à lui faire comprendre ou à le convaincre,
mais interroge-toi d’abord sur ce qu’il peut entendre,
adapte ton discours à sa « langue » à lui,
essaye de t’exprimer avec clarté…
Si tu fais cela, tu as fait le travail d’adaptation à l’autre nécessaire.
Mais ton travail s’arrête là :
il lui revient à lui d’accepter ou non d’entendre puis de comprendre :
lui seul décide de ce qu’il laisse entrer en lui !

Alors comment faire dans les situations d’incompréhension ?
Comment faire quand l’autre ne veut pas nous entendre ?
D’abord renoncer à vouloir qu’il comprenne.
Mais ne pas renoncer à nous affirmer
:
pouvoir dire ce que nous ressentons ou ce que nous voulons
clairement et sans jugement ni agressivité,
en parlant de nous et pas de l’autre,
en faisant en sorte qu’il entende, sans attendre qu’il accepte.

Tu me parlais de ce garçon qui voulait que tu tombes dans ses bras, alors que rien ne t’attire vers lui… Et tu cherchais à lui faire comprendre qu’il perdait son temps.

Arrête donc de vouloir lui faire comprendre…
Ne lui parle pas de lui, mais ose lui parler de toi :
ose lui dire que tu n’es pas intéressée par ses attentes à ton égard,
et que tu ne répondras plus à ses demandes.

Si tu peux t’affirmer sans agressivité,
tu te sentiras déjà mieux, même s’il n’accepte pas.
alors que si tu t’acharnes à vouloir lui faire comprendre,
tu t’énerves davantage et tu perds ton énergie pour rien.
Ce qui dépend de toi, c’est de pouvoir dire en parlant de toi,
en énonçant ton choix et ta posture.
Il ne dépend pas de toi que l’autre accepte de te comprendre.
Tu n’as pas le pouvoir de changer l’autre,
tu as seulement le pouvoir d’être toi-même
, cohérent avec tes valeurs.

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
5 août 2019
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

Toi qui veux CONVAINCRE… essaye de T’AFFIRMER DANS L’EMPATHIE

Qui de nous n’a jamais dit :  « Il faut que je lui fasse comprendre que… »
Tu ne fais jamais rien comprendre à l’autre,
car lui seul sait ce qu’il peut ou veut comprendre !
Tu peux juste lui proposer une explication
la plus claire possible, en t’adaptant à son langage à lui,
en cherchant à rejoindre ses préoccupations ou intérêts…
Comme un adulte adapte son langage à celui d’un enfant
ou aux difficultés d’une personne de langue étrangère…
Comme une maîtresse de maison qui prépare des plats appétissants
en ayant pris soin de connaître les goûts de ses invités…

Qui de nous n’a jamais dit : « je veux leur faire passer le message… »
ce qu’il peut ou veut laisser passer et entrer en lui !
Tu peux juste avoir envie ou besoin de partager quelque chose d’important,
énoncer ton message de façon « appétissante » pour lui,
et prendre soin de lui parler quand il est disponible pour t’écouter…
Ce qui « passe » en lui ne dépend pas de toi !

Qui de nous n’a jamais voulu convaincre l’autre qu’il a tort ?
Dans des relations tendues ou conflictuelles,
nous voulons prouver à l’autre que nous avons raison.
Chacun fait pression pour convaincre l’autre sans l’écouter,
et sans jamais accepter de se laisser convaincre…
Dialogue de sourds !
Et pourtant il est si facile d’expérimenter que deux personnes
qui regardent le même paysage ou le même événement
ne voient pas la même chose…

En regardant la mer,
l’un verra les nuances de bleu,
l’autre verra l’écume des vagues ou le mouvement des flots,
un troisième verra la ligne d’horizon un peu concave…
pendant qu’un quatrième regardera les nuages et le bleu du ciel !

Lequel des quatre a raison, lesquels ont tort ?
Il faut bien tous ces regards pour décrire la mer…
Dans un conflit, il s’agit d’abandonner définitivement qui a tort et qui a raison,
pour le remplacer par : « Je vois ceci… et toi, et toi qu’est-ce que tu vois ? »

Aucun de nous ne voit toute la réalité du premier coup :
chacun sélectionne inconsciemment…
et interprète ce qu’il voit à travers son mental et sa propre histoire…

Plutôt que de prendre nos points de vue partiels pour la vérité,
nous pourrions partager nos points de vue
et nous enrichir du regard des autres.

Loin de vouloir convaincre, chacun peut affirmer son point de vue,
Jusqu’à nous découvrir complémentaires…
Jusqu’à considérer la différence ou le désaccord
comme une ressource pour la coopération.
Certains s’imaginent qu’en cessant de chercher à convaincre,
ils vont devoir se taire. Se taire n’est jamais la solution
Car le silence soumet à l’autre, nous transforme en victimes et en perdants
et déclenche en nous aigreurs et ruminations qui polluent la relation.

 Cesser de vouloir convaincre, pour que chacun puisse s’affirmer…
Ceci suppose que chacun accepte d’écouter l’autre,
et c’est souvent le plus difficile !

L’être humain marche sur deux jambes…
C’est plus facile que d’aller à cloche-pied !
La relation constructive marche aussi sur deux jambes :
l’empathie ET l’affirmation de soi.

L’empathie pour accueillir l’autre tel qu’il est et prendre en compte son avis,
pour consentir au fait qu’il ne voit pas comme moi,
qu’il ne ressent pas comme moi… qu’il n’a pas les mêmes besoins…
L’empathie qui reformule ce que j’ai accueilli de lui en l’écoutant…

L’affirmation de soi pour oser dire ce que je vois et ce que je pense,
ce que je ressens, ce dont j’ai besoin,
ce que je demande, ce que je propose, ce que je refuse…
sans peur du jugement ni de ce que l’autre va penser…

S’il manque l’une des deux, la relation marche à cloche-pied !
Sans empathie, l’affirmation de soi devient domination :
elle impose son point de vue avec rigidité, autoritarisme et jugements.
Sans affirmation de soi, l’empathie devient mièvrerie et soumission,
ou retrait par peur de déplaire à l’autre…

L’empathie et l’affirmation allant de pair font avancer la relation !
A condition de les prendre dans le bon ordre !
Si tu commences par avancer le pied de l’affirmation de toi
l’autre risque de se sentir en danger et de prendre du recul,
parce qu’il ne sait pas encore que tu veux aussi le prendre en compte.
Si tu commences par avancer le pied de l’empathie,
il est probable que l’autre écoutera plus facilement
ton affirmation de toi-même !

Et si l’autre te refuse l’empathie à laquelle tu as droit
et cherche à t’imposer ses prétendues vérités ?
Tu ne lui feras plus de reproches, tu ne rumineras plus…
Tu resteras à la bonne distance de lui,
te protégeant en te centrant sur ton affirmation de toi intérieure…
Car tu sauras que son autoritarisme n’est qu’une faiblesse et une peur :
comme s’il fallait qu’il ait raison envers et contre tout…
Comme s’il voulait tenir debout… sur une seule jambe !
Lequel de vous deux est le plus stable ?

Essaye l’empathie et l’affirmation de toi,
l’empathie POUR l’affirmation de toi :
tu y gagneras beaucoup d’énergies jadis perdues sans résultat,
et tu découvriras que tu te sens bien moins blessé qu’avant !
Tu seras alors dans la vraie bienveillance !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
10 juin 2018
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

Téléchargez cet article en pdf

Trouver l’attitude juste en situation difficile

160709-montreux-25Les trois personnes dont je vais décrire l’histoire ci-dessous sont des personnes formées à la Communication Non Violente et entraînées depuis des années à gérer des conflits dans leur vie personnelle, sociale, professionnelle… Ils en connaissent les méthodes et les outils. Et pourtant, dans les situations décrites ci-dessous, elles sont toutes déstabilisées….                                (Les prénoms sont des prénoms d’emprunt)

FABRICE
La directrice  de Fabrice a pris une décision unilatérale. Elle la maintient malgré l’avis du Conseil d’Administration, au mépris d’un fonctionnement démocratique où ce n’est jamais le chef qui fait la loi tout seul. Sa directrice le convoque pour lui faire un rappel de la loi qu’elle a décidée et qu’il ne respecte pas. Il décide de résister en écoutant sans réagir. Mais devant l’attitude dictatoriale de sa directrice, il sent monter la colère : en sortant, il est furieux. Il décide donc de rassembler toutes les bonnes volontés pour s’opposer, pour lutter contre la tyrannie. Sa furie le conduit à emprunter un langage guerrier et à envisager des modalités de revanche. Malgré ses compétences en Communication bienveillante, il découvre qu’il utilise les mêmes armes que sa Directrice : la colère, la volonté de vaincre à tout prix. Les autres participants à la formation le confortent dans le fait de dénoncer une décision unilatérale et illégitime, mais lui font remarquer que la décision prise par la Directrice porte sur des comportements qui méritent discussion et négociation. Fabrice ajoute, comme une interrogation qu’il s’adresse à lui-même : « C’est vrai, pas un instant, je n’ai pensé à négocier. » Il refusait à juste titre une décision arbitraire et non concertée, mais il n’a pas pensé à écouter les raisons qui avaient poussé sa directrice à prendre cette décision, et il n’a pas pensé non plus à lui expliquer les raisons de sa résistance. Parce qu’il était furieux et que sa furie le conduisait à vouloir gagner quoi qu’il arrive.

VALENTINE
Les collègues de Valentine l’ont déléguée pour aller négocier avec la responsable d’équipe des disponibilités et congés dont le règlement intérieur stipule qu’elles sont au choix des agents. De façon autoritaire, la responsable règle le problème pour Valentine toute seule et ignore son statut de représentante de ses collègues. Les collègues sont là mais ne disent rien : peut-être ont-elles peur de la réaction de la responsable. Pourtant Valentine qui les représente sait habituellement gérer les tensions entre des adolescents, des parents, des organisations ou institutions. Et le formateur lui fait remarquer qu’elle avait deux outils simples sur lesquels elle pouvait s’appuyer pour trouver la bonne posture : elle pouvait solliciter la parole de ses collègues ; elle pouvait aussi faire appel à la Loi, au règlement intérieur écrit définissant la liberté sur laquelle se fondait la demande.  Comment se fait-il donc qu’elle ne peut pas utiliser ses compétences? Elle explique : « J’étais scotchée, je suis partie sans rien dire, et sans regarder mes collègues. » Quelle résonance intérieure et émotionnelle a donc été plus forte que les compétences de négociatrice de Valentine pour la conduire à être tétanisée de la sorte devant l’autorité ou écartelée entre l’autoritarisme de sa responsable et la solidarité avec ses collègues ?

YVON
Yvon ne supporte pas l’injustice. Il s’investit dans de nombreuses situations où les droits des plus faibles sont bafoués. Dans une association dont il est membre et administrateur, il assiste depuis plusieurs années à ce qu’il décrit comme des « magouilles » couvertes par le copinage, de la rétention d’information, des manipulations financières frauduleuses. Il hésite beaucoup sur la posture à adopter : stopper son investissement et prendre de la distance avec  une association dont le fonctionnement ne correspond pas à ses valeurs et à son éthique ? Dénoncer les magouilles et les délits ? Demander carte blanche pour rétablir la situation, ceci incluant son refus de collaborer avec deux personnes de l’association qu’il décrit comme « parasites » ? Les participants de la formation lui font remarquer que sa demande de « carte blanche » le conduisant à exclure des personnes  ressemble à des attitudes qu’il dénonçait lui-même dans le fonctionnement associatif. Quelques minutes après, Yvon interpelle le groupe : « Alors les seuls vrais conflits sont à l’intérieur ? » Il découvre que le véritable conflit n’est pas entre lui et l’association, mais qu’il s’agit d’un conflit en lui-même, entre trois postures qui ont toutes leurs avantages et leurs inconvénients… Et que sa posture est encore plus délicate du fait de son attachement affectif à l’objet de cette association dont il est le fondateur…

QUI QUE TU SOIS…
Si tu veux traiter des conflits et œuvrer à la réconciliation dans les familles, au travail ou dans la vie sociale, il est certes nécessaire que tu acquières des compétences de gestion de groupe, de garant de la Loi, d’écoute, d’empathie, de communication et de négociation… Cela demande du travail et de l’exercice. Mais n’oublie jamais que ces compétences ne suffisent pas : ce sont d’abord tes réactions qu’il s’agit d’écouter, d’accueillir, d’interroger, de canaliser pour qu’elles se transforment en postures justes.

Fabrice, si tu es furieux aujourd’hui, cette « furie » parle de toi bien plus que ta Directrice qui n’a fait que la déclencher. Nous savons tous qu’un même évènement ou une même parole peut déclencher chez l’un de la révolte, chez l’autre de la colère, chez un troisième du silence ou de la soumission… Toutes ces réactions ne parlent que de nous… Mais d’où vient donc ta furie ?

Valentine, si tu te sens « scotchée » et tétanisée, ou écartelée, l’autoritarisme de la responsable n’en est que le déclencheur… La vraie cause, c’est ce qui est touché en toi qui t’empêche de trouver la bonne posture… C’est peut-être aussi que la situation d’aujourd’hui réveille d’autres situations antécédentes où tu t’es sentie écrasée devant l’autorité ou écartelée entre plusieurs personnes…

Yvon, si tu es en conflit entre toi et toi, entre différentes parts de toi qui te tirent dans des directions opposées, ce n’est pas en ruminant sur les personnes injustes que tu trouveras la solution. Certes tu peux lutter avec d’autres pour un monde plus juste, mais c’est en écoutant et accueillant tes contradictions et la part de vérité et de valeurs dont chacune est porteuse… C’est aussi en débusquant derrière chacune les éventuels règlements de compte sur lesquels tu serais heureux de triompher sur l’autre…

Dans la même formation, Sandrine évoquait ces deux forces qui la tiraillent souvent : la rebelle, et la conformiste. Elle y voyait des contradictions qui ne rendent pas les choix faciles ni les postures à prendre évidentes…

Sandrine, mais aussi Valentine, Fabrice, Yvon, et moi aussi Marc…
et vous tous, lectrices et lecteurs…

Si ces contradictions étaient les deux extrémités de l’arc
dont la tension permet à la flèche de s’envoler ?
Si ces contradictions donnaient naissance à la vigueur de notre élan ?

Quoi qu’il en soit… c’est toujours en nous, dans nos ressentis et dans nos besoins,
que nous trouverons les postures justes dans toutes les situations de la vie…
Raison de plus pour prendre soin de nous !

Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
novembre 2016

 Ecrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

Téléchargez cet article en pdf

Personne n’a tort ni raison !

Couverture2Chaque jour dans les tensions interpersonnelles ou dans les situations de conflits, nous risquons de dépenser beaucoup d’énergie à vouloir prouver à l’autre qu’il a tort et que nous avons raison. Nous cherchons à le convaincre, à lui faire passer le message, à faire valoir notre bon droit…

Le problème c’est que l’autre cherche à en faire autant avec nous, convaincu d’avoir raison lui aussi ! Ainsi s’installent des dialogues de sourds où chacun, sur sa propre longueur d’ondes, veut être entendu de l’autre sans accepter d’entendre l’autre ! Chacun s’épuise dans cette volonté de passer en force, de faire pression, de gagner, d’avoir raison. Cela se termine par la victoire du plus fort toujours marquée de violence ou par la rupture du dialogue, voire de la relation.

Il y a une erreur fondamentale derrière ces dialogues de sourds : l’erreur de croire que la vérité se réduit à ce que je vois, ce que je pense, ce que je comprends. Faites un jour l’expérience, dans une situation relationnelle détendue : montrez une image ou un paysage à votre partenaire, et demandez-lui ce qu’il voit. Si vous le laissez décrire sa perception, vous serez probablement surpris en découvrant que, regardant la même image que vous, il n’y voit pas les mêmes choses, il met en valeur des détails que vous n’aviez pas vus et qui sont pour lui évidents et importants. Cette expérience nous permet de découvrir qu’aucun de nous ne voit tout ce qu’il y a à avoir. Chacun voit une partie qu’il repère en fonction de ses priorités à lui. De ce fait, à plusieurs, nous en, voyons davantage et pouvons devenir complémentaires.

Alors pourquoi donc continuons-nous à vouloir imposer notre point de vue ? Peut-être parce que nous avons peur d’avoir tort, d’être dévalorisés à nos propres yeux ou qu’on se moque de nous. Ou parce qu’on nous a appris que si « l’autre a juste », moi « j’ai faux » ! Or nos deux visions sont justes, mais partielles et donc manquantes !

Pourtant, il suffirait de dire à l’autre : « voilà ce que je vois et ce que comprends, voilà ma position… Et toi, que vois-tu ? Que comprends-tu ? Quelle est ta position ? » Ce faisant, plutôt que de s’affronter pour imposer « ma » vérité, plutôt que d’avoir peur de perdre, nos points de vue différents deviendraient autant de ressources à partager, de motifs de fierté d’avoir progressé ensemble, et autant d’occasion d’affûter ou d’ajuster notre regard.

Pour élargir l’espace de nos perceptions et pour assainir nos relations, il nous reste à « changer de logiciel »  :

  • Consentir au fait que je ne perçois pas la réalité telle qu’elle est : je perçois la réalité à travers mon regard, mes attraits, mes rejets, mes peurs…J’en ai une perception légitime, mais partielle et partiale.
  • De ce fait, l’autre différent n’est plus un rival, mais une ressource : détendu et accueillant, je peux voir ce qu’il voit et que je n’avais pas vu : nous devenons complémentaires !
  • Nous ne somme plus dans une logique du « ou-ou » : ou j’ai raison, ou j’ai tort ; ou c’est moi ou c’est toi qui a raison et qui gagne… Nous entrons dans une nouvelle logique du « et-et »: je prends ce que je vois ET ce que tu vois de différent, je garde ce que je pense ET j’accueille ce que tu penses… Le « ou-ou » construit des murs, le « et-et » ouvre des portes et élargis l’espace
  • Nous pouvons continuer à coopérer, même dans la tension et le désaccord : « j’ai ma version des faits, tu as ta version des faits. Dans l’accueil réciproque de ces visions différentes, nous allons construire ensemble une troisième version des faits enrichie. Comme l’artisan ou l’artiste assemble les pièces différentes ou les couleurs pour construire son œuvre ; comme le cuisinier assemble les ingrédients pour cuisiner un plat. Il s’agit de bien plus que de trouver un compromis –même si c’est déjà bien ! – : grâce à nos différences, nous allons devenir ensemble acteurs et créateurs de solutions innovantes.

Marc THOMAS, Consultant Formateur en Compétences relationnelles,
9 février 2016

pdf_button

Guerre et paix : la même énergie !

Couverture2Qu’est-ce qui pousse les combattants de toutes les guerres sur les champs de bataille ? La peur des hommes en est la cause, la soif de pouvoir, et bien souvent la manipulation des gouvernants. Mais ceux qui partent sur les champs de bataille ont conscience de défendre leur pays, de refuser d’être écrasé par l’envahisseur, de se battre pour protéger leurs familles et leurs concitoyens.

Cette énergie qui les pousse à faire la guerre est la même énergie qui peut en faire des combattants de la paix : défendre son pays, refuser l’écrasement, protéger la vie de ses proches et de ses semblables, se battre pour la justice et pour la paix. C’est la même énergie qu’il s’agit de mettre en œuvre.

Car la même main peut caresser ou frapper ; les mêmes yeux peuvent sourire ou pleurer ; le même regard peut accueillir ou tuer ; la même parole peut encourager ou insulter ; etc. Tout vient du même cœur qui peut aimer ou haïr, se réjouir ou souffrir.

Pour chacun de nous, l’énergie qui nous rend si souvent agressifs peut être transformée en énergie constructive :

  • Ecraser l’autre ? ou pour écraser l’injustice ?
  • Se mettre en colère contre qui empiète sur mon territoire ? ou contre la misère ?
  • Lutter pour arriver le premier ? ou pour arriver ensemble ?
  • Défendre un nationalisme exacerbé ? ou la construction de l’Europe ?
  • Défendre jalousement ses droits et son pré carré ? ou bâtir un monde fraternel où chacun puisse vivre et être reconnu ?
  • La même énergie pour faire la guerre ? ou pour faire la paix ?

A nous de choisir !

La fraternité vécue ou refusée est la ligne de partage entre les hommes.

Combien de combattants ou de prisonniers de guerre ont découvert la fraternité sur les champs de bataille : se réconforter, se serrer les coudes quelles que soient les convictions ou l’origine sociale, partager avec les copains d’une même baraque de prisonniers le contenu d’un colis arrivé de France, aller ensemble relever les morts après un bombardement…

Si la guerre est faite d’horreurs, les hommes qui la font en reviennent souvent plus humains, plus fraternels. Ils savent aussi que la fraternité n’est pas seulement dans un camp : quand aujourd’hui des anciens combattants français rencontrent des anciens combattants allemands, ils se sentent souvent très proches, ayant vécu les mêmes horreurs et les mêmes angoisses, mais aussi les mêmes expériences de solidarité et de fraternité.

L’histoire et leurs gouvernants les avaient dressés les uns contre les autres : ils se découvrent d’abord semblables dans leur humanité.

Seule, la fraternité ouvre un avenir.                    

Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
Mai 2014

PDF1

Opportunité du conflit

Couverture2Sur un parking de supermarché, à St Denis de la Réunion, je repère une place ombragée, un peu étroite car le 4×4 voisin a empiété sur la place que je convoite. Je me gare, ma voiture ne gêne pas le conducteur du 4×4, mais son regard est menaçant…

Lui : « Vous ne pouvez pas vous garez ailleurs »
Moi : « c’est la seule place à l’ombre, et je ne gêne pas l’ouverture de vos portes »
Lui : « Mais la place est trop petite pour vous garer »
Moi : « Pas trop petite, mais étroite car votre véhicule est garé sur deux places de stationnement »

Lui  (peau noire d’un cafre réunionnais) : « Vous n’êtes pas chez vous ici ! »
Lentement, je sors alors de ma voiture, je m’approche de lui…
Moi  (blond aux yeux bleus métro-zoreil !) : « Pour moi, tous les êtres humains sont chez eux sur cette terre. Si vous arriviez dans ma région d’origine, je vous dirais : Bienvenue, vous êtes chez vous ».

Lui  (surpris) : « Et vous êtes d’où ? »     Moi : « De Lorraine. »
Lui : « Et moi je suis de Vendée… J’y repars ce soir.»
Moi (surpris à mon tour !) : « Ah bon, et où en Vendée ? »
Lui : « à… (je ne nomme pas la ville ici par discrétion) »

Moi : « vous êtes là-bas depuis longtemps ? »
Lui  « Ca fait 10 ans que je travaille là-bas.. »
Moi : « J’imagine qu’en Vendée, vous vous êtes senti discriminé parfois… Certains ont dû vous faire comprendre que vous n’étiez pas chez vous là bas… »
Lui : « Oui, ça c’est vrai ! »
Moi : « Tout homme est chez lui, n’importe où sur la terre. A condition qu’il n’arrive pas en conquérant ! »

Lui : « Mais vous faites quoi ici ? »
Moi : « Je suis venu travailler avec des réunionnais sur les relations humaines et la gestion de conflits. »
Lui : (grand sourire) « Moi aussi j’ai fait une formation à la gestion de conflit pour le boulot car je suis passé chef d’équipe. »

Moi : « Alors vous et moi, nous savons que c’est en se parlant qu’on règle les conflits ».
Lui : « C’est vrai ! Mais ce n’est pas toujours facile. »

Moi : « Allez, bon retour en Vendée ! Saluez les vendéens pour moi : c’est le pays où j’allais en vacances quand j’étais petit ! »

Lui et moi, nous nous serrons la main avec un grand sourire !

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
février 2012

PDF1

Des stratégies pour gérer les conflits

A la demande de l’université de Sherbrooke, au Canada, Marc THOMAS a écrit un article intitulé : « Choisir les stratégies adaptées pour gérer les conflits », publié dans la Revue de Prévention et de Règlement des Différences de la Faculté de Droit de l’Université de Sherbrooke à l’automne 2005.

La table des matières de cet article est la suivante:

  1. Le Conflit : Risque et opportunité
  2. Détermination et adaptabilité sont constitutifs de l’être humain
  3. Des positionnements et stratégies spontanés en situations difficiles
  4. Des positionnements et stratégies travaillés en situations difficiles
  5. Antipathie, « sympathie », apathie, empathie
  6. Transformer la violence en conflit
  7. Passer de la violence au conflit
    Conclusion
    Bibliographie

PDF1Télécharger ici ce document de 13 pages