Archives de catégorie : Émotions

Du silence qui empoisonne
à la parole qui désinfecte

Echange par mail à propos d’un entretien d’accompagnement :

Elle : Je suis désolée, mais j’annule notre rencontre pour aujourd’hui.
Toute cette semaine je n’étais pas très bien moralement
et je n’ai pas trop envie de parler… Pour le moment je suis renfermée…
Je pensais être prête à m’ouvrir, mais non.
J’espère que tu comprendras et que tu accepteras qu’on se voit quand je serai mieux.

Moi : Je comprends et respecte ton choix.
Ceci dit, la parole est un désinfectant.
On n’attend pas qu’une plaie soit cicatrisée pour la désinfecter…
C’est justement quand on a mal ou quand on est mal que la parole nous soigne et nous guérit…Plus tu te renfermes dans le silence, et plus tu risques de prolonger ton malaise
en ruminant à l’intérieur ce qui te pourrit la vie… et de te réinfecter toi-même…
Plus tu parles dans un contexte sécurisé, plus tu déposes ta souffrance
et plus tu ouvres des chemins pour traiter tes blessures.
Le jour où tu choisiras de parler, tu découvriras enfin un chemin de libération…

Fais-moi signe quand tu veux. Je te conseille de ne pas attendre d’être bien…

Elle : Tu as raison, mais là c’est trop dur.
J’ai la gorge nouée… J’ai peur…
Alors qu’avant je m’ouvrais facilement aux autres,
aujourd’hui j’ai énormément de mal..
même si je sais
qu’il faut que j’arrive à surmonter cela.
J’espère pouvoir le faire bientôt,
parce que tu as raison ça me ronge…

Moi : Ton cœur te dit que tu as besoin de parler pour te libérer,
mais ta tête te dit que tu as peur parce que tu as trop mal…
Garde cette conviction qui est en toi que tu pourras surmonter ça…

Il s’agit de laisser ton cœur prendre les commandes
pour qu’il apprivoise ta peur par la bienveillance.
Ça va venir… Bientôt tu oseras faire le pas de faire confiance à ton cœur.

Ce jour là, tu oseras parler, et pleurer peut-être…
Alors ta peur régressera toute seule et sera remplacée par la libération.

A bientôt donc. Prends soin de toi.

                                                                        Marc THOMAS –  5 juin 2021
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Que faire de nos émotions ?

1. ENFOUIR LES ÉMOTIONS ?

Un évènement survient et nous tétanise,
parfois il y a longtemps dans notre enfance,
parfois plus récemment…
Tellement touchés que nous restons pétrifiés !
Blessure et douleur sont enfouies
parfois pendant des années et des décennies
sans avoir été détectées,
ni désinfectées par des mots, des larmes,
ni accompagnées dans la bienveillance.

Cette douleur nous mine de l’intérieur,
blessure ouverte qui pourrit la vie,
et que tout rappel vient faire saigner à nouveau…
Souvent sans même savoir pourquoi
dans le silence, la solitude, la honte ou la colère d’être comme çà…

Alors nous nous refermons,
dans la déprime et la détresse,
ou dans la rigidité et l’hyperprotection,
ou dans la révolte et l’autodestruction.

S’EN SORTIR
Une personne ou un climat de confiance suffisent
pour partager d’un mot un mal-être d’aujourd’hui…
Alors surgit sans s’y attendre
la mémoire ravivée de la blessure d’hier :
oser la balbutier devant une personne qui écoute,
vider les larmes pour désinfecter la blessure,
accueillir et écouter le bouleversement ressenti…
Et laisser le temps restaurer notre intégrité !


2. SE NOYER DANS LES ÉMOTIONS ?

Un évènement survient et nous fait réagir,
et nous débattre de façon incontrôlée
par des cris et des larmes de souffrance, de détresse,
par des paroles ou des gestes d’agression ou de colère,
par des ruminations qui se répètent…
Plongés dans la tristesse, le regret, la culpabilité,
noyés dans nos misères ressassées
qui nous submergent par vagues…

Et plus nous les ressassons, plus elles forcissent comme des avalanches,
plus nous réinfectons nos plaies, plus nous nourrissons la douleur.

Ou bien nous oublions ce qui nous a blessés,
croyant l’avoir réglé en réglant son compte à l’autre,
mais nous restons sans cesse à fleur de peau,
réagissant au quart de tour au moindre mot ou à un détail,
survoltés, essoufflés, noyés dans nos réactions démesurées.

S’EN SORTIR
Canaliser ce qui nous a noyés ou submergés,
en mettant des mots sur ce qui nous a fait réagir,
sur ce qui nous a blessés ou mis en colère.
Mais jamais des mots sur l’autre
sous forme d’accusation et de jugements
qui ne font qu’amplifier la colère.
Toujours des mots sur moi, sur ce que ça m’a fait,
sur ce que je ressens, et ce dont j’ai besoin
Alors je prends soin de moi… et ce soin apaise !


3. ANALYSER LES ÉMOTIONS ?

Un évènement survient et nous fait réagir,
et nous cherchons à les comprendre,
nous demandons conseil
et débriefons avec des proches,
nous analysons le pourquoi et le comment,
le pourquoi j’ai fait ça
ou comment j’aurais pu faire autrement…

Et chacun donne son avis différent,
et j’ai du mal à m’y retrouver
parfois jusqu’à l’insupportable
qui me fait dire qu’ils n’ont rien compris.

Et nous restons des jours et des jours
à tourner ça dans notre tête
jusqu’à l’insomnie ou la fatigue nerveuse,
Parfois tout s’emmêle, la tête prête à exploser.

S’EN SORTIR
As-tu déjà pensé que « comprendre les émotions »
est une formule antinomique ?
Car « comprendre » est une opération mentale,
nécessitant de prendre du recul pour réfléchir,
alors que l’émotion est une opération du cœur,
une source jaillissante qui surgit spontanément.
Un message d’amour ne s’explique pas,
il se donne ou s’accueille et produit du vivant…
Accueille d’abord ton émotion, déguste-là, nomme-la :
ressens la gratitude, la joie, la tristesse, la peur, la surprise…
Ensuite tu pourras relier ton cœur et ta tête et analyser !
Car ton émotion est d’abord un signal de ton être profond,
porteur d’un message ou d’une alerte pour ton bien-être.


4. ACCUEILLIR LES ÉMOTIONS

Un évènement survient et déclenche une émotion,
avant même que je m’en sois rendu compte,
sourire, crispation, cris, tétanisation, embrassades
précèdent toujours les mots.
Ces manifestations émotionnelles sont toujours vraies.

Aucun jugement sur les émotions ne sont légitimes,
et surtout pas les « je suis trop sensible »
ou « tu ne devrais pas réagir comme cela ».
Car nos réactions émotionnelles sont des messages
de nos besoins profonds, de nos désirs et de nos valeurs.
Nos émotions ont ce pouvoir d’exprimer notre vérité profonde
à laquelle notre conscient n’a pas accès.

La première question juste n’est donc ni jugement, ni pourquoi,
mais : « qu’est-ce qui se passe ? qu’est-ce qui arrive ? ».
Accueillir l’émotion, l’écouter, la décrire, la nommer…
Sentir son intensité, son impact, sa justesse, sa dissonance…

L’émotion parle de celui qui la vit et pas de ce qui l’a déclenchée.
Nous nous faisons souvent violence avec les émotions,
quand nous nous en servons pour accuser celui l’a déclenchée.
La deuxième question à poser face à l’émotion, est donc :
« qu’est-ce que ça me (ou te) fait ? », « qu’est-ce que tu ressens ? »
« qu’est-ce que ça dit de toi ? de ce que tu aimes ? de tes désirs ?
de tes refus ? de tes limites ? de l’insupportable ? »

Ces questions ne cherchent pas des explications ni des compréhensions mentales.
Si elles se servent de la tête, c’est pour décoder les messages du cœur,
et du plus profond de l’être jusqu’à l’inconscient.
Accueillir nos émotions nous rend vivants !

Marc THOMAS mthomas@competences-relationnelles.com

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Sortir l’émotion
pour s’ajuster à la vie

Les émotions, comment ça marche ?

TRANSFORMATEUR

Comme un transformateur modifie la tension et l’intensité électrique
entre une ligne à haute tension et le 220 volts de nos maisons,
ou entre ce 220 volts et les 19 volts de nos ordinateurs…

Les émotions modifient et régulent l’intensité des événements extérieurs
pour les adapter à notre voltage intérieur, à notre capacité et à nos limites,pour  nous permettre de les accueillir, de nous protéger, de nous exalter…

Qui a dit qu’il faut se méfier des émotions et les faire taire ?
Elles sont notre régulateur… Réprimer l’émotion, c’est s’exposer aux courts-circuits !

BOUSSOLE

Comme une boussole t’indique la direction à suivre pour atteindre ton objectif,
surtout quand les chemins sont multiples, mal tracés ou dans le brouillard,

Les émotions t’orientent vers ce qui est bon pour toi :
envie, attirance, bonheur, paix, besoin à satisfaire… Joie, amour bien-être, calme…

Qui a dit qu’il faut se méfier des émotions et les faire taire ?
Sans boussole tu perds le nord… et tu ne sais plus quel chemin prendre pour être bien !

SIGNAL D’ALARME

Comme un signal d’alarme qui te prévient d’un dysfonctionnement,
comme la barrière du passage à niveau te force à t’arrêter pour te protéger du train qui arrive,
comme la chaleur de la braise te fait retirer ta main…

Les émotions t’alertent sur les fausses pistes ou les menaces :
danger, vigilance, répulsion, inacceptable, protection… Peur, tristesse, colère, honte…
et t’intiment l’ordre de faire stop ou de te protéger quand vient le danger

Qui a dit qu’il faut se méfier des émotions et les faire taire ?
Sans elles tu t’exposerais sans protection. Si tu n’avais pas peur, tu serais en danger !

LOCOMOTIVE

É-motion…
« Motion » comme « loco-motion » : se mouvoir, se déplacer d’un lieu à un autre…
« É » comme « ex » de « ex-térieur » : qui sort dehors…

Les émotions sont la locomotive qui met en mouvement le train de nos vies
et fait sortir nos ressentis du dedans pour les transformer en action extérieure :

Attiré intérieurement pour aller à la rencontre…
Apeuré  et tremblant intérieurement pour me mettre à l’abri…
Heureux de cœur et d’esprit pour aller embrasser et danser…
Triste et touché au plus profond, pour pleurer et aller chercher du soutien…
En colère pour oser dire stop…

EX-PRESSION

Les émotions… pour faire sortir la pression !
Les émotions : des mouvements de l’être intérieur vers l’extérieur
pour s’ajuster à la vie, avec ses attraits et ses dangers…

L’émotion s’ex-prime !
Si tu la ré-primes
tu la com-primes à l’intérieur,
elles s’im-prime dans ton corps en mémoire et en somatisation,
jusqu’à la dé-prime de ton esprit et de ton coeur
qui sup-prime toi ou l’autre…

Qui a dit qu’il faut se méfier des émotions et les faire taire ?
Exprimer nos émotions nous permet d’éviter ce processus mortifère.

Les émotions, qu’est-ce qu’on en fait ? 

SORTIR DU PIÈGE

Envahi par les émotions négatives et les blessures,
anéanti par la douleur, la colère, la trahison, l’abandon…
Toujours deux alternatives :

Ou bien J’ENFOUIS EN MOI mes émotions
comme une bête blessée se réfugie dans son terrier,
et je me recroqueville dans le silence et le mutisme.
Rongé de l’intérieur, jusqu’à l’intoxication et à l’empoisonnement destructeur…
Aigri, dépressif, acariâtre ou violent… les somatisations ont remplacé la motivation…

Sortir du piège du silence qui me pourrit la vie
pour vider le trop-plein,
en osant dire, et parfois crier : « j’ai mal ! », « je suis en colère ! », « j’ai honte ! »
en « mettant des mots sur les maux »
seul ou en présence d’une personne bienveillante.

Puis décoder le message dont est porteur toute émotion :
mon émotion est pour moi : elle vient me parler de ma blessure et jamais de l’agresseur,
elle vient me signaler mon besoin vital satisfait ou insatisfait,
elle vient m’alerter, m’inviter à me protéger,
à prendre soin de moi, à réorienter mes choix…

Ou bien JE PROJETTE SUR L’AUTRE ma rancœur, transformant l’émotion qui parle de moi
en arme qui accuse ou écrase l’autre, dans un accès de violence,
comme si je m’attaquais au vent parce que mon toit s’est envolé !
Agressif, cynique, sarcastique, accusateur… Tu crois traiter ta blessure en blessant l’autre.

Sortirdu piège du détournement de l’émotion en violence
en exprimant ce que je ressens, plutôt que de parler de l’autre…
en soignant ma blessure plutôt que de régler son compte à l’agresseur
comme je soigne ma plaie plutôt que de m’énerver sur la branche qui m’a éraflé…

Et quand j’aurai pris soin de moi et renoncé à rendre coup pour coup
dans un cercle vicieux de violence qui ne fait qu’amplifier la hargne qui m’intoxique,
je pourrai peut-être rejoindre l’autre, pour dire non, sans agresser,
pour affirmer mes limites  et me faire respecter sans faire violence.

CANALISER LES ÉMOTIONS

Qui a dit qu’il faut se méfier des émotions et les faire taire ?
Ceux qui nous ont dit cela pensaient le faire pour notre bien,
parce que eux-mêmes n’avaient pas le mode d’emploi :
par peur de se blesser ou de blesser l’autre, ils préféraient les éviter…

C’est l’inverse qui libère et remet debout :
Il s’agit de laisser sortir l’émotion
pour pouvoir sortir DE l’émotion
en passant à l’action pour satisfaire mes besoins vitaux…

Et voici une méthode :

Accueillir :      parce que l’émotion est un message que mon être intérieur m’adresse
pour m’ajuster aux réalités du monde et de mon entourage, tels qu’ils sont

Décoder :        non je ne suis pas trop sensible ! Ma sensibilité est mon système d’alerte !
Si je ne l’écoute pas, elle m’envahit…
Si je m’identifie à elle, je risque de moyer…
Si je dialogue avec elle, elle m’oriente.

Exp-primer :    seuls les mots peuvent désinfecter les blessures et faire exister l’amour…
Dire comme ça vient, sans censurer, sauf les insultes et la violence…

Transformer : la colère devient affirmation de moi, la peur devient confiance en moi,
le désir devient amitié ou amour… et je trouve en moi la source de mon bien-être.

Nos émotions ainsi canalisées deviennent sources de stabilité et de d’énergie,
comme une source canalisée abreuve une ville…
comme les pluies diluviennes canalisées évitent les inondations et irriguent la terre…

Marc THOMAS, Consultant en Compétences relationnelles
26 avril 2020
mthomas@competences-relationnelles.com

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Solidaires face à l’épidémie de la peur

Un virus mondialisé !

Avec ou sans virus,
depuis toujours et pour toujours,
d’un bout à l’autre du monde,
chacun respire l’air passé dans les poumons de ses voisins.
Une respiration sans barrières ni frontières
contagieuse de vie ou de toxicité…
C’est l’interconnexion qui nous relie chacun à tous les autres,
de la naissance à la mort !

Quel beau symbole paradoxal, notre respiration :
respirer : la nécessité première du vivant…
respirer : l’un des principaux risques d’intoxication mortelle…
Du premier inspire au dernier soupir, nous sommes reliés
plongés dans le même air où nous respirons la vie et la mort…

Si nous voulons respirer pour vivre, masqués ou non,
nous n’avons pas d’autre choix que cette interconnexion.
Cette interconnexion qui nous apparaît aujourd’hui comme un danger,
est paradoxalement, notre seule planche de salut :
nous la fuyons au risque de l’enfermement et de la méfiance,
ou nous l’acceptons au pari de la solidarité et de la confiance.

Un virus mondialisé !
Il nourrit les peurs de l’autre
au point d’amplifier les méfiances et les racismes
et de déclencher des « sauve-qui-peut » individualistes et parfois assassins.
Vouloir respirer seul, coupés du monde, dans la méfiance et le rejet,
nous conduit plus sûrement encore et à court terme à l’asphyxie !

Nous n’avons pas d’autre choix que d’être solidaires
en se protégeant et en protégeant tous les autres
par la distance ou le confinement,
comme une crème ou un chapeau
protège des brûlures du soleil…
Nous n’avons pas d’autre choix que d’être solidaires,
refusant de stigmatiser ceux qui pourraient nous contaminer,
protégeant les plus fragiles,
et acceptant notre commune fragilité d’être humains,
tous potentiellement contaminés et contaminants,
et pas seulement du coronavirus !

Solidaires pour transformer nos fragilités en force collective…

Un virus mondialisé !
Il nourrit les peurs sur l’économie et le travail,
au point de faire chuter les bourses,
et d’inquiéter légitimement les entreprises les plus fragiles.

Nous n’avons pas d’autre choix que d’être solidaires,
apprenant à réagir dans la confiance plutôt que dans la peur du manque,
privilégiant les petits commerçants ou les travailleurs les plus en danger,
interrogeant les limites de la mondialisation économique,
dénonçant les stratégies du « toujours plus » au bénéfice de quelques-uns,
inventant des moyens nouveaux pour respecter toute fragilité,
et d’abord celle d’un environnement essoufflé de notre sur-consommation.

Solidaires pour sauver la planète
en remplaçant la compétition par la coopération.

Un virus mondialisé !
Il nourrit nos peurs de perdre et de nous perdre,
perdre notre indépendance et notre liberté d’aller et de venir,
perdre tous ces éléments extérieurs
auxquels nous avons dévolu la garantie de notre sécurité,
parce que nous n’avons pas cherché dans nos ressources intérieures
la seule sécurité qui rend vraiment heureux…

Nous n’avons pas d’autre choix que d’être solidaires
pour nous protéger et protéger les autres :
décider de privilégier la confiance en soi et la confiance en l’autre,
choisir de se confiner parfois en soi pour mieux s’écouter,
éructer son venin agressif dans son coude plutôt que sur l’autre,
désinfecter nos blessures comme on jette un mouchoir ou une compresse infectés
plutôt que de se replonger sans cesse dans la rumination de l’aigreur,
mettre de l’espace dans des affects trop fusionnels ou explosifs,
pour trouver la distance favorable à une relation vraie
où chacun reste autonome dans l’échange et le partage…

Solidaires pour expérimenter le bonheur d’être soi au milieu des autres.

Un virus mondialisé !
Il nourrit nos peurs nos peurs de l’imprévu et de l’inconnu,
de la maladie et de la mort,
Il nous déstabilise devant ce que nous ne maîtrisons pas…

Nous n’avons pas d’autre choix que d’être solidaires
et confiants dans les scientifiques et médecins  du monde entier
interconnectés les uns aux autres, je l’espère,
pour décoder ce virus et toutes les autres maladies et nous en protéger…
Solidaires comme tous les voisins, amis et soignants
qui veillent sur les malades confinés en quatorzaine…
Solidaires comme celles et ceux qui cherchent à faire tourner les entreprises
dans des conditions nouvelles, imprévues et improbables,
pour assurer le minimum vital, social et démocratique à chacune et chacun…
Solidaires, apprenant grâce à cette épidémie
à jeter comme un mouchoir infecté notre « chacun-pour-soi » suicidaire,
et à conforter notre interdépendance vitale.

Solidaires pour bénéficier tous
des richesses de l’interdépendance et de la diversité.

Fragiles et solidaires…
pour juguler ensemble l’épidémie de la peur !

Marc THOMAS
Consultant formateur en Compétences relationnelles
mthomas@competences-relationnelles.com

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Éponge émotionnelle :
se blinder ? se protéger ?

Mail reçu d’une personne

Cette personne a suivi une formation avec Compétences relationnelles Océan Indien :

J’aimerais avoir ton regard sur une situation que j’ai vécue, du moins une remarque que l’on m’a dit et qui m’interpelle parce que je fais d’énormes efforts sur moi-même depuis plusieurs années et j’ai au final toujours l’impression qu’en face ça ne leur suffit pas (au niveau du travail et parfois familial). Je suis donc un peu découragée et fatiguée.

(Au travail, une personne) m’a dit il y a quelques jours que j’étais comme une éponge, que j’absorbais les émotions des autres et qu’il fallait que je me blinde plus. J’ai répondu dans son sens dans un premier temps : effectivement j’ai une sensibilité particulière même si je n’arrive pas forcément moi-même à dire mes émotions et que je les garde beaucoup, cela vient aussi de mon adolescence. Mais dans un deuxième temps après y avoir réfléchi ce qui m’embête c’est que cette remarque me donne l’impression que tous les efforts que je fais sur moi-même sont quasiment inutiles alors que je sais bien que j’ai quand même bien avancé comparé à quelques années de cela. Comment se blinder plus ?

La réponse de Marc


TU NE PEUX PAS BLINDER TA SENSIBILITÉ

Oui, les efforts que tu fais sur toi-même pour te blinder sont inutiles… parce qu’il est impossible à un être humain de se blinder devant les émotions de l’autre, sauf à s’enfermer dans sa tour d’ivoire et à devenir insensible et inhumain, c’est-à-dire totalement égocentrique et coupé de toute relation vraie.

Ta sensibilité est ton premier canal de contact avec le monde et avec toi-même. Elle te permet d’agir, de réagir et d’entrer en relation ou de te protéger. Elle est ta capacité d’ouverture, d’adaptation et de créativité. C’est ta sensibilité qui te fait humain !

Tu ne pourrais te blinder qu’en construisant un mur en béton armé entre toi et les autres, ou en leur déclarant la guerre. Ce n’est pas ce que tu veux, ni ce que les autres te demandent. Heureusement que tes efforts ne t’ont pas permis de réussir un tel enfermement !

Mais cette si belle sensibilité nous joue aussi des tours quand elle est touchée « en plein cœur » par le choc ou l’agression. Comment alors se défendre ? Faut-il rester une éponge, envahi et déstabilisé en permanence par les émotions de l’autre qui viennent parfois alimenter les miennes ? Comment faire pour ne pas m’y noyer ?

SE PROTÉGER

Il ne s’agit pas de me blinder, mais de me protéger. Quand il fait trop chaud ou trop froid, je peux me blinder en m’enfermant chez moi, en fermant portes, volets et fenêtres et attendre un temps plus clément. Mais je peux aussi aller vaquer à mes occupations en me protégeant : s’il fait chaud, un chapeau, des lunettes de soleil, une crème contre les coups de soleil… S’il fait froid, un gros pull, des gants, des bonnes chaussures… Autrement dit, se protéger n’est pas s’enfermer, mais s’adapter à l’environnement !

De même, pour éviter d’être une éponge émotionnelle, je peux me protéger et m’adapter, en deux étapes différentes et complémentaires :

  • laisser à l’autre ce qui lui appartient: ses larmes, sa colère, sa peur, sa tristesse, sa joie, son espoir… sont à lui ! Je n’ai pas à les prendre sur moi, ni à les rejeter. L’autre exprime son émotion par des mots, par des gestes, des larmes, des rires, un ton de voix qui s’accélère ou qui s’amplifie… C’est lui qui parle, qui se parle à lui-même, qui vide son trop plein, qui « travaille » son émotion pour en percevoir le message…
    Je peux tout entendre, sauf ses attaques ou ses insultes : devant l’agressivité et la violence, c’est toujours non, c’est toujours stop, et en cas de récidive, je ne me blinde pas, je ne rumine pas, mais je me retire, comme on se retire quand la houle est trop forte ou quand l’orage éclate.
  • accueillir l’autre tel qu’il est : tout ce qu’il exprime lui appartient, je ne suis pas là pour le prendre sur moi, pour m’apitoyer ou pour lui donner la solution. Je suis là pour lui permettre de s’exprimer et d’être entendu… C’est si vrai que très souvent, je ne fais qu’écouter, je ne dis rien… et à la fin, l’autre me dit : « Ça fait du bien, je me sens mieux, merci de m’avoir écouté, tu m’as bien aidé… » Et pourtant, je n’ai rien fait d’autre que l’écouter, et c’est lui qui s’est soulagé lui-même parce que ma présence « accompagnante » lui a permis de le faire.


L’ÉPONGE 
ÉMOTIONNELLE

J’imagine qu’en lisant ce que je t’écris, tu te dis : « oui, tout cela, c’est facile à dire, mais moi je n’y arrive pas : quand l’autre m’exprime ses émotions, j’ai beau savoir tout ça, je reste une éponge saturée. »

Si je reste une éponge saturée, c’est probablement parce qu’il y a confusion : les émotions de l’autre viennent se confondre avec les miennes. Dans le courrier que tu m’as écrit et que j’ai cité ci-dessus, tu écris : « effectivement j’ai une sensibilité particulière même si je n’arrive pas forcément moi-même à dire mes émotions et que je les garde beaucoup. » Et c’était ta première réponse au phénomène de « l’éponge ». Cette première réponse est juste : plus je garde en moi mes propres émotions, plus je suis envahi, parfois jusqu’au débordement que j’essaie de contenir par mes efforts… L’émotion de l’autre est alors le déclencheur, la goutte qui fait déborder le vase… et que je n’arrive même plus à éponger, tellement mon éponge personnelle est engorgée !

Pour me protéger du soleil, ma peau absorbe comme une éponge la crème qui me protège de la brûlure des rayons. Pour me protéger de l’émotion de l’autre tout en l’accueillant, il me faut une capacité d’absorption, une sorte d’ « éponge émotionnelle »… Mais cela ne fonctionne qu’à la stricte condition que je me serve de l’éponge dans ses deux utilisations : absorber et évacuer ! Absorber l’émotion qui jaillit, et essorer l’éponge pour en évacuer le trop plein. Comment donc essorer l’éponge émotionnelle ? Uniquement par les mots, par le mouvement, par les expressions telles que les rires, les larmes, les gestes…

UNE PRESSION VIVIFIANTE

Les émotions sont autant de fluides qui me traversent et coulent en moi pour m’irriguer et me donner la vie… Les émotions sont comme le cœur qui fait « pression » pour pousser le sang dans mes veines : toutes les parties de mon corps en reçoivent l’énergie et la vie. Les émotions circulent comme le sang dans mon corps ou comme les informations sur Internet :

  • elles m’informent de ce qui peut énergiser ma vie (la joie, l’espoir, l’amour…) ;
  • elles m’alertent des dangers (les peurs, l’hésitation, la fatigue…) ;
  • elles me signalent mes besoins satisfaits ou insatisfaits (sommeil, faim, paix…)
  • elles évacuent ce qui me pollue ou me détruit (les larmes, la colère, les cris…).

Si je me blinde, c’est comme si je laissais s’installer un caillot : l’hémorragie m’envahit et me noie ! L’AVC émotionnel me sidère et me tétanise !

Au sens étymologique du mot, « é-motion » signifie : mouvement qui sort, de l’intérieur vers l’extérieur… C’est une « ex-pression », c’est-à-dire une pression qui s’ex-tériorise

Me blinder consiste à faire violence à ce mouvement !
Quand je me blinde,
au lieu de m’ex-primer, je ré-prime
et mon émotion s’im-prime (je rumine et je somatise),
puis je dé-prime,
parfois jusqu’à la violence qui sup-prime moi ou l’autre…

Voila pourquoi la seule manière de me protéger de l’émotion de l’autre n’est pas de me blinder, ni de « garder en moi » ma propre émotion, mais de l’exprimer pour la canaliser et en comprendre le message.

PASSER A L’EX-PRESSION

Il reste maintenant une dernière étape : savoir pourquoi j’ai appris à « garder en moi » l’émotion ?

C’est peut-être le fruit d’une éducation où les adultes ont pensé que c’était le meilleur moyen de protéger l’enfant que j’étais des agressions du monde extérieur…

C’est peut-être la peur de ne pas savoir quoi faire de ces émotions et d’être déstabilisé…

C’est peut-être la croyance que les émotions sont des faiblesses qu’il faut taire pour ne pas apparaître vulnérable aux yeux des autres…

C’est peut-être des situations vécues très douloureusement qui m’ont laissé sans voix et seul face à ma blessure…

C’est peut-être la conséquence d’une culture qui privilégie le mental et ses analyses dites « raisonnables » sur l’émotionnel qui apparaît suspect parce que subjectif et imprévisible…

Quoi qu’il en soit et sans juger celles et ceux qui ont cru nous faire du bien en nous proposant de garder nos émotions ou de nous blinder, l’expérience de nos vies en est la preuve : garder l’émotion nous pollue et nous fait ruminer jusqu’à l’aigreur. S’interdire de parler les émotions conduit à la violence contre soi ou contre les autres.

Dans le courrier que j’ai cité au début de cet article, tu écrivais ceci, en évoquant tes émotions : « je les garde beaucoup, cela vient aussi de mon adolescence ». Tu pourras probablement dire tes émotions et accueillir sans difficulté celles des autres le jour où tu auras pu débriefer dans un dialogue de confiance ce qui s’est passé dans ton adolescence, en décoder le sens, et en réparer les éventuels dégâts.

« Seule la parole peut désinfecter et cicatriser les blessures… » (Marc THOMAS et Patricia LEBON : Au cœur de soi. La Réunion. 2017. p. 143)

Seule l’expression permet de rester soi en s’adaptant à l’autre…
Accueillir et se protéger, dans le même mouvement !
S’enraciner dans notre terreau personnel pour pouvoir accueillir la pluie et le soleil
sans se noyer ni se brûler…

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »  – 10 mars 2020
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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La réponse de Laëtitia

En quête d’équilibre : sensibilité et force intérieure 

Pourquoi les personnes sensibles absorbent-elles les émotions des autres?
Tu parles d’une sensibilité particulière …

LA SENSIBILITÉ : UNE FINESSE DE PERCEPTION

J’espère ne pas me méprendre en développant que cette sensibilité est une forme de capacité à être à l’écoute, ou en grande ouverture sur ce qui nous entoure : émotions,  sensations,  ressentis, subtilités des sens … 

 Nous sommes attentives …
Nous avons aussi un monde intérieur riche,
où nous cultivons cette magie du monde.

C’est un super pouvoir, un atout
car nous sentons beaucoup de choses,
imperceptibles pour d’autres,
et nous avons aussi de belles capacités d’associations d’idées et donc de créativité.

On peut dire que nous avons une finesse de perception.   

LA SENSIBILITÉ : UNE ÉPREUVE

Mais ce super pouvoir a aussi un revers …

Nous ne remettons pas ce fonctionnement en question
lorsque nous sommes heureux et bien entourés.
Le problème arrive lorsque nous sommes ouvertes sur des émissions « négatives ».

Alors notre fameux atout d’ouverture
devient dans ce cas une porte ouverte aux déchets des autres…
à leur colère, leurs jugements, leur rejet, leurs interprétations…

BLINDÉ A L’EXTÉRIEUR ? OU FORT A L’INTÉRIEUR ?

Mais que nous dit la vie dans cette situation  ?
Que veux-t-elle nous faire comprendre ?
Tu parles de se blinder … c’est à dire ?
Tu entends peut-être devenir plus forte … 

Mais qu’est-ce que la force ? La domination, l’écrasement, la fermeture … ?
Cette force là n’apparaît pas très désirable…
Et avec elle vient aussi son lot de problèmes…

Cette force là oublie l’autre, elle est portée sur elle-même,
par peur, par agressivité, par égocentrisme, par manque de perception…

Comment rester ouvert à l’autre tout en étant fort … intérieurement finalement ?

NOS TALENTS A OFFRIR

Peut être doutons nous de nous-même, de notre propre valeur ?
Quelles sont nos capacités ? 
Qu’avons nous à offrir à l’autre ? Qu’avons nous à offrir au monde ?

Car il y a un problème d’équilibre :
si nous sommes seulement en position de réception, ou est notre potentiel d’émission ? 

Prenons conscience de nos forces, de ce que nous avons à offrir !
Ainsi l’autre aura naturellement beaucoup moins d’impact
sur notre propre sentiment de dignité.

Quelque chose en nous doute que l’agresseur ait raison…
Quelque chose en nous doute de nous même, de notre potentiel.

La légitimité de notre place dans ce monde
ne dépend pas de la façon dont les autres nous traitent.

Nous avons forcément des talents et des choses à offrir… 

Notre travail est de les découvrir, les remettre en lumière,
peut être simplement en prendre conscience
car finalement nous offrons certainement déjà au quotidien.

Mettons les mots sur nos talents.
Félicitons nous et remercions la vie pour ces capacités.
Soyons confiants en nous-même.
Découvrons ce doux équilibre entre accueil de l’autre et rayonnement de soi.

Alors certes, la vie ne peut jamais être toute rose…
Néanmoins la force intérieure, la stabilité, la dignité sont des valeurs nobles,
qu’il peut être intéressant de garder à l’esprit.

Comment ces valeurs peuvent se manifester dans ma vie
dans ce que je ressens pour moi même ?

Laetitia de PLACE
en formation à Compétences relationnelles Océan Indien

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Éponge émotionnelle :
se blinder ou se protéger ?

Mail reçu d’une personne

Cette personne a suivi une formation avec Compétences relationnelles Océan Indien :

J’aimerais avoir ton regard sur une situation que j’ai vécue, du moins une remarque que l’on m’a dit et qui m’interpelle parce que je fais d’énormes efforts sur moi-même depuis plusieurs années et j’ai au final toujours l’impression qu’en face ça ne leur suffit pas (au niveau du travail et parfois familial). Je suis donc un peu découragée et fatiguée.

 (Au travail, une personne) m’a dit il y a quelques jours que j’étais comme une éponge, que j’absorbais les émotions des autres et qu’il fallait que je me blinde plus. J’ai répondu dans son sens dans un premier temps : effectivement j’ai une sensibilité particulière même si je n’arrive pas forcément moi-même à dire mes émotions et que je les garde beaucoup, cela vient aussi de mon adolescence. Mais dans un deuxième temps après y avoir réfléchi ce qui m’embête c’est que cette remarque me donne l’impression que tous les efforts que je fais sur moi-même sont quasiment inutiles alors que je sais bien que j’ai quand même bien avancé comparé à quelques années de cela. Comment se blinder plus ?

La réponse de Marc


TU NE PEUX PAS BLINDER TA SENSIBILITÉ

Oui, les efforts que tu fais sur toi-même pour te blinder sont inutiles… parce qu’il est impossible à un être humain de se blinder devant les émotions de l’autre, sauf à s’enfermer dans sa tour d’ivoire et à devenir insensible et inhumain, c’est-à-dire totalement égocentrique et coupé de toute relation vraie.

Ta sensibilité est ton premier canal de contact avec le monde et avec toi-même. Elle te permet d’agir, de réagir et d’entrer en relation ou de te protéger. Elle est ta capacité d’ouverture, d’adaptation et de créativité. C’est ta sensibilité qui te fait humain !

Tu ne pourrais te blinder qu’en construisant un mur en béton armé entre toi et les autres, ou en leur déclarant la guerre. Ce n’est pas ce que tu veux, ni ce que les autres te demandent. Heureusement que tes efforts ne t’ont pas permis de réussir un tel enfermement !

Mais cette si belle sensibilité nous joue aussi des tours quand elle est touchée « en plein cœur » par le choc ou l’agression. Comment alors se défendre ? Faut-il rester une éponge, envahi et déstabilisé en permanence par les émotions de l’autre qui viennent parfois alimenter les miennes ? Comment faire pour ne pas m’y noyer ?

SE PROTÉGER

Il ne s’agit pas de me blinder, mais de me protéger. Quand il fait trop chaud ou trop froid, je peux me blinder en m’enfermant chez moi, en fermant portes, volets et fenêtres et attendre un temps plus clément. Mais je peux aussi aller vaquer à mes occupations en me protégeant : s’il fait chaud, un chapeau, des lunettes de soleil, une crème contre les coups de soleil… S’il fait froid, un gros pull, des gants, des bonnes chaussures… Autrement dit, se protéger n’est pas s’enfermer, mais s’adapter à l’environnement !

De même, pour éviter d’être une éponge émotionnelle, je peux me protéger et m’adapter, en deux étapes différentes et complémentaires :

  • laisser à l’autre ce qui lui appartient: ses larmes, sa colère, sa peur, sa tristesse, sa joie, son espoir… sont à lui ! Je n’ai pas à les prendre sur moi, ni à les rejeter. L’autre exprime son émotion par des mots, par des gestes, des larmes, des rires, un ton de voix qui s’accélère ou qui s’amplifie… C’est lui qui parle, qui se parle à lui-même, qui vide son trop plein, qui « travaille » son émotion pour en percevoir le message…
    Je peux tout entendre, sauf ses attaques ou ses insultes : devant l’agressivité et la violence, c’est toujours non, c’est toujours stop, et en cas de récidive, je ne me blinde pas, je ne rumine pas, mais je me retire, comme on se retire quand la houle est trop forte ou quand l’orage éclate.
  • accueillir l’autre tel qu’il est : tout ce qu’il exprime lui appartient, je ne suis pas là pour le prendre sur moi, pour m’apitoyer ou pour lui donner la solution. Je suis là pour lui permettre de s’exprimer et d’être entendu… C’est si vrai que très souvent, je ne fais qu’écouter, je ne dis rien… et à la fin, l’autre me dit : « Ça fait du bien, je me sens mieux, merci de m’avoir écouté, tu m’as bien aidé… » Et pourtant, je n’ai rien fait d’autre que l’écouter, et c’est lui qui s’est soulagé lui-même parce que ma présence « accompagnante » lui a permis de le faire.


L’ÉPONGE 
ÉMOTIONNELLE

J’imagine qu’en lisant ce que je t’écris, tu te dis : « oui, tout cela, c’est facile à dire, mais moi je n’y arrive pas : quand l’autre m’exprime ses émotions, j’ai beau savoir tout ça, je reste une éponge saturée. »

Si je reste une éponge saturée, c’est probablement parce qu’il y a confusion : les émotions de l’autre viennent se confondre avec les miennes. Dans le courrier que tu m’as écrit et que j’ai cité ci-dessus, tu écris : « effectivement j’ai une sensibilité particulière même si je n’arrive pas forcément moi-même à dire mes émotions et que je les garde beaucoup. » Et c’était ta première réponse au phénomène de « l’éponge ». Cette première réponse est juste : plus je garde en moi mes propres émotions, plus je suis envahi, parfois jusqu’au débordement que j’essaie de contenir par mes efforts… L’émotion de l’autre est alors le déclencheur, la goutte qui fait déborder le vase… et que je n’arrive même plus à éponger, tellement mon éponge personnelle est engorgée !

Pour me protéger du soleil, ma peau absorbe comme une éponge la crème qui me protège de la brûlure des rayons. Pour me protéger de l’émotion de l’autre tout en l’accueillant, il me faut une capacité d’absorption, une sorte d’ « éponge émotionnelle »… Mais cela ne fonctionne qu’à la stricte condition que je me serve de l’éponge dans ses deux utilisations : absorber et évacuer ! Absorber l’émotion qui jaillit, et essorer l’éponge pour en évacuer le trop plein. Comment donc essorer l’éponge émotionnelle ? Uniquement par les mots, par le mouvement, par les expressions telles que les rires, les larmes, les gestes…

UNE PRESSION VIVIFIANTE

Les émotions sont autant de fluides qui me traversent et coulent en moi pour m’irriguer et me donner la vie… Les émotions sont comme le cœur qui fait « pression » pour pousser le sang dans mes veines : toutes les parties de mon corps en reçoivent l’énergie et la vie. Les émotions circulent comme le sang dans mon corps ou comme les informations sur Internet :

  • elles m’informent de ce qui peut énergiser ma vie (la joie, l’espoir, l’amour…) ;
  • elles m’alertent des dangers (les peurs, l’hésitation, la fatigue…) ;
  • elles me signalent mes besoins satisfaits ou insatisfaits (sommeil, faim, paix…)
  • elles évacuent ce qui me pollue ou me détruit (les larmes, la colère, les cris…).

Si je me blinde, c’est comme si je laissais s’installer un caillot : l’hémorragie m’envahit et me noie ! L’AVC émotionnel me sidère et me tétanise !

Au sens étymologique du mot, « é-motion » signifie : mouvement qui sort, de l’intérieur vers l’extérieur… C’est une « ex-pression », c’est-à-dire une pression qui s’ex-tériorise

Me blinder consiste à faire violence à ce mouvement !
Quand je me blinde,
au lieu de m’ex-primer, je ré-prime
et mon émotion s’im-prime (je rumine et je somatise),
puis je dé-prime,
parfois jusqu’à la violence qui sup-prime moi ou l’autre…

Voila pourquoi la seule manière de me protéger de l’émotion de l’autre n’est pas de me blinder, ni de « garder en moi » ma propre émotion, mais de l’exprimer pour la canaliser et en comprendre le message.

PASSER A L’EX-PRESSION

Il reste maintenant une dernière étape : savoir pourquoi j’ai appris à « garder en moi » l’émotion ?

C’est peut-être le fruit d’une éducation où les adultes ont pensé que c’était le meilleur moyen de protéger l’enfant que j’étais des agressions du monde extérieur…

C’est peut-être la peur de ne pas savoir quoi faire de ces émotions et d’être déstabilisé…

C’est peut-être la croyance que les émotions sont des faiblesses qu’il faut taire pour ne pas apparaître vulnérable aux yeux des autres…

C’est peut-être des situations vécues très douloureusement qui m’ont laissé sans voix et seul face à ma blessure…

C’est peut-être la conséquence d’une culture qui privilégie le mental et ses analyses dites « raisonnables » sur l’émotionnel qui apparaît suspect parce que subjectif et imprévisible…

Quoi qu’il en soit et sans juger celles et ceux qui ont cru nous faire du bien en nous proposant de garder nos émotions ou de nous blinder, l’expérience de nos vies en est la preuve : garder l’émotion nous pollue et nous fait ruminer jusqu’à l’aigreur. S’interdire de parler les émotions conduit à la violence contre soi ou contre les autres.

Dans le courrier que j’ai cité au début de cet article, tu écrivais ceci, en évoquant tes émotions : « je les garde beaucoup, cela vient aussi de mon adolescence ». Tu pourras probablement dire tes émotions et accueillir sans difficulté celles des autres le jour où tu auras pu débriefer dans un dialogue de confiance ce qui s’est passé dans ton adolescence, en décoder le sens, et en réparer les éventuels dégâts.

« Seule la parole peut désinfecter et cicatriser les blessures… » (Marc THOMAS et Patricia LEBON : Au cœur de soi. La Réunion. 2017. p. 143)

Seule l’expression permet de rester soi en s’adaptant à l’autre…
Accueillir et se protéger, dans le même mouvement !
S’enraciner dans notre terreau personnel pour pouvoir accueillir la pluie et le soleil
sans se noyer ni se brûler…

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »  – 10 mars 2020
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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La réponse de Laëtitia

En quête d’équilibre : sensibilité et force intérieure 

Pourquoi les personnes sensibles absorbent-elles les émotions des autres?
Tu parles d’une sensibilité particulière …

LA SENSIBILITÉ : UNE FINESSE DE PERCEPTION

J’espère ne pas me méprendre en développant que cette sensibilité est une forme de capacité à être à l’écoute, ou en grande ouverture sur ce qui nous entoure : émotions,  sensations,  ressentis, subtilités des sens … 

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Finesse-perceptions.jpg.
 
 

 Nous sommes attentives …
Nous avons aussi un monde intérieur riche,
où nous cultivons cette magie du monde.

C’est un super pouvoir, un atout
car nous sentons beaucoup de choses,
imperceptibles pour d’autres,
et nous avons aussi de belles capacités d’associations d’idées et donc de créativité.

On peut dire que nous avons une finesse de perception.   

LA SENSIBILITÉ : UNE ÉPREUVE

Mais ce super pouvoir a aussi un revers …

Nous ne remettons pas ce fonctionnement en question
lorsque nous sommes heureux et bien entourés.
Le problème arrive lorsque nous sommes ouvertes sur des émissions « négatives ».

Alors notre fameux atout d’ouverture
devient dans ce cas une porte ouverte aux déchets des autres…
à leur colère, leurs jugements, leur rejet, leurs interprétations…

BLINDÉ A L’EXTÉRIEUR ? OU FORT A L’INTÉRIEUR ?

Mais que nous dit la vie dans cette situation  ?
Que veux-t-elle nous faire comprendre ?
Tu parles de se blinder … c’est à dire ?
Tu entends peut-être devenir plus forte … 

Mais qu’est-ce que la force ? La domination, l’écrasement, la fermeture … ?
Cette force là n’apparaît pas très désirable…
Et avec elle vient aussi son lot de problèmes…

Cette force là oublie l’autre, elle est portée sur elle-même,
par peur, par agressivité, par égocentrisme, par manque de perception…

Comment rester ouvert à l’autre tout en étant fort … intérieurement finalement ?

NOS TALENTS A OFFRIR

Peut être doutons nous de nous-même, de notre propre valeur ?
Quelles sont nos capacités ? 
Qu’avons nous à offrir à l’autre ? Qu’avons nous à offrir au monde ?

Car il y a un problème d’équilibre :
si nous sommes seulement en position de réception, ou est notre potentiel d’émission ? 

Prenons conscience de nos forces, de ce que nous avons à offrir !
Ainsi l’autre aura naturellement beaucoup moins d’impact
sur notre propre sentiment de dignité.

Quelque chose en nous doute que l’agresseur ait raison…
Quelque chose en nous doute de nous même, de notre potentiel.

La légitimité de notre place dans ce monde
ne dépend pas de la façon dont les autres nous traitent.

Nous avons forcément des talents et des choses à offrir… 

Notre travail est de les découvrir, les remettre en lumière,
peut être simplement en prendre conscience
car finalement nous offrons certainement déjà au quotidien.

Mettons les mots sur nos talents.
Félicitons nous et remercions la vie pour ces capacités.
Soyons confiants en nous-même.
Découvrons ce doux équilibre entre accueil de l’autre et rayonnement de soi.

Alors certes, la vie ne peut jamais être toute rose…
Néanmoins la force intérieure, la stabilité, la dignité sont des valeurs nobles,
qu’il peut être intéressant de garder à l’esprit.

Comment ces valeurs peuvent se manifester dans ma vie
dans ce que je ressens pour moi même ?

Laetitia de PLACE
en formation à Compétences relationnelles Océan Indien

« C’est mon être intérieur »

Claire *, jeune mère de famille, cherche un accompagnement pour développer la confiance en soi. Dans cette première rencontre, elle évoque sa méfiance de ses émotions, qu’elle a toujours tenu à distance ou refoulées parce qu’elles lui apparaissent comme des faiblesses, et parce qu’elle ne sait pas quoi en faire. Mais elle se sent perdue et ne sais pas quoi faire de sa vie…

Lentement, j’invite Claire à modifier sa posture vis-à-vis de ses émotions : à les regarder, non plus comme un danger dont il faut se méfier, mais comme un message de son être intérieur qui lui indique ce qui est bon pour elle ou qui l’alerte sur ce qui la met en danger…

Et je lui propose deux pistes pour apprivoiser lentement ces émotions qui lui font encore peur et pour les canaliser : d’abord nommer ce qui les a déclenchées, découvrir que sa réaction à un événement ne parle que d’elle puisqu’une autre personne à sa place aurait pu réagir très différemment. Et ensuite chercher le message de cette émotion qui lui indique un besoin vital satisfait ou insatisfait, un bonheur à fêter, un manque à combler ou un danger à éviter…

Petit à petit, à travers des exemples de sa vie quotidienne familiale et professionnelle, Claire découvre comment accueillir des émotions qu’elle refoulait, et en quoi ces émotions lui parlent de ses besoins personnels profonds…

Après seulement 45 minutes d’entretien, elle me dit : « Je me sens bien ». Je lui propose de préciser ce qu’elle ressent : « Je me sens apaisée, soulagée. » Je lui demande ce qui est apaisé et soulagé. « C’est mon être intérieur ». Et ses larmes coulent, de l’intense émotion d’une personne qui a touché quelque chose de précieux en elle. Quelques instants après, elle ajoute : « Mon être intérieur, j’ai toujours pensé que c’était impossible à y avoir accès, et je ne savais qui j’étais… Aujourd’hui, j’ai touché mon être intérieur ».

En se levant pour partir, le regard illuminé elle ajoute : « Un grand moment ! »

Claire, il t’a suffit d’accueillir tes émotions
pour te connecter enfin à ton être intérieur !
Bonne route à toi, bonne route vers toi !                                 
Marc – novembre 2019

* Prénom modifié                                                         Télécharger en pdf

Tes émotions sont ta boussole

Quand tu marches dans le désert ou dans la forêt, ta boussole te permet de t’orienter…
En particulier quand le temps est gris et le soleil invisible : sans boussole, tu perds le nord !

Tes émotions sont ta boussole !
Tes ressentis t’indiquent la direction à prendre pour tracer ta route.
si tu n’accueilles pas tes émotions, tu perds le nord, jusqu’au mal-être !

Quand tu es dans un contexte favorable,
quand les personnes qui t’entourent sont bienveillantes et aimantes
tu te sens heureux ou serein…
Ne te contente pas d’admirer les autres !
Ecoute tes émotions t’orienter vers ce qui est bon pour toi
et vers ton besoin de t’en nourrir.

Quand tu es en danger,
quand tu es confronté à des situations ou des relations stressantes,
tu te sens envahi par la peur, l’anxiété ou l’angoisse…
Ne te focalise pas sur ce qui te fait peur !
Ecoute tes émotions t’alerter sur les risques à éviter
et sur ton besoin de protection.

Quand tu es motivé,
quand tu te découvres capable d’investissements inattendus,
tu te sens plein d’espoir et d’énergie pour réussir…
Ne te sers pas de ton dynamisme pour  éblouir ou écraser les autres !
Ecoute tes émotions t’orienter vers l’appel à la vie qui t’habite
et vers ton besoin de créativité et d’épanouissement.

Quand tu as dépassé tes limites,
quand tu as présumé de tes forces et que tu n’en peux plus,
tu te sens épuisé ou perdu…
Ne te lamente pas sur le trop plein qui t’envahit !
Ecoute tes émotions t’alerter sur la nécessité de dire stop,
et sur ton besoin de te reposer. 

Quand tu soutiens ton enfant ou un proche,
et qu’il vient te remercier,
tu ressens de la bienveillance et de la fierté…
Ne te dévalorise pas en disant que tu n’as fait que ton devoir !
Ecoute tes émotions t’orienter vers ta capacité à partager
et vers ton besoin de vivre la solidarité.

Quand tu es énervé,
quand tu ne supportes plus rien,
tu te sens en colère et prêt à exploser…
Ne rends pas les autres responsables de ton mal-être !
Ecoute tes émotions t’alerter sur les limites du supportable
et sur ton besoin de dire stop ou de dire non.

Quand tu fais une belle rencontre,
quand une personne vient illuminer ta vie,
tu te sens amoureux et tu goûtes le bonheur…
Ne te laisse pas éblouir par l’autre !
Ecoute tes émotions t’orienter vers le bonheur qui te nourrit
et vers ton besoin d’aimer, d’être aimé ou de vivre une relation d’âme à âme.

Quand tu as bafoué tes valeurs,
quand tu t’es laissé aller à l’égoïsme ou à la violence,
tu te sens honteux et tu te dégoûtes toi-même…
Ne te laisse aller ni à l’excuse qui accuse l’autre, ni à la culpabilité où tu t’accuses toi !
Ecoute tes émotions t’alerter sur ta fragilité
et sur ton besoin de changer, de réparer, de demander pardon, de te pardonner.

Quand tu vis la détente et le plaisir,
quand tu t’épanouis dans tes passions,
tu te sens vivant et tu dégustes le bonheur d’être toi-même…
Ne te laisse pas imaginer que ce n’est qu’un rêve passager !
Ecoute tes émotions t’orienter vers ta vraie valeur
et vers ton besoin d’épanouissement dans ta vie quotidienne.

Quand tu es confronté à ton échec personnel,
Quand tu es face à l’épreuve, au deuil à faire d’un projet,
tu te sens triste ou désespéré…
Ne te laisse pas emporter par le jugement sur toi ou sur les autres !
Ecoute tes émotions t’alerter sur ta blessure
et sur ton besoin de prendre soin de toi pour désinfecter et cicatriser la blessure.

Quand tu a reçu un cadeau inattendu,
le cadeau précieux d’un regard ou d’une présence, d’une main offerte ou d’un cœur ouvert,
tu te sens étonné, reconnaissant, nourri…
Ne te diminue pas en pensant que tu ne le méritais pas !
Ecoute tes émotions t’orienter vers la gratitude 
et vers ton besoin de célébrer ton émerveillement.

Quand tu es confronté à la maladie ou à l’épreuve,
Quand tu perds ta liberté d’action et ton autonomie,
tu te sens anéanti et dépossédé de toi-même…
Ne te laisse pas engloutir par la souffrance et la déprime !
Ecoute tes émotions t’alerter sur l’appel au lâcher-prise
et sur ton besoin d’expérimenter une nouvelle forme de liberté.On t’a dit parfois que les émotions sont une faiblesse et qu’il faut les taire…
Ne t’étonne pas alors, quand tu ne les écoutes pas,
d’entrer en stress, en déprime ou en violence…

Car tes émotions sont ta boussole,
dans toutes les circonstances de ta vie…
Sans faire appel au mental,
elles t’orientent vers les vraies valeurs et t’alertent sur les impasses,
parce qu’elles portent les messages de tes vrais besoins…

Ne t’enferme pas dans les mots que j’ai écrits ni dans les ressentis que j’ai nommés :
ajoute les tiens, continue mon texte avec les événements et les émotions que tu traverses,
et les besoins qu’elles te révèlent…

Accueille tes émotions, décode leur message,
et seulement ensuite accorde ton mental aux émotions, 
pour trouver les chemins et les moyens de satisfaire tes besoins vitaux.

Ainsi va la vie, la vraie vie, accessible à chacun !

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
11 novembre 2019
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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