Archives de catégorie : AFFIRMATION DE SOI

Besoins vitaux

Dev-Hum-Couverture1Nous sommes en forme et plein d’énergie lorsque nos besoins vitaux sont suffisamment satisfaits ou lorsque nous nous avons la motivation d’aller en chercher la satisfaction. Je vous propose donc vous propose de partir à la recherche de vos besoins vitaux, et d’en prendre soin. Les besoins dont je parle ne sont pas des envies passagères, encore moins des caprices. Mais des besoins vitaux qui ont besoin d’être satisfaits, au moins partiellement, pour que nous tenions debout. Abraham MASLOW a défini 5 grands besoins :

  • besoins physiologiques (manger, boire, respirer, dormir, faire quelque chose de sa sexualité…) pour survivre ;
  • besoins de sécurité (physique, psychologique, économique…) pour apprivoiser mes peurs et me sentir protégé ;
  • besoins sociaux et relationnels (appartenir à son clan, à sa famille, aimer et être aimé, créer des amitiés, des solidarités…) à l’inverse de tous les rejets et des toutes les exclusions, pour être en lien ;
  • besoin d’être reconnu, valorisé (m’entendre dire que j’existe aux yeux de l’autre, que j’ai des capacités, que je ne suis jamais réduit à mes erreurs) et développer l’estime de soi et la confiance en soi ;
  • besoin d’épanouissement (vivre mes passions, me sentir à ma place, réussir à construire et à créer une vie qui me ressemble) pour devenir ce que je suis.

Ces besoins vitaux ne sont pas négociables :

  • trop insatisfaits, ils nous font souffrir, déprimer, nous renfermer… et nous nous déshumanisons ;
  • partiellement frustrés, ils peuvent déclencher de l’agressivité si nous en rendons les autres responsables, mais nous pouvons choisir de transformer cette agressivité en motivation pour aller chercher par nous-mêmes ce qui nous manque ;
  • suffisamment satisfaits (jamais totalement sinon nous serions « repus » !) ils font de nous des êtres debout, équilibrés, créatifs, heureux de vivre… et donc ouverts aux autres !

Pourtant, nous ne pouvons pas exiger de l’autre qu’il satisfasse toujours nos besoins : nous le transformerions alors en objet ou en esclave de ces besoins. Nous ne pouvons pas satisfaire nos besoins sans tenir compte des contraintes du quotidien… Si nos besoins ne sont pas négociables, la manière de les satisfaire est toujours le résultat d’une négociation avec le réel de notre quotidien et de nos relations.

Satisfaire nos besoins est de notre responsabilité. C’est pourquoi il est nécessaire de prendre soin de nous. Je disais cela récemment à une amie de 70 ans angoissée pour des personnes de son entourage, au point de ne plus en dormir. Elle m’a répondu : « Prendre soin de moi ? Je n’ai jamais pensé à cela pour moi ! » Elle gardait tout en elle, jusqu’à l’oppression, l’insomnie, et même jusqu’à ne plus supporter les autres. Ce soir-là, elle a commencé à prendre soin d’elle, en mettant des mots sur ses angoisses. Et le lendemain matin, elle m’a dit avoir dormi d’une seule traite…

Prenez soin de vous… et les autres en bénéficieront !

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
décembre 2012

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Travaux en amont

Dev-Hum-Couverture1Invité à témoigner de « La pratique de la Communication Non Violente » devant un groupe, Chantal m’interroge : « Je rencontre souvent une personne qui me met dans tous mes états. Je me dis toujours avant qu’il faut que je me contienne, mais chaque fois c’est pareil, j’explose. Que faire quand je suis en sa présence pour garder mon calme ? »

D’abord, Chantal, vous voyez bien que vos bonnes résolutions de vous contenir ne marchent pas. Et si ça marchait, vous en sortiriez tellement stressée que vous exploseriez plus fort ailleurs !

C’est en amont qu’il faut faire des grands travaux ! Ici à la Réunion, quand viennent les grosses pluies ou les cyclones, les eaux ne peuvent s’évacuer des Hauts vers la mer que si les services de voirie ont anticipé les crues : c’est avant le cyclone qu’ils ont dégagé les ravines de tout ce qui les obstrue, qu’ils ont aménagé des caniveaux profonds et des canalisations pour guider l’eau vers le bas sans déborder sur les terres habitées ou cultivées. Personne ne peut dévier la trajectoire du cyclone, mais une bonne analyse du terrain et du cyclone permet de canaliser les trombes d’eau pour s’en protéger.

Dans une relation interpersonnelle cyclonique ou déstabilisante, c’est aussi en amont que des travaux sont à faire en vous. Ces travaux ne sont pas guerriers : il ne s’agit pas de fuir, ni de revêtir une armure, ni de vous armer pour écraser l’autre. Ces travaux ne sont pas à faire sur l’autre : il ne s’agit pas de l’accuser, de le juger, d’exiger qu’il change…

Chantal est visiblement intéressée, mais elle reste dubitative : « Oui, je comprends, mais comment faire ces travaux en moi ? Où sont les outils pour creuser les dérivations et dégager les bouchons ? »

Je vous propose deux outils : d’abord dites non au jugement sur l’autre et aussi sur vous («Je suis nulle… Je devrais pouvoir… Il m’agresse… Il n’a pas le droit de… »). Remplacez cette attitude qui juge par une attitude qui accepte, qui analyse pour chercher à comprendre : qu’est-ce que ça me fait ?  qu’’est-ce que je ne supporte pas ? Qu’est-ce qui me met dans des états pareils ?

Deuxième outil : laissez parler votre mémoire émotionnelle : en quelles autres circonstances je réagis comme ça ? Qu’est-ce que ça me rappelle ? Quelle blessure enfouie est ravivée dans cette rencontre ? Et là, par la parole qui nomme, faites ces travaux de déblaiement et de canalisation de ce qui a pu déborder et qui risque de déborder encore à la prochaine rencontre.

Car ce qui vous fait exploser, ce n’est pas l’attitude de l’autre… L’autre n’est qu’un déclencheur qui fait sauter les vannes de cet insupportable qui vous habite, depuis bien longtemps parfois…

Il vous reste à prendre la pelle et la pioche de la parole partagée pour travailler en vous, avec délicatesse, jusqu’à trouver la juste distance où vous serez moins submergée à la prochaine rencontre.

Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
septembre 2012

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Confiance en soi

Dev-Hum-Couverture1Au cours d’une formation professionnelle de trois jours intitulée : « S’affirmer personnellement et professionnellement », les participants ont exprimé leurs difficultés concernant la confiance en soi. Ils ont évoqué des relents éducatifs qui risquent toujours de les positionner dans la soumission à toute autorité. Ils ont demandé comment on fait pour sortir de la culpabilité réveillée par les reproches entendus en famille ou au travail.

Je leur ai alors demandé : « En quoi êtes-vous « bons » ? Qu’est-ce qui vous rend fiers de vous ? » Pas de réponse. Des mimiques me faisant penser que ma question leur paraît incongrue. Il est plus facile de parler de nos manques et de nos erreurs que de nos capacités et de nos talents. Comme si c’était égoïste de penser et de dire que nous avons des atouts pour construire notre bonheur et le partager avec ceux qui nous entourent.

Et pourtant, si je passe environ 80 ans sur cette terre, ce n’est pas pour me soumettre, me taire et endurer, mais pour contribuer à la construction du monde par l’épanouissement de mes talents et de mes passions.

Si la question « en quoi suis-je bon ? » te choque, je t’en propose une autre : sur quelles valeurs construis-tu ta vie ? Cette question peut se traduire de trois manières différentes

  • Dans les trois ans qui viennent, qu’as-tu envie de voir changer en toi et autour de toi ? De quels projets es-tu porteur dans ta vie personnelle, sociale, professionnelle ?
  • Tu as un mois devant toi : tu peux en faire ce que tu veux, sans pénaliser personne :
    quelles seraient tes trois premières priorités ?
  • Peux-tu citer trois choses ou trois convictions
    qui te font « vibrer », qui te passionnent ou qui t’indignent ?

Pour devenir toi-même, il ne te reste plus qu’à te demander comment faire des réponses à ces trois questions le fil rouge de ta vie… Quels moyens peux-tu prendre pour les mettre en pratique dans ta vie personnelle, familiale, sociale, professionnelle… ? Sans t’attarder aux concerts de lamentation ou aux paroles désabusées qui voudraient te faire croire que tu es un utopiste… Car ces aspirations ne seraient pas en toi si tu n’avais pas les moyens de les vivre. Il te reste alors à décoder les situations quotidiennes et les imprévus à la lumière de tes aspirations, à oser dire non à ce qui t’en détourne, à construire les relations et les solidarités qui vont respecter et confirmer tes valeurs.

En choisissant d’entendre tes aspirations et de les traduire dans ta pratique quotidienne, tu seras tout surpris de voir grandir la confiance en toi… et le respect de ton entourage.

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
juin 2012

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Distinguer

Couverture2Les relations difficiles et conflictuelles entraînent souvent la confusion : tout se mélange, les reproches et les responsabilités se renvoient de l’un à l’autre, les accusations s’enchaînent en avalanche, les sentiments ressassés s’entremêlent… Tout est confus, plus rien n’est maîtrisé. Pour faire face à cette confusion des sentiments qui pollue et détruit la relation, il est nécessaire de distinguer…

Distinguer l’acte et la personne : ce n’est pas l’autre qui est méchant, c’est son acte que je ne supporte pas ; ce n’est pas l’élève qui est nul, c’est son devoir qui vaut zéro ou son comportement qui est inacceptable. Des professeurs ayant perçu l’importance de cette distinction se sont mis à dire à leurs élèves : « Ton devoir vaut zéro car il y a 10 fautes (l’acte), mais toi je te sais capable d’autre chose (la personne)». Et grâce à cette distinction qui pointe les erreurs, mais valorise les capacités de la personne, ils ont été surpris des discussions devenues possibles avec leurs élèves et de leur progression scolaire.

Distinguer ce qui est de moi et ce qui est de l’autre : « C’est toujours pareil avec toi : tu ne m’écoutes jamais ! » Voila la confusion des sentiments (sous-entendu : « puisque tu m’aimes tu dois m’écouter ! » Distinguer et affirmer mon légitime besoin d’être écouté et sa disponibilité à lui pourrait conduire à lui demander : « J’ai besoin que tu m’écoutes ; quand seras-tu disponible ? » Autre exemple : lorsque quelqu’un m’agresse, je découvre que son agression ne parle que de lui : il aurait pu me dire : « J’attendais quelque chose de toi, je ne l’ai pas reçu, j’ai mal… » Comme il ne sait pas dire cela (sur lequel on aurait pu discuter), il me juge et m’agresse avant même de m’en avoir expliqué les raisons.

Distinguer l’intention et l’impact : parfois je dis une parole qui me paraît anodine, et celui qui m’écoute se sent blessé par cette parole. Je n’avais pas l’intention de le blesser. En effet ce que je dis depuis mon contexte et dans mon histoire peut réveiller une vieille blessure dans son contexte et dans son histoire. Dans des discussions en situation de désaccord, il est nécessaire de bien préciser mon intention surtout si je perçois un impact inattendu ou une réaction démesurée chez l’autre.

Distinguer, séparer… Dans les récits judéo-chrétiens de création du monde, il est écrit que Dieu sépare pour créer : il sépare le ciel, la mer et la terre, le jour et la nuit, les animaux qui volent et ceux qui rampent… puis finalement l’homme et la femme. Ceux qui ont écrit cela ne savaient pas comment s’est passée la création du monde. Ils avaient juste compris qu’il faut se séparer pour exister (quitter le ventre, « s’individuer »). Quitter le fusionnel et la confusion… Se distinguer, et toujours distinguer… pour vivre… et pour entrer en relation !

Marc THOMAS – Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
avril 2012

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Chercher derrière nos jugements…

Couverture2Dans une formation, Catherine raconte une situation de communication difficile : sa fille vient voir des membres da sa famille élargie ; Catherine habite juste à côté, mais sa fille ne s’arrête jamais chez sa mère. Et Catherine ajoute: « Ma fille m’ignore ! » Cette phrase est une interprétation, voire un jugement de la conduite de sa fille, mais c’est la seule manière que Catherine a trouvé pour exprimer sa souffrance. Comme toujours dans un conflit, on parle de l’autre, souvent en l’accusant. Que de jugements et de reproches empestent les relations quotidiennes !

J’invite donc Catherine à parler d’elle plutôt que de parler de sa fille. Je lui demande : « Quand vous pensez à votre fille, de quoi auriez-vous besoin ? »  « Qu’on se reparle enfin après tant d’années lourdes de tensions et de conflits… Que je puisse lui dire que malgré tout cela je suis sa mère et que je l’aime… Que je puisse la serrer dans mes bras et lui proposer de renouer une relation apaisée… » Derrière le jugement de Catherine, il y a avait donc la souffrance d’une mère blessée et un besoin légitime d’exprimer son amour et d’entreprendre un chemin vers sa fille. « Ma fille m’ignore » voulait dire : « J’ai besoin de retrouver ma fille, malgré tout ce qui s’est passé. »

Puisque ce besoin est exprimé, reconnu et valorisé, je peux poursuivre avec Catherine : « Êtes-vous sûre que votre fille vous ignore ? Peut-être ne sait-elle pas comment vous aborder après tant d’années ? Peut-être imagine-t-elle que vous allez lui faire des reproches ? Peut-être a-t-elle peur… Il n’y a qu’elle qui sait pourquoi elle ne vient pas frapper à votre porte ! »

Catherine est bouleversée. Elle évoque discrètement les souffrances passées et découvre que son jugement sur sa fille n’était que l’expression maladroite de sa propre souffrance. Et que peut-être sa fille est elle-même dans la souffrance…

Deux jours après, Catherine me remercie par mail, elle évoque un peu plus les raisons de sa souffrance. Elle peut enfin exprimer et regarder en face cette souffrance, elle commence à en sortir : « J’ai commencé à entrevoir la façon de réagir positivement (…). Je vais essayer de renouer le dialogue avec ma fille, tout doucement, et je sais comment l’amorcer ! »

Quand tu souffres, arrête d’accuser l’autre ! Quand quelqu’un dit sa souffrance, arrête de vouloir le rassurer ou trouver des solutions à sa place. Quand tu souffres, tu as besoin d’une oreille accueillante pour pouvoir exprimer tes ressentis et tes besoins. Ensuite, sans jugement sur toi ni sur les autres,  tu pourras repartir vers ceux avec qui tu étais en difficulté, et tu pourras les laisser expliquer eux-mêmes les raisons de leur conduite, toujours différentes de ce que tu imaginais !

Marc THOMAS – Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
mars 2012

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Comme des mines antipersonnels

Dev-Hum-Couverture1Dans son entreprise, Murielle est chef d’équipe. Elle exerce un management coopératif et les relations avec l’équipe se passent bien.

 Murielle a des chefs qui sont eux aussi coopératifs, prévenants avec elle et facilement accessibles. Mais dès qu’elle se présente devant tel ou tel de ces chefs, Murielle perd ses moyens et se sent écrasée.

 Murielle raconte cela en formation, ajoutant qu’elle ne comprend pas son attitude. Elle ajoute : « Je suis vraiment ridicule de réagir comme cela avec des chefs sympas ! »

 Je stoppe donc Murielle dans son jugement sur elle-même et je lui propose de chercher plutôt à comprendre : « Il y a des raisons pour lesquelles vous réagissez ainsi. Vous seule pouvez les trouver. » Rivée sur sa réaction devant ses chefs, Murielle ne trouve pas. Je l’invite alors à se demander si elle réagit de la même manière dans d’autres situations. « Oui, répond-elle, chaque fois que je me trouve devant quelqu’un de supérieur à moi. C’est comme si j’avais envie de disparaître sous terre. »

 Un autre participant intervient pour l’encourager : « Mais non, Murielle, tu n’as pas à t’écraser comme ça devant l’autorité. » Je stoppe cette personne malgré sa gentillesse car Murielle ne pourra pas faire autrement tant qu’elle n’aura pas trouvé d’où vient sa manière de réagir.

 Murielle cherche, silencieuse, puis son visage blêmit et se tend, des larmes coulent : « C’est ma maîtresse, à l’école maternelle : j’étais la seule élève du monde rural. Quand j’ai ouvert la bouche, la maîtresse a dit : de toutes façons tu ne peux dire que des bêtises, toi, la fille de paysan ». Silence, larmes, émotion… ouvrant une prise de conscience.

 C’était ça la mine antipersonnel, enfouie depuis plus de 40 ans : elle venait affleurer et exploser à chaque pas de Murielle vers une autorité. Il a fallu qu’elle prenne le temps et les moyens de s’écouter elle-même, grâce à la formation, pour prendre conscience de la bombe d’origine qui lui explosait au visage chaque fois que la situation se reproduisait.

 Murielle est revenue un mois plus tard terminer la formation. Elle nous a dit qu’elle avait été très fatiguée après cette prise de conscience, mais qu’elle avait dépassé la haine vis-à-vis de cette maîtresse. Et surtout, devant ses chefs d’aujourd’hui, elle se sentait déjà plus à l’aise, libérée.

 Et vous, quelles sont vos mines anti-personnel ?

Marc THOMAS, Consultant – Formateur en « Compétences relationnelles »
octobre 2011

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Accueillir et canaliser les émotions

Cet interview a été réalisé à l’initiative de « Église à la Réunion » en mars 2011, à l’occasion de trois formations  intitulées « Canaliser les émotions et s’en servir pour agir »

Canaliser les émotions et s’en servir pour agir

Dev-Hum-Couverture1Parfois les émotions nous débordent : le rire, les larmes, la colère, la peur, la jalousie… Elles semblent plus fortes que nous, et comme un torrent qui inonde, elles détruisent tout sur leur passage : perte de confiance en nous, agressivité et violence envers les autres, jusqu’à transformer l’amour en haine…

Comment maîtriser ce torrent destructeur qui nous emporte dans sa violence ?

Parfois les émotions nous enferment dans le silence et dans la honte, dans le mutisme et le désespoir, jusqu’à la souffrance intérieure et à la dépression. Croyant que personne ne peut nous comprendre, nous risquons alors de fuir cette souffrance en cherchant refuge dans l’alcool et les drogues, ou dans la violence contre nous-mêmes ou contre les autres.

Comment ouvrir les portes qui libèrent de ces enfermements ?

Et pourtant ce sont les émotions qui nous rendent humains : elles expriment nos désirs  et nos besoins fondamentaux d’êtres humains ; elles  donnent de l’énergie à nos motivations ; elles manifestent notre émerveillement ; elles nous emmènent à la rencontre de l’autre, de l’amitié et de l’amour ; elles nous alertent et nous protègent face aux risques de la vie…

Comment canaliser ce torrent de vie pour qu’il nous transporte et nous construise ?

Arrête d’abord de dire que tu es trop sensible… ce qui voudrait dire que tu es trop humain ! Souhaite apprendre à canaliser, comme on canalise une source pour garder toute sa vigueur et l’orienter vers la production d’énergie.

Ne t’interdis jamais une émotion, car une source qu’on veut boucher fuit par tous les bouts ! Quand on a appris aux garçons à ne pas pleurer, les larmes interdites se sont transformées en colère ou en violence et ils sont devenus machos !

Les émotions sont faites pour exprimer nos besoins vitaux d’être humains : en mettant des mots sur nos émotions, nos besoins légitimes peuvent être satisfaits. Si tu n’exprimes pas ton émotion, tu te réprimes ; ton émotion s’imprime en souffrance, puis tu déprimes.

Ne laisse pas les émotions s’accumuler. Donne-toi le droit de les exprimer au quotidien : pas n’importe où, ni avec n’importe qui, ni n’importe comment, mais avec quelqu’un qui peut accueillir tes émotions. Sinon elles vont pourrir en toi !

Si ton émotion déborde et te cogne en pleine face comme les vagues contre la falaise, écoute le message de cette émotion : elle ne parle pas seulement de l’évènement d’aujourd’hui qui n’est qu’un déclencheur ; elle réveille quelque chose d’hier imprimé en toi : des évènements qui t’ont marqué, que tu as peut-être enfouis, les laissant macérer et te pourrir la vie. Laisse cette émotion s’exprimer, pour comprendre, libérer, vider, calmer… et respirer enfin !

C’est grâce à nos émotions que nous entrons en contact avec le monde et avec les êtres vivants. Les brider reviendrait à nous déshumaniser. Ce sont nos émotions qui nous rendent intuitifs, compréhensifs et, finalement, vraiment intel-ligents !

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
février 2011

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Restons positifs

Dev-Hum-Couverture1« En France, la sinistrose aiguë gagne du terrain : Notre enquête, menée dans 53 pays, montre que les français sont les plus pessimistes sur la situation économique de 2011. Plus sombres sur leur situation personnelle à venir que…. les Irakiens, les Afghans ou les Pakistanais. » (Enquête BVA, décembre 2010).

Je sais les difficultés d’un certain nombre d’entre nous, la précarité des ressources et de l’emploi, les craintes pour l’avenir de nos enfants, les inquiétudes pour la santé… Ces difficultés sont réelles, mais pourtant… Si nous comparions nos ressources, nos perspectives et même nos difficultés avec celles d’un irakien, d’un afghan ou d’un pakistanais, serions-nous encore aussi prompts à clamer notre misère ?

Si les peuples qui tentent de se libérer du joug de la pauvreté ou de l’oppression se contentaient d’exprimer leur pessimisme, prendraient-ils le risque de fuir des conditions invivables, auraient-ils l’audace d’inventer des solutions constructives, de bousculer les dictatures pour construire des démocraties de liberté ?

Nous sommes pessimistes sur un avenir qui paraît sombre. Les nations émergentes, dont le peuple est souvent encore dans la misère, sont optimistes sur un avenir meilleur !

Nantis en perte de vitesse et aux abois d’un côté, et de l’autre petits et révoltés criant leur espérance d’avoir enfin accès à la part du gâteau qui leur revient ! Nous sommes tétanisés par la peur de perdre, ils sont « boostés » par l’espoir de s’en sortir.

Optimistes, ceux qui se « défoncent » pour gagner la liberté et la dignité, souvent dans la sueur et le risque assumés. Pessimistes, les « râleurs » recroquevillés sur leur confort à préserver et leur quête sécuritaire.

Je n’ignore pas l’aspect caricatural des lignes qui précèdent. Je sais aussi que ces deux attitudes traversent chaque groupe humain, et même chacun de nous selon les temps et les circonstances ! Alors pas question de culpabiliser ! Quand le pessimisme nous étreint, il s’agit plutôt de trouver l’énergie de prendre appui au fond du trou pour refaire surface !

Notre optimisme revient quand nous nous remettons à imaginer, à relever nos manches, à construire des solidarités. Non pas pour « gagner plus », mais pour « être plus ».

Début janvier dans un magasin lorrain, un client demandait à la directrice quels vœux formuler pour l’année nouvelle. La Directrice a répondu : « Restons positifs ! ».


Regard positif

Carl ROGERS évoquait le « regard positif inconditionnel » du thérapeute sur son client comme condition essentielle pour que se produise un mouvement ou un changement thérapeutique. Il le définissait ainsi : « une attitude positive et d’acceptation face à tout ce que le client est en ce moment (…) quel que soit ce sentiment : confusion, ressentiment, crainte, colère, amour ou orgueil. »

Un collègue spécialiste des thérapies brèves, me disait il y a quelques jours : « Dans tout ce qui nous empêche de vivre, il y a toujours une raison positive. » Il prenait un exemple simple : quelqu’un qui n’arrive pas à arrêter de se ronger les ongles… Cette conduite qu’il déteste lui permet pourtant de gérer son stress, ou de chercher des solutions à un problème difficile, ou encore de se calmer… Voilà le positif. Changer consiste alors à valoriser le positif caché derrière cette habitude détestable et à chercher quelles autres stratégies pourraient la remplacer.

L’époque est à la plainte, à l’inquiétude… Notre regard sur nous-mêmes nous conduit parfois au découragement, à la déprime, au manque de confiance en nous. Et il nous arrive de dire que nous n’en sortirons jamais.

Un idéalisme béat – ou une stratégie de fuite – pourrait nous conduire à taire, cacher ou ignorer ces difficultés… Je vous propose une stratégie réaliste. Celle-ci n’ignore pas les difficultés, mais elle invite à chercher les raisons positives de nos dysfonctionnements.

Ce changement de stratégie pour nous-mêmes aurait aussi des répercussions immédiates sur nos relations : nous nous mettrions à chercher les raisons positives qui se cachent derrière les dysfonctionnements que nous ne supportons pas chez les autres… Tout ça peut changer la vie !

 

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
février 2010 et janvier 2011

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S’adapter

Couverture2La météo nous rappelle parfois que l’homme n’est pas le maître du monde : impossible de modifier les phénomènes météorologiques !

Dans un monde rural, nos (arrières) grands-parents vivaient au rythme de la nature : en la respectant, ils apprenaient à en tirer le meilleur.

Dans notre monde urbanisé et organisé sur la rapidité, voire l’immédiateté, nous sommes décontenancés lorsque la météo nous empêche de nous déplacer comme nous le souhaitons… Et à la braver, nous passons la nuit dans la voiture sur l’autoroute gelée ou nous sommes emportés par le radier que nous avons voulu franchir à tout prix !

S’adapter… quand la météo nous freine… quand Internet est en panne… quand l’autre ne répond pas à mes désirs… quand survient l’imprévu… A quoi sert alors de « râler », d’accuser, de dénoncer des coupables ? Ca ne sert qu’à faire grandir le stress et l’énervement !

S’adapter ne signifie pas subir et se soumettre, car la soumission est indigne de l’Homme. Et peut-être avez-vous fait cette expérience : nous nous adaptons d’autant plus facilement que nous avons confiance en nous et que nous savons affirmer nos besoins et nos désirs : affirmez-vous pour pouvoir vous adapter !

S’adapter signifie plutôt « faire avec » : mes désirs entrent en dialogue, voire en débat, avec le réel. Je négocie avec la réalité pour rester moi-même devant l’inattendu.

Bref, comme nos anciens, prendre la réalité telle qu’elle est, en respectant ce que nous ne pouvons changer… mais pour en tirer le meilleur !

Ceux qui s’adaptent dans la difficulté voient se développer des solidarités : les riverains portent du café aux automobilistes bloqués, des actions humanitaires se développent face aux catastrophes… Coluche ne s’est pas contenté d’accuser les responsables de la misère, il a créé les Resto du Cœur !

L’imprévu souvent nous choque, mais n’est-ce pas lui aussi qui transforme nos vies au moment où nous l’attendions le moins ?

La prochaine fois que vous serez dans un bouchon, adaptez-vous : qu’est-ce que ça change de vous énerver et de klaxonner ? Et si vous profitiez du bouchon pour prendre soin de vous : respirer, écouter la musique, réfléchir à vos projets… Ca change tout de s’adapter !

 Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
décembre 2010

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