Archives par mot-clé : respect

Paroles semées en nous…

Des mots qui ne sont
ni des vérités ni des explications
Des paroles jaillies dans l’écoute cœur à cœur
de personnes en quête ou en souffrance…
Des paroles comme des semences à féconder
dans nos vies et dans nos cœurs…

Des mots qui ne prennent sens
qu’en entrant en résonance avec ce que tu es… 
Ne retiens pas tous ces mots…
Ne retiens que ceux qui résonnent en toi…

Et quand ces mots résonnent, ne retiens pas la phrase,
mais écoute ta résonance et ses harmoniques…
Dans cette résonance unique de ton être,
les mots deviennent Parole vivifiante…
Comme une source qui irrigue…


La douleur ne parle pas seulement de ta souffrance ni de la relation toxique ;
la douleur parle aussi de ce qui est beau en toi et qui est blessé…
Concentre-toi sur cette beauté qui t’habite :
tu trouveras les moyens de désinfecter et cicatriser tes plaies….


Ton ego réclame de comprendre… Un temps viendra où tu seras suffisamment à distance pour analyser et comprendre le passé. Aujourd’hui tu es trop « dedans » pour comprendre. Et la compréhension t’emmène souvent vers le jugement de toi-même, ce qui continue de te polluer et t’intoxiquer… Un seul chemin peut te permettre de sortir du mal-être : écoute tes émotions, déchiffre leurs messages, jusqu’à entendre résonner ton vrai besoin au fond de toi….


Tu envies parfois ceux qui apparaissent sûrs d’eux et qui ne doutent jamais…
Parce que toi qui doutes souvent, tu penses ne pas avoir confiance en toi. Eux sont tellement sûrs d’eux qu’ils pensent toujours avoir raison, parfois envers et contre tous…
Je fais l’hypothèse qu’ils ne sont pas sûrs d’eux,
mais qu’au contrainte ils ont peur d’un avis différent qui viendrait les fragiliser…
Alors que toi qui doutes, tu t’interroges, tu écoutes, tu cherches,
tu accueilles
des points de vue différents…
Et petit à petit,
dans cette ouverture sans certitude, mais aussi sans peur,
tu cherches la vérité…
La vérité ne se possède pas, elle se cherche…
Et la foi n’existerait pas sans le doute…


Quand on creuse en soi pour trouver sa pépite,
on remue toujours de la boue avant d’arriver au cœur !


Accueille ta tristesse avec tendresse,
accueille là comme tu accueilles ton enfant quand il est triste,
accueille ta tristesse à toi et console là avec ton désir de devenir toi-même…


Les trous d’air et les turbulences font partie du voyage :
elles n’empêchent pas l’avion d’arriver à bon port !


Ce que tu portes en toi, si tu ne le partages pas, ça te brûle !


L’important n’est pas que des personnes te manquent de respect,
L’important c’est que tu dises non à tous ceux qui te manquent de respect,
et que tu trouves ta source :
elle te dynamisera et te protégera de tous ceux qui veulent t’utiliser à leur seul profit…

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
30 août 2018 – Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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La bienveillance : un choix exigent

Bienveillance : ce mot a parfois mauvaise presse 
quand il évoque
« tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil »…
Comme si la bienveillance devait nous faire
tout accepter et tout pardonner…
Comme si comprendre nous conduisait nécessairement
à accepter l’inacceptable et à nous taire…
Comme si la bienveillance consistait
à excuser les déviances jusqu’à accepter d’être victime…

La bienveillance est une « veillance »,
c’est-à-dire une veille attentive, une vigilance…
Une vigilance au bien…

Dans notre part sauvage,
nous répondons à l’agression par l’agression ou par la violence,
au mal subi par le mal agi, à la blessure par la vengeance,
à la misère par le terrorisme…
Nous en connaissons les dégâts
et nous savons que cela ne fait qu’aggraver les choses…

Dans notre part bienveillante,
nous allons choisir d’établir un autre rapport de force :
une vigilance et un engagement à ne répondre au mal que par le bien…
à répondre à l’injustice par une combat pour la justice…
à répondre à la violence par la solidarité et la réaffirmation de la loi…
à répondre au reproche non par d’autre reproches,
mais par l’affirmation de mes choix et de mes limites…

La bienveillance est un rapport de force
basé sur le respect de soi et de l’autre,
sur le consentement à la différence et au désaccord,
sur l’investissement parfois onéreux
pour négocier et prendre en compte les intérêts de chacun.
sur une vigilance à ne pas identifier l’autre à son erreur ou à ce qui nous énerve,
mais à chercher derrière l’erreur ses ressources, ses capacités et sa richesse…

La bienveillance est un choix exigeant !
Je sais que je peux être malveillant, et c’est pour cela que je choisis la bienveillance.
Je refuse de répondre à la malveillance de l’autre par ma propre malveillance.
Je refuse explicitement toute compromission avec les actes destructeurs,
mais je choisis de porter sur la personne qui pose ces actes
un regard bienveillant qui croit en un changement possible et en ses ressources,
Seul un regard bienveillant qui distingue la personne de ses actes
est capable de désarmer…

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
février 2018
Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com
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Des contes de Noël à vivre

Françoise était venue deux jours en formation professionnelle pour apprendre à développer une communication sereine et efficace dans un Service Public. Elle était peu intervenue pendant ces deux jours. Un mois après, je la retrouve avec son groupe pour une troisième journée où chacun partage ses expérimentations des outils de formation et les résonances dans sa vie professionnelle et personnelle .

Très vite, Françoise prend la parole : « Cette formation m’a beaucoup apporté au plan personnel. Avant je parlais peu et surtout, je disais toujours oui à tout le monde. J’ai compris à la formation que je n’étais pas bien comme ça, et que ça ne marchait pas comme ça. »

Et Françoise continue : « Depuis la formation, je me suis mise à parler de moi, à exprimer mes ressentis. Aussitôt, j’ai eu moins de stress et j’ai pris davantage confiance en moi. Maintenant j’ose dire, je suis moins maladroite, et les autres m’écoutent. » Et Françoise explique à ses collègues qu’elle disait toujours oui de peur d’être moquée ou rejetée. Elle exprime sa grande surprise : en osant dire ce qu’elle pense, non seulement elle n’est pas rejetée, mais elle attire l’intérêt des autres et elle se sent écoutée ! L’une de ses collègues confirme le beau changement de Françoise !

Et Françoise a cette superbe conclusion : « Il fallait juste que j’ose, que je me redresse… » Voila un vrai conte de Noël vécu en décembre dans le sud de la Réunion… et accessible à tous.

Dans une autre formation, Bénédicte parle de ses difficultés avec son fils qui passe des heures à jouer sur Internet. Elle raconte comment elle est sans arrêt « sur son dos » pour qu’il travaille, lui répétant sans cesse qu’il ne pourra pas réussir s’il continue. Et Bénédicte ajoute que ses remarques ne changent rien et ne font qu’ajouter de la tension dans la relation avec son fils. Elle dit ne plus savoir comment s’y prendre.

Percevant le mal-être de Bénédicte, je lui demande alors : « Bénédicte, de quoi as-tu besoin ? » Elle me répond : « J’ai besoin que mon fils se mette à travailler ! » Je lui dis : « Bénédicte, je te parlais de ton besoin à toi, et tu me réponds en parlant de ton fils ! De quoi as-tu besoin pour toi dans cette situation ? »

Les larmes viennent aux yeux de Bénédicte qui dit : « Je suis une mère célibataire, et ici  les mères célibataires sont souvent mal vues : on dit qu’elles ne seront pas capables d’élever leurs enfants… J’ai besoin de prouver à tout le monde que je peux aider mon enfant à réussir ! J’ai besoin d’être fière de lui et fière de moi !’

Bénédicte fait une pause, elle entre dans un silence où chacun des participants voit que quelque chose se passe en elle. Elle vient de formuler son besoin, elle l’entend et l’intègre intérieurement… Alors une porte s’ouvre en elle et elle ajoute : « Finalement, je faisais pression sur mon fils, non pas d’abord pour qu’il réussisse, mais parce que moi j’avais besoin de prouver que j’étais une bonne mère ! Je me servais de lui pour satisfaire mon propre besoin. »

Je demande à Bénédicte : « Ton besoin d’être une bonne mère, fière de toi devant ceux qui te dévalorisent, ce besoin est-il légitime ? » Elle hésite et répond timidement : « Ben… oui… ». Et le groupe et moi-même lui confirmons la légitimité de son besoin. A nouveau viennent des larmes, puis ces mots : « Ce soir je vais parler à mon fils. Je lui dirai mon amour pour lui . Je lui dirai que je suis fière de lui et que c’est difficile pour moi quand les autres me jugent. Je lui dirai que moi je ne peux que créer toutes les conditions pour qu’il réussisse et que c’est ma fierté. Et que lui seul, mon fils, est responsable de sa réussite. »

Bénédicte a changé de posture. Elle a pris en compte son besoin. Et du coup, elle ne met plus sur son fils une pression à laquelle il cherche à échapper : elle le restaure dans son autonomie et dans sa propre responsabilité de construire sa réussite.

A la fin de la formation, Bénédicte est venue me dire à quel point elle se sentait détendue et soulagée : « Ça fait des années que je ne me suis pas sentie si bien ! »

Voici donc encore un autre conte de Noël… dans la réalité de notre monde d’aujourd’hui… Et si vous racontiez les vôtres ?

Les chrétiens qui fêtent Noël chantent parfois un cantique qui dit ceci :
« C’est Noël sur la terre chaque jour, car Noël, ô mon frère, c’est l’amour. »

Pour ma part, en ce temps de vœux, je souhaite à chacune et chacun des lecteurs et à votre entourage, de vivre tout au long de l’année 2016 des contes de Noël aussi ordinaires que les deux précédents…  Je vous souhaite aussi de savoir les déguster, les valoriser, les partager… Çà contribuerait à créer d’autres énergies que nos récriminations ordinaires ou que la violence débordante…

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Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
décembre 2015

En toi est la source de ce qui te manque

Tu as beaucoup d’attentes vis-à-vis des autres. Tu voudrais qu’ils t’écoutent, qu’ils prennent soin de toi, qu’ils répondent à tes demandes, à tes exigences… Tu as souvent l’impression de donner beaucoup aux autres et de ne pas recevoir à la mesure de ce que tu donnes…

Je reviendrai plus bas sur ce que nous pouvons attendre des autres. Mais je veux seulement te rappeler ici que la satisfaction de nos besoins vitaux est toujours de notre responsabilité : c’est la conséquence de notre autonomie et de notre liberté. Et si tu attends tout de l’autre, tu transformes cet autre en « esclave » de tes besoins et de leur satisfaction.

C’est d’abord en toi qu’est la source de ce qui te manque…

Par exemple, si tu as besoin de repos, c’est ton corps et ton esprit qui expérimentent la fatigue, et personne ne peut se reposer à ta place ! Plus tu dis que c’est les autres qui t’empêchent de te reposer, et plus tu amplifies toi-même ta propre fatigue. Lorsque « trop c’est trop », c’est toi, et toi seul, qui a la responsabilité de dire « stop ». Dire que c’est la faute des autres n’est qu’une fausse excuse parce que tu n’as pas osé dire non ou tu n’as pas appris le dire autrement que par la rancœur ou la colère. Si tu as besoin de bien-être, il est de ta responsabilité d’en trouver les moyens : pourquoi remettrais-tu à l’autre les clefs de ton bien-être ?

Autre exemple : tu as besoin d’être reconnu… Ce besoin est légitime… Mais souvent tu attends de façon haletante que les autres te reconnaissent et te valorisent : tu es à l’affût de ce qu’ils vont dire, tu as un énorme besoin de leurs compliments, et tu es fort blessé si cette reconnaissance n’est pas exprimée… Cette réaction douloureuse est aussi le signe que ta propre confiance en toi est fragile… Le jour où tu es allé trouver en toi qui tu es et quelle est ta propre valeur, tu constates que les critiques des autres t’atteignent moins. Tu n’as plus besoin de leur reconnaissance pour aller bien, mais tu la reçois comme un cadeau gracieux et gratuit. Et même tes limites ou tes erreurs ne déclenchent plus ta peur d’être jugé, mais elles deviennent des occasions de complémentarité et de relation constructive.

Même ton désir très (trop) fort de rencontrer quelqu’un n’est pas d’abord un désir de l’autre, mais un besoin en toi… Ceci peut être très clair dans la tête et le mental, mais difficile à ressentir et à vivre dans la canalisation des affects et des manques…

Dans ton attente de vivre une rencontre amoureuse, deux mots très forts se sont imposés à toi : tu as besoin de respect (attentionné, présent, disponible …) et tu as besoin de tendresse (douceur, intimité, délicatesse…). Ces besoins, tu en attends légitimement la satisfaction dans une rencontre. Et pourtant ces besoins parlent d’abord de toi, de ce que tu es, de ce que tu sais apporter à ceux qui te sont proches… Tu sais te rendre disponible et te donner avec délicatesse, dans le respect de la démarche de l’autre… Tu sais donner cela aux autres… mais tu ne sais pas encore te le donner à toi-même…

Le chemin qui te reste à faire est de trouver en toi ce respect et cette tendresse qui t’habitent et dont tu as tant besoin pour toi-même…

Le respect passe par un accueil attentionné de ce qui résonne en toi : ce que tu ressens et ce que tu désires ; ta capacité à nommer et à prendre en compte tes valeurs propres, tes compétences et tes limites ; la confiance que tu t’accordes dans ta manière de percevoir la vie et de te situer au milieu des autres ; le choix de prendre soin de ta santé, de tes rythmes de vie, du minimum de confort dont tu as besoin pour être efficace…

La tendresse passe par une bienveillance envers toi-même, surtout quand tu es confronté à tes limites, à tes erreurs, à tes échecs. Une bienveillance qui proscrit tout jugement sur toi-même, qui analyse les raisons des échecs et te permet d’apprendre de tes erreurs. Une bienveillance et une tendresse qui te permettent de te rappeler que le soleil est toujours présent derrière les nuages, de fêter avec plaisir tes avancées, d’accueillir avec joie les cadeaux relationnels offerts dans les échanges chaleureux avec tes proches…

Quand tu pourras adhérer à cela en profondeur, tu trouveras tes propres mots pour l’exprimer et surtout, tu le ressentiras comme une grande émotion : tu toucheras alors à ton besoin et à la source de sa satisfaction en toi, et tu ressentiras quelque chose comme un élargissement, une sensation de profondeur… Tu constateras alors que tu es plus serein, moins affecté par les réactions des autres, moins impatient ou moins exigent vis-à-vis de ce que tu attends d’eux…

Certes, cela ne supprime pas le bonheur espéré d’une rencontre ou d’un partage, ni même la demande faite à l’autre de contribuer à la satisfaction de mes besoins. Cela ne supprime pas non plus tout manque ni toute impatience. Mais une sorte de « bascule » est alors en train de se faire qui va te permettre d’être moins « agressif » dans ton désir, de sortir de la rancœur et de la colère : tu auras cherché d’abord la source de leur satisfaction en toi. De ce fait, tu n’attendras plus de l’autre qu’il soit « aux ordres » de tes besoins, mais tu entreras en négociation ou en collaboration avec lui, dans une relation d’échange pour la satisfaction de tes besoins… et probablement aussi des siens par la même occasion !

Bien à toi…
Marc                         Jaillissement130x81                 mthomas@competences-relationnelles.comPDF1

Confiance en soi

Dev-Hum-Couverture1Au cours d’une formation professionnelle de trois jours intitulée : « S’affirmer personnellement et professionnellement », les participants ont exprimé leurs difficultés concernant la confiance en soi. Ils ont évoqué des relents éducatifs qui risquent toujours de les positionner dans la soumission à toute autorité. Ils ont demandé comment on fait pour sortir de la culpabilité réveillée par les reproches entendus en famille ou au travail.

Je leur ai alors demandé : « En quoi êtes-vous « bons » ? Qu’est-ce qui vous rend fiers de vous ? » Pas de réponse. Des mimiques me faisant penser que ma question leur paraît incongrue. Il est plus facile de parler de nos manques et de nos erreurs que de nos capacités et de nos talents. Comme si c’était égoïste de penser et de dire que nous avons des atouts pour construire notre bonheur et le partager avec ceux qui nous entourent.

Et pourtant, si je passe environ 80 ans sur cette terre, ce n’est pas pour me soumettre, me taire et endurer, mais pour contribuer à la construction du monde par l’épanouissement de mes talents et de mes passions.

Si la question « en quoi suis-je bon ? » te choque, je t’en propose une autre : sur quelles valeurs construis-tu ta vie ? Cette question peut se traduire de trois manières différentes

  • Dans les trois ans qui viennent, qu’as-tu envie de voir changer en toi et autour de toi ? De quels projets es-tu porteur dans ta vie personnelle, sociale, professionnelle ?
  • Tu as un mois devant toi : tu peux en faire ce que tu veux, sans pénaliser personne :
    quelles seraient tes trois premières priorités ?
  • Peux-tu citer trois choses ou trois convictions
    qui te font « vibrer », qui te passionnent ou qui t’indignent ?

Pour devenir toi-même, il ne te reste plus qu’à te demander comment faire des réponses à ces trois questions le fil rouge de ta vie… Quels moyens peux-tu prendre pour les mettre en pratique dans ta vie personnelle, familiale, sociale, professionnelle… ? Sans t’attarder aux concerts de lamentation ou aux paroles désabusées qui voudraient te faire croire que tu es un utopiste… Car ces aspirations ne seraient pas en toi si tu n’avais pas les moyens de les vivre. Il te reste alors à décoder les situations quotidiennes et les imprévus à la lumière de tes aspirations, à oser dire non à ce qui t’en détourne, à construire les relations et les solidarités qui vont respecter et confirmer tes valeurs.

En choisissant d’entendre tes aspirations et de les traduire dans ta pratique quotidienne, tu seras tout surpris de voir grandir la confiance en toi… et le respect de ton entourage.

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
juin 2012

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Sanction

Couverture2Ce texte a été publié par la revue NON-VIOLENCE ACTUALITE
n° 277 – Novembre-Décembre 2004 – www.nonviolence-actualite.org

LA PREMIÈRE HEURE DU PREMIER JOUR DE CLASSE…

Monique a été 27 ans professeur principal dans un collège de ZEP. Elle est maintenant formatrice à l’IUFM. Pendant les formations d’enseignants, elle demande souvent à ses collègues : « Que faites-vous et que dites-vous à vos élèves dans la première heure du premier jour de l’année scolaire ? »

Et les professeurs reconnaissent que le plus souvent, ils veulent « prendre en mains » leur classe et affirmer leur autorité, et donc qu’ils commencent par rappeler le règlement intérieur et l’exigence absolue de le respecter sous peine de sanctions immédiates.

ÉLABORER ENSEMBLE…

Alors Monique raconte que, dans son collège peuplé d’élèves réputés difficiles, elle n’a jamais commencé par rappeler le règlement intérieur. A la première heure du premier jour de cours, elle commençait toujours à dire aux élèves : « Nous allons avoir environ 150 heures de cours au long de cette année. Nous ne nous sommes pas choisis, mais la réalité est là : nous allons vivre ensemble toutes ces heures. Que pouvons-nous faire pour nous faciliter la vie en donnant plus de qualité à la vie commune ? »

D’abord surpris, les élèves inventaient avec elle :

– « Madame, on pourrait faire des sorties ? » « Oui, répondait-elle, si vous me faites des propositions de visite qui vont dans le sens du programme. »

– « Madame, on peut apporter des jeux ? » « Non, nous ne sommes pas là pour jouer, sauf si ces jeux nous permettent d’apprendre le français, les maths … »

– « Madame, on pourra parler d’autre chose que du programme ? » « Et de quoi voudriez-vous parler ? » Les élèves cherchaient… Après quelques propositions qui n’avaient rien à voir avec l’école, l’un dit : « On pourrait parler de ce qu’on voit à la télé. » Un autre ajoutait : « On pourrait parler de ce qui ne va pas dans la classe. »

… UNE CHARTE DU « VIVRE-ENSEMBLE »

Alors, Monique répond : « Oui, il vaudrait mieux parler ensemble de ce qui ne va pas, plutôt que de laisser les choses dégénérer. D’ailleurs je vous propose qu’on consacre la fin de cette première heure de classe à écrire « la charte du vivre-ensemble » pour ces 150 heures de classe. Éliminez d’avance les phrases qui commencent par « il ne faut pas… » ; remplacez-les par une phrase sans négation qui commence par : « nous choisissons… nous décidons… ».

A la fin de ce travail, un élève dit : « Et celui qui ne respecte pas la charte, il sera sanctionné. » « Oui, répond Monique, il sera sanctionné, non pas parce que j’en ai le pouvoir comme professeur, mais parce qu’il se sera lui-même exclu de la charte du vivre ensemble dont l’application est sous la responsabilité de tous. »

Ce faisant, Monique a remis dans le bon sens ce que la peur nous fait souvent mettre sens dessus dessous, laissant place au pouvoir arbitraire ou à la démission. Devant une classe d’adolescents turbulents, la peur de perdre pied nous fait imposer les règles et agiter l’épouvantail de la sanction… alors même que nous savons que la plupart des sanctions et des exclusions n’ont pas l’effet escompté…

D’ABORD LE VIVRE ENSEMBLE, ENSUITE LA LOI QUI EN EST L’APPLICATION

Monique a remis les choses dans le bon sens, faisant le choix d’un apprentissage de la démocratie : ce qui est premier en effet dans un groupe, ce n’est pas la Loi, mais la capacité à vivre ensemble ; cela s’appelle aussi citoyenneté, intégration, lien social, cohésion… Cette capacité à vivre ensemble est une valeur structurante sur laquelle des jeunes et des adultes peuvent se motiver si les moyens leur sont donnés d’en découvrir l’intérêt… Car l’élève et le professeur – comme tout être humain – ne se motivent que s’ils perçoivent de l’intérêt. Et l’Ecole de la République est un lieu privilégié d’apprentissage du vivre ensemble et d’ancrage de ce vivre ensemble comme valeur fondamentale.

C’est en second lieu seulement que la Loi prend sens comme garante et garantie du choix que l’on a fait de vivre ensemble. La Loi toute seule n’est pas un repère, mais une alarme… et l’on sait que les jeunes aiment jouer à déclencher les signaux d’alarme ! La Loi ne devient repère qu’associée à la valeur reconnue qui la fonde.

ET ENSUITE SEULEMENT, TOUT A LA FIN, VIENT LA SANCTION

La sanction n’est pas une punition, c’est-à-dire une peine et un poids imposés sur les épaules du contrevenant ; la sanction est la conséquence d’une conduite transgressive qui met en danger le vivre ensemble du groupe comme celui qui, par son acte, s’en est exclu. La sanction dit aussi que chacun est responsable des valeurs du groupe.

PRENDRE LE POUVOIR OU FAIRE AUTORITÉ ?

Les professeurs qui écoutaient Monique en formation avaient parfois un sourire dubitatif : Monique ne serait-elle pas une douce rêveuse emportée par ses illusions, bien loin de la réalité d’une confrontation difficile avec des élèves « qui ne sont plus ce qu’ils étaient » ?

Alors Monique interrogeait les professeurs sur leur manière de se positionner dans leur classe :

  • sont-ils les détenteurs d’un pouvoir qu’il faut imposer, jusqu’à la contrainte, à des adolescents prêts à en découdre ? A ceux-là, Monique disait qu’ils alimentaient eux-mêmes le rapport de force et qu’ils risquaient d’amplifier la violence en retour de leurs élèves…
  • ou bien sont-ils des personnes dont l’autorité est reconnue par leurs élèves parce que ceux-ci se sentent respectés et responsabilisés, sans démagogie ? Et Monique ajoutait qu’en 27 ans de carrière dans des établissements reconnus « à risque », elle n’avait jamais été victime d’exactions de la part de ses élèves.

Enfin, Monique évoquait certains élèves déstructurés par une histoire chaotique et qui avaient bien du mal à reconnaître le « vivre-ensemble » comme une valeur. Elle rappelait que, sur ces élèves-là, la sanction n’avait aucun effet, sinon celui de les stigmatiser un peu plus et de renforcer leur exclusion. C’est pourquoi elle insistait sur la patience et le temps nécessaires pour leur permettre d’avoir la chance de découvrir une valeur que personne d’autre que l’école ne pouvait leur apprendre. Et Monique faisait confiance au groupe, affirmant que, dans la dynamique de groupe qu’elle instaurait, certains élèves apprenaient à leurs copains ce que le professeur ne pouvait pas leur apprendre…

Marc THOMAS – Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
avec l’accord de Monique
septembre 2004

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Devenir humain

Dev-Hum-Couverture1Tous les jours,
accueillir, offrir
la grâce d’un sourire,
la confiance d’une main tendue,
l’appel d’une parole,
le don d’une présence,
la force tendre d’une étreinte,
la nouveauté d’une rencontre…
et tous les jours devenir humain…

Tous les jours,
choisir de gagner la paix
au cœur même des conflits
où vérité et justice sont en cause.
Oser pleurer parfois
de la souffrance qui nous étreint,
de la misère de l’autre,
de l’insensé du monde,
et tous les jours devenir humain…

Tous les jours,
oser traverser nos larmes
jusqu’à irriguer nos sols trop secs
et les terrains pierreux du monde.
Vouloir y croire, envers et contre tout,
et savoir deviner les premiers signes
de toute relèvement.
Et tous les jours redevenir humain.

Tous les jours,
risquer l’aventure d’être soi-même,
être fragile et passionné,
jardinier de la vie en nous ensemencée,
un, unique, parmi d’autres et avec eux,
risquer l’aventure de la rencontre,
êtres manquants et solidaires,
jardiniers de la vie
les uns par les autres fécondée,
tendus vers l’accomplissement
de tous et de chacun,
Et tous les jours, ensemble, créer de l’Homme.

Marc THOMAS, Consultant en Compétences relationnelles
1995

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Comment enseigner pour que l’élève puisse apprendre

La présentation de la pédagogie proposée par Carl ROGERS (1902-1987)

Le texte suivant est tiré de Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXIV, n° 3/4, 1994 (91/92), p. 429-442.
©UNESCO : Bureau international d’éducation, 2000

Ce document peut être reproduit librement, à condition d’en mentionner la source.

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