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Quand nos affects nous empoisonnent…

Dans des relations de couple, en famille, dans les équipes de travail, les « affects » sont souvent des occasions de tensions relationnelles et de souffrance : « s’il regarde une autre femme que moi, je suis jalouse… Si ma femme ou mon mari rentre en retard, c’est qu’il ne fait pas attention à moi… Si mes enfants adultes n’ont pas les mêmes avis que moi, c’est qu’ils ne me respectent pas… Si mon chef ou mon collègue ne m’a pas transmis une information, c’est qu’il ne m’aime pas et qu’il veut m’éliminer… »…

Ces « affects » ne sont pas des ressentis, mais des ressentiments, c’est-à-dire des réactions émotionnelles qui interprètent et jugent un comportement de l’autre à partir de ce que ça me fait, et non à partir de ce que l’autre a réellement voulu faire. Ce sont des « ressentis-ment », des ressentis qui « mentent » : quelle que soit l’intention de l’autre et sans m’en préoccuper, je le juge parce que moi j’ai mal.

Ces affects-ressentiments sont du poison relationnel : ils détruisent à petit feu les relations interpersonnelles, les vies de couples, les coopérations d’équipe et leur efficacité, et finalement la motivation et la santé des personnes. Dans les contextes professionnels où ces affects négatifs pullulent, les congés maladie augmentent de façon significative, et la démotivation grandissante se traduit en inefficacité.

Un Directeur de CCAS disait récemment avoir organisé une formation à la Communication bienveillante et à l’affirmation de soi pour son équipe de professionnels. Résultats : 20% de congés maladie en moins, une plus grande motivation de ses personnels, une qualité et une efficacité du travail amélioré, et le plaisir à venir au travail en raison de la bonne ambiance dans l’équipe. Pourquoi se priver de cela en restant dans les récriminations ?

Ce travail sur la confiance en soi coupe le cercle vicieux des affects, en nous  permettant de prendre en compte mes ressentis et ce qu’ils disent de moi et non de l’autre !

La communication peut alors redevenir bienveillante, c’est-à-dire sereine et constructive, même en situation de désaccord. Parce que je distingue ce que je ressens et qui ne parle que de moi, et ce que l’autre fait : je peux alors écouter ce qu’il dit de lui et de ses actes, et je peux lui dire ce que ça me fait, sans confusion. Ainsi s’ouvre un espace de dialogue et de négociation où chacun se respecte lui-même et respecte l’autre.

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
mars 2017

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Des rencontres sincères et vivifiantes

Nous nous plaignons souvent des difficultés relationnelles… Je vous propose ici de chercher ou de nommer les rencontres sincères ou vivifiantes, celles où nous sommes pleinement nous-mêmes quand nous partageons avec l’autre.

Une fois n’est pas coutume, j’utilise quelques citations. Ne vous contentez pas d’admirer les textes, mais cherchez quels noms d’amis vous pouvez mettre à côté de chacune de ces phrases. Demandez-vous aussi si vos amis pourraient mettre votre nom à côté de l’une ou l’autre de ces phrases… Résistez au dénigrement de vous-mêmes ou de vos amis qui vous ferait dire : « c’est trop beau pour moi » ! Et si vous ne trouvez pas de noms à mettre à côté de ces phrases, mettez-vous en quête : il y a autour de chacune et chacun de nous des amis potentiels, et des relations à construire, sincères et vivifiantes…

« L’intimité, c’est de pouvoir déposer des rêves et des projets dans les possibles de l’autre,traverses-meme-faisceau-lumiere-209x300 avec l’espoir d’en réaliser quelques-uns ensemble. »
« La véritable intimité est celle qui permet de rêver ensemble avec des rêves différents. » (Jacques Salomé)

« Entre le plus possible dans l’âme de celui qui te parle. » (Marc Aurèle)

« Tu sais ce que c’est la tendresse ?
C’est toucher avec respect l’âme de l’autre. » (Facebook)

« D’âme à âme… » (P.L.)

« Traversés du même faisceau de lumière… » (M.T.)

« J’observe que les gens qui sortent transformés sont souvent étonnés de cette évolution,  que tu peux amener des individus et un groupe très loin dans leur intérieur. C’est vraiment beau ce que tu tricotes avec les fils de vie. (…)
Tu as une capacité rare, qui se perd de nos jours, celle de propulser les autres vers le haut, et ce sans forcément chercher ton intérêt. (…) Tu as la capacité de percevoir le potentiel chez l’autre et de l’aider à le développer… Tu as les mots, une sorte de sagesse… » (D.P.)

« Il y a des gens avec qui l’on passe une grande partie de sa vie et qui ne vous apportent rien. Qui ne vous éclairent pas, ne vous nourrissent pas, ne vous donnent pas d’élan. Encore heureux quand ils ne vous détruisent pas à petit feu en se suspendant à vos basques et en vous suçant le sang.
Et puis…
Il y a ceux que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi heure, et changent le cours de votre vie.
Vous n’attendiez rien d’eux, vous les connaissiez à peine, vous vous êtes rendu léger, légère, au rendez-vous et pourtant, quand vous les quittez, ces gens étonnants, vous découvrez qu’ils ont ouvert une porte en vous, déclenché un parachute, initié ce merveilleux mouvement qu’est le désir, mouvement qui va vous emporter bien au-delà de vous même et vous étonner. Vous ne serez plus jamais vermicelle, vous danserez sur le trottoir en faisant des étincelles et vos bras toucheront le ciel… »
(© Katherine Pancol – Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi. Albin Michel. 2010)

Chacun de nous peut vivre de telles rencontres et construire de telles relations…
A condition…
de renoncer à perdre notre énergie dans les lamentations et le dénigrement…

de choisir ou d’accueillir ceux ou celles qui ne manqueront pas de se présenter…

L’exigence de la sincérité, du respect, de la confiance… réciproques et partagés !
Jusqu’au jour où nous pouvons dire :
« Nous ne nous sommes pas rencontrés par hasard » (P.L.)

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
octobre 2016

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N’aie pas peur d’avoir peur… de la relation

LA PEUR DE LA RELATION…

Dans ces situations où je me compare à l’autre et où je ne me sens pas à la hauteur… Ou quand j’ai peur de blesser l’autre ou de le décevoir… Et encore quand je rumine les reproches et jugements qui m’ont fait si mal… Dans ces situations aussi de compétition permanente… Quand l’un de nous veut prendre le pouvoir ou avoir raison… Quand je me soumets au désir ou au besoin de l’autre parce que j’ai peur d’être abandonné ou rejeté…

Les situations que je viens d’évoquer ne méritent pas le nom de « relations ». Elles sont des liens qui ligotent, des enfermements qui asphyxient, des poisons qui détruisent. Si tu n’es pas toi-même, tu n’es plus dans la relation mais dans la soumission ou la domination.

Qui dit relation dit autonomie dans l’échange, liberté de choix, partage dans le respect… Pour créer ce genre relation ou chacun peut être lui-même et s’enrichir de l’autre, deux pistes incontournables :

D’abord oser être soi-même, comme décrit dans la partie sur la peur de soi. En cas de tension ou de conflit dans une relation, cesser de parler de l’autre, quitter le registre des reproches et des jugements. Parler de moi, non pas pour dire que j’ai raison et qu’il a tort, mais pour dire ce que je vois, ce que je ressens, ce dont j’ai besoin, ce que je demande, ce que je propose, ce que je refuse… Cela me permet d’exister dans la relation sans nier l’autre ni l’accuser.

Ensuite me protéger des reproches et des jugements de l’autre, et de son agressivité. Apprendre à s’en protéger en découvrant que les reproches et les jugements qu’il m’adresse ne parlent que de lui, de son mécontentement, de son stress, de ses insatisfactions. Apprendre que la colère peut être justifiée, mais qu’elle parle d’abord de celui qui est en colère, de ce qu’il ne supporte pas ou n’accepte pas… Chercher derrière les reproches que l’autre m’adresse, non pas d’abord ce que j’ai fait, mais d’abord en quoi lui est blessé et qu’est-ce que ça dit de lui… Sans agressivité et sans je me justifier, libéré de la peur, je ne me sentirai plus enfermé par ses jugements… car moi seul sait qui je suis et ce que je peux offrir à l’autre dans le cadre d’une relation de liberté et de respect…

N’aie pas peur de ta peur !
Cherche derrière ta peur le désir d’être toi-même et les chemins de la liberté.

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
2 avril 2016

Écrire à l’auteur : mthomas@competences-relationnelles.com

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Renoncer aux reproches et aux jugements

Dev-Hum-Couverture1Les reproches et les jugements pourrissent bien des relations. Les couples, les familles, les équipes de travail en savent quelque chose !

Souvent en situation de tension, chacun parle de l’autre pour le juger ou lui faire des reproches, ou pour le convaincre qu’il se trompe : ceci ne fait qu’amplifier la tension. Parfois, pour éviter les conséquences désastreuses de ces reproches et de ces jugements, nous préférons nous taire, accepter, nous soumettre… mais à quel prix ! Car le silence nous enferme dans les rancœurs et les blessures et détruit la relation à petit feu.

Il est pourtant simple de sortir des reproches et des jugements, à condition d’accepter de se rééduquer en s’entraînant à utiliser des outils relationnels accessibles à tous. Ils permettent de dénoncer les actes sans juger les personnes, de sortir du silence pour nous exprimer sincèrement, sans peur ni agressivité.

Le premier « outil » relationnel consiste à distinguer l’acte et la personne, dans deux directions :

  • porter mon regard vers l’autre: habituellement, je juge la personne… à cause ce qu’elle a fait ; je vais maintenant renoncer à juger la personne, mais pouvoir parler de qu’elle a fait : « tu ne fais jamais attention à moi » devient : « quand es rentré dans le bureau, tu ne m’as pas dit bonjour, et cela arrive souvent ». Ou encore : « tu es nul… » devient : « ton devoir vaut zéro car tu as fait 10 fautes ; pourtant je sais que tu es capable de faire mieux ».
  • porter mon regard vers moi pour distinguer les faits et ce que ça me fait; en effet, le reproche ou le jugement que j’adresse à l’autre ne vient pas d’abord de l’acte qu’il a posé, mais de son impact sur moi : selon les moments, les personnes et les circonstances, la même insulte peut me faire rire ou me blesser. L’acte ou l’insulte n’est que le déclencheur, ma réaction exprime la manière dont je le reçois : je peux réussir à me protéger en laissant à l’autre la responsabilité de ses actes et de ses paroles ; ou je les laisse entrer en moi et les prends pour moi… Ma réaction qui s’adresse à l’autre en terme de reproche ou de jugement ne parle que de moi, de mon ressenti, de ma blessure. Pour mettre en œuvre cet outil, je peux me retirer momentanément de la relation pour écouter ce que ça me fait sur le moment, ce que ça fait résonner en moi de vieilles blessures, et pour en prendre soin sans le projeter sur l’autre.

Le deuxième « outil » relationnel est la conséquence directe du précédent : il s’agit de renoncer à parler de l’autre pour parler des faits et pour oser parler de soi. Quitter les reproches et les jugements, c’est renoncer au « tu » qui accuse et qui juge l’autre pour choisir le « je » qui exprime ce que je vis. Par exemple, « tu m’as blessé » devient : « quand tu as dit ceci…, j’ai été blessé parce que cela a touché quelque chose de très sensible en moi » ; ou encore : « tu ne m’écoutes jamais » devient : « j’ai quelque chose à te dire, ça fait plusieurs fois que j’essaye de te parler mais je n’y arrive pas (ou éventuellement : je ne te sens pas disponible) et cela me perturbe ».

Cette invitation à parler de soi peut nous faire hésiter et faire réagir le partenaire : est-ce judicieux de se mettre en avant ? de parler de soi comme si on était le centre du monde ? de s’imposer à l’autre comme si nous possédions la vérité ? Or il ne s’agit pas du tout de cela. Parler en « je » n’a pas pour but de m’imposer à l’autre, mais d’exister dans la relation : non pas imposer un « moi je » qui voudrait avoir raison et qui mépriserait l’autre, mais sortir du silence ou du reproche pour exprimer ce que je vis, ce que je ressens, ce que j’attends… Il s’agit d’oser parler pour m’affirmer comme sujet et acteur et d’inviter l’autre à en faire autant. Comment s’y prendre pour parler de soi sans apparaître prétentieux ?

C’est ici qu’intervient le quatrième « outil » relationnel : il consiste à utiliser les quatre étapes d’une communication garantie sans violence (et donc sans reproche ni jugement), telle que l’a présentée Marshall Rosenberg : chacun peut énoncer sa perception des faits, dire ce que ça lui fait, exprimer ce dont il a besoin, et enfin négocier avec l’autre les diverses manières de satisfaire ces besoins. Par exemple : « quand tu as dit que j’étais nul, je me suis senti blessé, parce que j’avais besoin d’être soutenu-reconnu-valorisé…, et je te demande de me signaler mes erreurs sans me juger ni me rabaisser… Et toi, peux-tu me dire comment tu as vécu cette situation ? »

Dans ce type de langage, les erreurs peuvent être dénoncées de façon objective, mais il n’y a plus de place pour les reproches et les jugements subjectifs, car chacun peut parler à partir de ses ressentis et de ses besoins et écouter ceux de l’autre.

Voulez-vous essayer ? Prenez le temps de vous entraîner à utiliser chacun de ces outils. Essayez d’abord dans des situations pas trop difficiles et observez ce qui se passe dans la relation quand vous réussissez à remplacer les jugements par l’expression de vos ressentis et de vos besoins : vous allez rapidement vous sentir mieux, voir se développer une plus grande confiance en vous et même faire baisser la tension dans la relation. Observez aussi vos réactions quand l’autre vous juge ou vous reproche : grâce à ces « outils », vous allez découvrir que vous ne cherchez plus à vous défendre comme avant ; en effet, vous êtes moins touché car vous laissez à l’autre la responsabilité de ses reproches et de ses jugements qui ne parlent que de lui et de ses ressentis.

Une vie nouvelle s’offre à vous,
libérée et assainie de tout reproche, de tout jugement :
vous pouvez enfin être vous-même au milieu des autres !

Marc THOMAS, Consultant Formateur en Compétences relationnelles,
20 février 2016

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Pouvoir changer et prendre soin de soi

Couverture2Une personne m’écrivait ceci il y a quelque temps :
« Je sais que mon seuil de tolérance est trop haut.. et que j’accepte des choses que je ne devrais pas accepter, dans le sens où en les acceptant, je ne me respecte pas, et je ne respecte pas mes besoins.. 

Il y a surement beaucoup de raisons à cela : une éducation où la gentillesse et la générosité priment (mes parents et mes frères et sœurs sont comme cela aussi… ils ont du mal à dire non…), une faible estime de soi… un manque d’affirmation de soi… un besoin d’être aimé… regardé… une sensibilité et une empathie trop élevées… »

En plein travail sur elle-même, et à la suite d’une séparation douloureuse mais libératrice, elle écrit :

« Ce que je parviens à faire en ce moment, c’est de prendre soin de moi.. d’écouter mes besoins… et d’y répondre… Je deviens ma priorité (et non plus d’abord les autres)… Je m’occupe de moi… Je fais des choses qui me font du bien…

J’essaye aussi d’écouter mes ressentis, de les laisser s’exprimer sans y mettre de barrières et donc de comprendre le message dont ils sont porteurs.

Je diffère aussi beaucoup les demandes des autres.. et réussis à ne pas toujours y répondre (sans m’excuser !!).

Tous ces petits « exercices quotidiens » m’aident beaucoup et me font du bien… Je me rends compte aussi finalement que la réaction de l’autre quand je refuse ne m’atteint pas…

Par exemple, un ami m’avait invité au restaurant la semaine dernière avec un groupe d’amis à lui ; j’ai refusé car j’étais épuisée de ma semaine de travail : mon besoin à ce moment là était du repos++. Je n’aurais pas profité de la soirée vu mon état de fatigue. Cet ami a mal pris mon refus (forcément, j’ai l’habitude de lui dire oui tout le temps !). Depuis, plus de nouvelles… Je me dis : tant pis pour lui… S’il m’apprécie vraiment, il reviendra vers moi…

Réussir à m’affirmer et à me faire respecter provoque en moi des sentiments positifs. Je me sens bien après avoir réussi à faire respecter mes besoins. Et je me rends compte que plus je le fais, plus cela devient facile et « naturel » de le faire… Je ne culpabilise plus !

En me comportant ainsi, je fais également du « tri » autour de moi. Je me rends compte des personnes qui m’apprécient vraiment et sur qui je peux compter… et de celles qui finalement n’étaient près de moi que par intérêt…

Du coup, je renforce aussi les liens avec les gens que j’apprécie… »

Ce que vit cette personne est à la portée de chacun de nous, quand nous osons écouter ce qui crie à l’intérieur de nous, quand nous osons accueillir nos ressentis, y découvrir nos besoins vitaux et les prendre au sérieux ! Merci à toi qui as vécu cela et qui me l’a écrit de nous en donner la preuve !

Marc THOMAS, consultant formateur en « Compétences relationnelles »
4 septembre 2015 – avec l’accord de la personne citée

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Ressentir pour penser

Dev-Hum-Couverture1Nous avons appris à penser, à comprendre, à analyser… bref à développer notre intelligence « intellectuelle »… Mais nous avons peu appris à ressentir, à écouter nos colères ou nos désespoirs, à les accueillir, les apprivoiser et les canaliser…  bref à développer notre intelligence « émotionnelle »… Nos émotions ont souvent été suspectées de faiblesse : il fallait les faire taire et les « ravaler » jusqu’à la nausée…

Ne nous étonnons donc pas que ces émotions refoulées viennent parfois tout bouleverser, et suscitent tant de dégâts en nous et autour de nous : vagues qui nous submergent dans nos vies personnelles ; conduites agressives en famille ou au travail ; colères sociales qui enferment dans le « chacun pour soi » ; violences qui terrorisent quand on se croit humilié ou rejeté…

Il est de moments rares où l’émotion rassemble, plus forte que le « chacun pour soi », que l’opposition des opinions ou la peur de l’autre. Cette émotion qui rassemble n’est certes pas sans ambiguïté… Elle a aussi besoin d’être traitée pour se transformer en pratique quotidienne de l’union dans le respect de la diversité.

Mais seule l’émotion peut rassembler. Elle rassemble des personnes, si différentes parfois, dans la même joie pour la naissance d’un enfant, pour fêter les amoureux ou une réussite professionnelle… dans la même peine pour la mort d’un proche, dans la même stupeur face à la violence de la nature ou des évènements… Les humains sont très différents, mais leur ressentis se ressemblent. Pour penser juste, un humain a d’abord besoin de ressentir, d’être « sensibilisé », de se « sentir » concerné. Lorsque la pensée se sépare de l’émotion, elle devient « doctrinaire » et fondamentaliste. Lorsque l’émotion se sépare de la pensée, elle déborde jusqu’à l’agressivité et à la violence.

On peut combattre des opinions (par exemple le racisme), on peut débattre vigoureusement sur des idées différentes (par exemple les débats politiques). Mais ce débat d’idées tourne aussi très vite à l’affrontement idéologique, chacun cherchant à prouver qu’il a raison, et que l’autre a tort, parfois jusqu’à l’écrasement.

Au contraire, lorsque l’émotion est exprimée, accueillie et respectée, elle nous rapproche et nous identifie à l’autre : « condoléances » (au sens propre de souffrir avec, souffrir de la souffrance de l’autre), ou encore « Je suis… ». Les besoins de chacun sont reconnus par les autres et la recherche de leur satisfaction dépasse le « chacun pour soi » pour devenir solidaire.

Mais tout ce que je viens d’écrire peut rester des belles paroles et des théories figées… si nous ne l’exerçons pas au quotidien. Je vous propose donc un exercice pratique : quittez les discours qui justifient le positionnement que vous avez pris pendant les évènements de début janvier en France. Quittez ces débats tendus qui voudraient convaincre l’autre que vous aviez raison d’être ou de ne pas être Charlie…

A la place de ces débats stériles, faites le choix d’échanger avec respect sur ce que chacun de vous a ressenti dans ces moments là : qu’est-ce qui vous a choqués ? qu’est-ce qui vous a fait mal ? qu’est-ce qui vous a réjouis ?

Nous avons tous été choqués, mais ce ne sont pas les mêmes choses qui nous ont choqués. Nous avons tous « communié » dans la souffrance, beaucoup ont marché ensemble… mais nous n’avons pas souffert de la même chose ni marché pour les mêmes raisons. Nous nous sommes réjouis peut-être, mais pas forcément pour les mêmes motifs. Ces échanges donneront la parole à chacun, à l’unique condition d’accueillir les ressentis de l’autre sans les juger.

Nos chocs exprimés et accueillis sans jugements deviendront moins lourds  et pourront se transformer en motivation pour agir. Nos oppositions se transformeront en ressources et en complémentarités. Une intelligence émotionnelle nous permettra de penser et d’agir plus juste… et de rester ensemble.

Marc THOMAS, Consultant formateur en « Compétences relationnelles »
janvier 2015

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Attention à nos interprétations !

Couverture2Je devais arriver chez une proche que je vois une fois par an et avec qui les relations sont parfois difficiles. Comme convenu entre nous, je lui téléphone pour annoncer mon arrivée vers 16h. Elle me répond : « Nous allons à la plage à 16h. Si on n’est pas là, tu trouveras la clef à tel endroit. » Je ne dis rien, mais je rumine : « Ca fait un an qu’on ne s’est pas vu, et elle ne peut même pas changer son programme de loisirs pour être là pour m’accueillir. » Il s’en suit toute une liste de pensées négatives qui réactivent les souvenirs de relations tendues avec elle : une fois de plus, je ne compte pas à ses yeux… Elle ne pense qu’à elle…

J’ai fini par arriver. Elle n’était pas allée à la plage car il pleuvait ! Le lendemain, son fils et ses petits enfants s’annoncent pour 17h après toute une journée de route. Ses petits enfants sont tout pour elle. Et je l’entends répondre à son fils au téléphone : « D’accord mais on va à la plage à 16h, vous trouverez la clef à tel endroit… ou bien rejoignez-nous à la plage. » Je suis surpris : elle agit avec ses petits enfants qu’elle adore comme avec moi !

Première découverte : je me suis trompé hier en interprétant son absence comme un rejet de moi. C’est seulement sa manière à elle de vivre et de gérer ses priorités.

Vers 16h15, nous sommes en route pour la plage et son fils appelle à nouveau : « nous serons là dans une demi-heure. » Elle répond : « on va à la plage, rejoignez-nous ! » Dans ma logique à moi, je lui dis : « Si ton fils et tes petits-enfants arrivent, on peut rentrer à la maison pour les accueillir ». Elle me répond : « Non, il connaissent la maison et ils peuvent nous rejoindre à la plage ».

Deuxième découverte : sa manière d’accueillir n’est pas la même que la mienne. J’aurais changé mon programme pour accueillir ceux qui arrivaient chez moi. Elle invite ceux qui arrivent à la rejoindre pour partager ce qu’elle est en train de vivre. Nous sommes différents, nous n’avons pas les même priorités.

Je continue à avoir du mal à comprendre qu’on ne change pas son programme, quand c’est possible, pour accueillir ceux qui arrivent. Mais au nom de quoi pourrais-je la juger ? Moi, je lâche mes activités pour accueillir l’autre et je n’ai pas envie de changer cela. Elle invite l’autre à la rejoindre dans ses priorités et, signe de confiance, laisse l’autre ouvrir sa maison et s’installer chez elle-même en son absence. Qui a tort ? Qui a raison ? Personne ! Chacun de nous vit à sa manière le lien entre ses priorités et ses relations.

Dans cette situation simple de vacances et de tensions relationnelles, j’ai beaucoup appris à vivre dans le quotidien ce que je transmets en formation : nos interprétations parlent d’abord de nous et du sens que nous donnons aux comportements. Malheureusement, nous nous servons de ces interprétations qui parlent de nous pour juger les autres, sans même chercher le sens qu’eux-mêmes donnent aux actes qu’ils posent !

La prochaine fois que tu vis une tension relationnelle, au lieu de partir d’emblée à juger l’autre, demande-toi d’abord : comment j’interprète cette situation ? Qu’est-ce que ça dit de moi, de mes priorités, du sens que je donne à mes actions ? Et ensuite seulement essaye de constater et de comprendre – et pas de juger – comment l’autre fonctionne et quel sens il donne à ses comportements. Tu constateras des différences. Il pourra y avoir des désaccords. Mais plus de jugements ni de rumination qui ne sont que de l’autodestruction !                   

Marc THOMAS, Consultant-Formateur en « Compétences relationnelles »
août 2014

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Sortir des reproches pour entrer en dialogue

Couverture2Nous traversons tous des périodes de tensions interpersonnelles. Parfois nous y sommes enfermés. Nous passons alors notre temps à faire des reproches à l’autre, à parler de lui en l’accusant et en le jugeant. Que d’agressivité et de violences morales ou physiques en découlent !

Il suffirait que chacun parle de lui-même pour sortir de la spirale infernale qui conduit à la dénonciation et au jugement.

« Tu m’as blessé » pourrait devenir : « Quand tu dis cela, je suis blessé. »

« Tu racontes n’importe quoi » pourrait devenir : « Je ne suis pas d’accord avec toi. »

« Tu ne m’écoutes jamais » se dirait : « J’ai besoin de te parler, peux-tu de m’écouter ? ».« Tu te moques de moi » deviendrait : « Je ne me sens pas respecté. »

Continuez la liste… Entraînez-vous à « parler en Je »… et constatez les effets :

D’abord vous vous êtes respecté vous-même : vous avez pu parler de vous, de vos constats, de vos ressentis et de vos besoins, et exprimer vos demandes et propositions.

En même temps, vous avez quitté le terrain de l’agressivité en ne parlant plus de l’autre sous forme de reproches et de jugements. Du coup, il y a davantage de chances qu’il ne vous retourne pas cette agressivité… D’abord surpris par votre changement de posture, il peut être davantage prêt à reprendre un dialogue apaisé.

De plus, vous avez commencé à traiter le problème : vous avez pu distinguer l’impact sur vous de la situation : votre perception, vos ressentis, vos limites, vos refus… Et vous êtes davantage prêt à entendre quelle était l’intention de l’autre : voulait-il vraiment vous blesser ? ou ses paroles ont-elles fait résonner en vous des douleurs mille fois ressassées ? Et même si l’autre était vraiment agressif, le fait d’avoir pu exprimer votre ressenti et vos limites vous permet de vous sentir davantage protégé : vous allez découvrir que son agressivité ne parle que de lui et de son mal-être.

On m’a appris jadis que dire « Moi, je… », ce n’est pas bien. C’est exact quand le « Moi je suis le meilleur », par exemple, sous-entend que les autres sont moins bons que moi. « Parler en Je », c’est distinguer dans la relation ce qui vient de moi et ce qui vient de l’autre ; c’est permettre à chacun d’exister et d’exprimer ce qui le traverse, sans projeter sur l’autre des intentions qui ne parlent finalement que de mes interprétations. C’est parce que je peux parler de moi-même et de la manière dont je vis la relation que je suis prêt à écouter l’autre parler de lui-même et de la manière différente dont il vit la relation. Tous les reproches et les jugements sont évacués et les différences peuvent s’exprimer et être entendues.

« Le tu tue » disait le psychologue Gordon. Les « Je » partagés suscitent le respect de chacun et permettent à la relation de se construire dans la sérénité et la complémentarité.               

Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
Juin 2014

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Compétences relationnelles

Pouvoir être soi-même au milieu des autres…
S’exprimer librement dans toutes les relations familiales, sociales, professionnelles…
Se sentir ajusté à soi-même et aux autres…
Traiter les conflits en exprimant ce que je ressens et en accueillant l’autre …
Renoncer à faire de mes interprétations des vérités ou des jugements sur l’autre…
Choisir le débat quand les perceptions ou les valeurs sont antagonistes…

Voici quelques-unes des expressions qui définissent le mieux
ce que je veux dire quand je parle de « compétences relationnelles »

Nous naissons tous avec un potentiel de compétences relationnelles.
Son développement dépend de notre éducation,
des contextes dans lesquels nous vivons, de nos choix de vie…
Quand des situations difficiles ont altéré ces compétences relationnelles innées,
quand les contextes familiaux, sociaux ou professionnels ont un climat relationnel vicié,
il est toujours possible de prendre les moyens de les développer ou de les restaurer.

 A tout âge. En toutes circonstances.

PDF1Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
Juillet 2009

Communiquer dans le couple

Couverture2JULIE et PAUL

Non-dits

Ca fait plusieurs jours que Paul rentre du travail plus tard que prévu, sans explication à Julie. Pourtant il savait qu’elle était en vacances et attendait son retour avec impatience. La suspicion s’insinue dans l’esprit de Julie : « Puisqu’il ne me dit rien, il a sûrement quelque chose à me cacher… Serait-ce cette collaboratrice rencontrée récemment dans une soirée ? » Quand Paul rentre, Julie reste à distance, avec une froideur que Paul ne lui connaissait pas. Il s’inquiète de savoir si quelque chose ne va pas, et il se dit que ça doit être encore les histoires avec sa mère qui la turlupinent !

Interprétations et jugements

Des petits faits tout simples du quotidien… et chacun reste sur son interprétation et sur les tensions et jugements qu’elle engendre. Mais pourquoi n’arrivent-ils pas à s’en parler ? Simplement parce qu’ils savent que dans ces situations, toute parole peut dégénérer en altercation blessante ou chacun accuse l’autre : « Tu ne penses même pas que je suis en vacances. D’ailleurs, si tu restes si longtemps au bureau, c’est bien qu’il y a là-bas plus intéressant que moi… » Et Paul de rétorquer : « N’importe quoi ! Quelle mouche t’a piquée ? C’est encore ta mère qui t’a mis la tête à l’envers ? »

Centré sur soi… centré sur l’autre…

Si ces paroles sont blessantes, c’est parce que chacun reste centré sur soi et interprète les faits à partir de sa propre souffrance. Conséquence : l’autre est jugé et condamné avant même de savoir ce qui s’est réellement passé. Pourtant, même dans les instances de justice, il n’y a jamais de jugement tant que « l’accusé » n’a pas eu la parole pour rendre compte de ses actes.

Pour vivre un amour sans violence, il suffisait pourtant d’une chose toute simple : suspendre toute accusation de l’autre à partir de mon interprétation, parler de ce que je vis et solliciter son explication à partir de ce qu’il vit : « Qu’est-ce qui se passe ? Explique-moi, je ne comprends pas »… Il s’agit pour Julie de pouvoir dire ce qu’elle ressent, tout en se centrant sur Paul : il n’y a que lui qui sait ce qu’il fait et pourquoi il le fait.

Julie aurait pu dire : « Je suis en vacances et j’attends ton retour avec impatience (elle parle d’elle), et toi tu restes plus longtemps au bureau (c’est un constat). » Et Paul aurait pu répondre : « Je vois que tu es inquiète (je t’ai entendue). Je ne peux rien te dire pour l’instant… Mais bientôt tu sauras et tu seras heureusement surprise ! ».

Parler en « je »

S’aimer sans violence, ça commence par suspendre toute interprétation et les jugements qu’elle entraîne pour laisser à l’autre la possibilité d’expliquer son propre comportement. Au lieu d’accuser l’autre en un « tu » qui « tue », parler de soi et laisser l’autre parler de lui, en un « je » qui assume la responsabilité de ses actes.

Transformer la peur en désir

S’ils avaient pu se dire cela, Julie aurait vu sa crainte se transformer en attente – et donc en désir – de la surprise que son compagnon préparait. Et Paul serait passé de l’acrimonie envers sa belle-mère à l’attention envers sa compagne. Du coup, peut-être Paul aurait pu tenir compte plus facilement de son impatience, il serait rentré plus tôt le lendemain… et aurait pu lui dire qu’il était resté au bureau après les heures de travail pour chercher sur Internet… et qu’il avait enfin trouvé… le voyage dont elle rêvait depuis longtemps !


CLAIRE et FRANÇOIS

Souffrance

Bertrand et Claire sont un couple aux personnalités différentes, mais très unis ; Il sont les heureux parents de quatre enfants. Jusqu’à la leucémie qui emporte leur fille de 8 ans en quelques mois. Ils font face avec courage pendant la maladie et au moment du décès, entourés par leur famille et leurs amis.

Tension

Mais le temps du deuil les éloigne l’un de l’autre et les disloque : François est un homme sensible ; il tente de cacher sa peine en se réfugiant dans le silence. Claire est une femme chaleureuse : elle tente d’assumer sa peine en s’engageant dans des activités sociales et éducatives multiples ; mais des soucis de santé viendront vite la freiner. Ils vivent la même peine, mais de façon tellement différente que la communication devient impossible : chacun s’enferme dans sa stratégie de survie. Tout en vivant côte à côte, ils s’éloignent l’un de l’autre.

Un ami de passage emmène leurs enfants pour une soirée de loisirs et leur lance : « Profitez-en donc pour vous retrouver tous les deux ! »

Oser se dire, à soi-même et à l’autre

Ce soir-là, au restaurant, ils ont pu se retrouver… Ils ont pu reconnaître ensemble la violence subie (la perte de leur fille), mais aussi la violence agie (leur éloignement progressif).

Ils ont pu se dire ce que leurs ressentis manifestent : à la fois leurs peurs et leurs besoins.

François avait peur de pleurer et de paraître faible, donc il se taisait. Claire avait peur de ne pas faire face, donc elle s’activait.

Ils ont pu accepter la différence de la stratégie de survie de l’autre, et consentir à la différence de leurs besoins : François avait besoin de silence et d’intérioriser, Claire avait besoin d’action et d’extérioriser.

Quand la peur et les besoins nourrissent l’amour

En disant ses peurs et ses besoins, François a découvert que ses larmes pouvaient être reçues par son épouse, non comme une faiblesse, mais comme une souffrance d’amour. Et cette transformation l’a fait sortir de son mutisme.

En disant ses peurs et ses besoins, Claire a découvert que ses activités n’étaient pas seulement générosité, mais fuite, et qu’elle pouvait se retrouver elle-même dans son être plutôt que dans le faire. Depuis ce temps, elle a contrôlé sa maladie et stoppé son évolution !

Ce qui fait violence à l’amour, c’est l’incapacité dans laquelle nous nous trouvons de dire à l’autre nos peurs et nos besoins. Parce que nous n’osons pas, parce que nous avons honte d’avoir peur, parce que nous ne voulons pas blesser l’autre. Mais ce silence fait mourir à petit feu.

Inexprimés et « ravalés », nos peurs et nos besoins deviennent agressivité ou soumission ; il nous enferment ou nous conduisent à la violence.

Exprimés et pris en compte dans la réciprocité, nos peurs et nos besoins se transforment et nous transforment. Et même les blessures, qui restent injustifiables, peuvent devenir des ressources de fécondité pour un amour sans violence.

Marc THOMAS, Consultant Formateur en « Compétences relationnelles »
juin 2009

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